

Un an après le début du premier confinement en France, les économistes peuvent faire un premier bilan. Le répertoire d’outils utilisés depuis le début de la crise est-il cohérent ? Ne revenons-nous pas aux pratiques d’avant-crise ?
- Benjamin Coriat Économiste, professeur émérite de sciences économiques à l’Université Paris XIII et membre du CA du collectif des Économistes Atterrés
- Carine Milcent économiste, professeure à l’Ecole d’économie de Paris
- Agnès Bénassy-Quéré Chef économiste de la direction générale du Trésor
Il y a un an, le 14 mars 2020, les rues se vidaient. La France expérimentait le confinement, la fermeture des lieux non indispensables à la vie du pays : le choc était inédit, inattendu. La discipline économique, parmi d’autres, a tenté de rationaliser l’événement, de mobiliser ses outils pour parer le choc et d’en inventer pour nous sortir de la crise.
Les mesures prises avaient déjà été utilisées dans le passé, donc on peut reprocher d’avoir utilisé le monde d’hier pour contrôler la situation pour le monde de demain. Malgré tout, il ne faut pas oublier l’immense pas en avant et modification qu’a constitué le télétravail. On ne s’est cependant pas encore posé toutes les questions sur les impacts que ça aurait sur le monde de demain. – Carine Milcent
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La science économique connaissait déjà les sujets de l’économie de la santé, avait déjà expérimenté de nombreux chocs exogènes, avait développé de nombreux outils qu’on aurait pu penser efficaces face au choc sanitaire. Tirant des leçons de la crise de 2008, l’État français a utilisé les mêmes outils que ses voisins, et a même pris en charge le chômage et l’activité partiels de façon beaucoup plus importante que d’autres pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages, comme le fonds de solidarité ou le chômage partiel, ont été mises en place par le gouvernement français.
Ce qui nous a beaucoup inspiré pour la solution du chômage partiel, c’est l’exemple de l’Allemagne, où c’était déjà une mesure traditionnelle qui lui avait permis de passer des crises de manière moins douloureuse. Au niveau où on l’a pratiquée en France, en revanche, c’est une nouveauté absolue, pour nous comme pour des pays comparables aux nôtres. Cela a été une excellente mesure. – Benjamin Coriat
La stratégie a été claire, comme dans les autres pays : protéger l’appareil productif, en se disant qu’en sortie de crise, les entreprises pourront rebondir, protéger les ménages, tout en gardant en tête que ça serait temporaire. On est encore aujourd’hui dans du temporaire, même s’il dure trop longtemps. – Agnès Bénassy-Quéré
Après l’urgence est venu le long terme. Le gouvernement affiche un objectif clair, notamment à travers son Plan de relance : la France de 2030 et la préparation de l’avenir. Les objectifs et les outils mobilisés sont-ils les bons, cependant ?
Quels ont été les outils utilisés par la science économique pour répondre aux enjeux de la crise sanitaire, économique et sociale ? Les économistes doivent-ils avoir des regrets ? Ne sommes-nous pas simplement en train de rebâtir le monde d’avant ? Pour en parler, nous avons fait appel à Benjamin Coriat, professeur émérite à Paris VII et membre des Économistes Attérés, Carine Milcent, économiste spécialiste de la santé et professeure à la Paris School of Economics et Agnès Bénassy-Quéré, cheffe économiste à la direction du Trésor.
Références sonores
- Discours d’Emmanuel Macron le 16 mars 2020 sur le confinement (Public Sénat)
- Interview de Muriel Pénicaud le 13 mars 2020 sur le chômage partiel (Franceinfo)
- Annonce du plan de relance par Bruno Le Maire (3 septembre 2020, agriculture.gouv)
Références musicales
- « Dirty Little Virus » - Iggy Pop
- « How Does it Feel » - London Grammar
L'équipe
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