L'histoire d'un ascenseur tombé en panne : épisode 2/3 du podcast Une promesse d’ascension sociale

Pendant les Trente Glorieuses, la désindustrialisation et la tertiarisation du marché du travail ont entraîné une forte mobilité sociale ascendante.
Pendant les Trente Glorieuses, la désindustrialisation et la tertiarisation du marché du travail ont entraîné une forte mobilité sociale ascendante. ©Getty - James L. Amos
Pendant les Trente Glorieuses, la désindustrialisation et la tertiarisation du marché du travail ont entraîné une forte mobilité sociale ascendante. ©Getty - James L. Amos
Pendant les Trente Glorieuses, la désindustrialisation et la tertiarisation du marché du travail ont entraîné une forte mobilité sociale ascendante. ©Getty - James L. Amos
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La France a connu, pendant les Trente Glorieuses, une mobilité sociale forte et très ascendante. Les trajectoires descendantes restent moins nombreuses aujourd’hui, mais elles se multiplient, notamment pour certaines catégories de population. Qui sont les laissés-pour-compte de l'ascenseur social ?

Avec
  • Louis-André Vallet Sociologue et directeur de recherches au CNRS
  • Hélène Périvier Economiste à l’OFCE Sciences Po, directrice du programme PRESAGE Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoirs sur le Genre

Alors que la Chine affiche un taux de croissance de 18,4% au premier trimestre 2021, l’Union Européenne est à la traîne avec son 0,4% de récession. La France, elle, affiche 0,4% de croissance. Et cette atonie de la croissance dans les économies en développement, accentuée par la crise actuelle, n’est pas nouvelle : depuis 2001, la France n’a pas dépassé les 3% de croissance annuelle. Les possibilités d’enrichissement individuel et de mobilité sociale se sont taries avec la croissance dans les économies développées depuis les années 1990.

Il semble que, depuis les années 1990, il y ait plutôt une peur du déclassement, qui doit tout de même être prise avec beaucoup de sérieux parce qu'elle ne veut pas dire qu'il n'y a pas de réalité. Mais c'est plutôt un sentiment que la vie est plus dure pour ces générations que pour les générations précédentes. Il y a tout de même une précarisation de l'emploi, qui était moins forte pendant l'âge d'or des Trente Glorieuses. - Hélène Périvier

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Pourtant, depuis la construction des tables de mobilité par l’INSEE en 1953, la mobilité sociale a augmenté en France, et elle a été plus souvent ascendante que descendante. Le taux d’immobilité sociale a presque été divisé par deux en cinquante ans : en 2012, 36 % des fils avaient un statut socioprofessionnel similaire à celui de leur père, contre près de 70 % en 1953. Pendant longtemps, cependant, ces changements de catégories socioprofessionnelles entre père et fils ont été majoritairement dus à des modifications structurelles du marché du travail.

C'est important de raisonner sur l'ensemble de la distribution. On a mis l'accent, à raison, sur la croissance de l'écart entre les 1% et les 99% restants, mais quand on regarde l'ensemble de la distribution des revenus, on n'arrive pas à des conclusions du même type : l'indice de Gini, qui mesure l'inégalité de revenu, est resté relativement stable pendant longtemps en France. - Louis-André Vallet

Depuis les années 1990, le marché du travail subit des transformations moins fortes et la mobilité sociale est moins dynamique, en France comme dans le reste des pays développés. Le chômage est devenu un phénomène de masse, la croissance est presque atone, et l’emploi s’est précarisé : face à ces phénomènes, est-il possible de renouer avec l’enrichissement continu des Trente Glorieuses ? Ne doit-on pas modifier les outils avec lesquels on mesure la mobilité sociale depuis maintenant presque 70 ans alors que la société s’est tant transformée ?

Pour en parler, nous avons fait appel à Louis-André Vallet, sociologue et directeur de recherches au CNRS et à Hélène Périvier, économiste à l’OFCE Sciences Po, directrice du programme PRESAGE (Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoirs sur le Genre).

À réécouter : L’ascenseur social
Les Pieds sur terre
28 min
Du Grain à moudre
39 min

Références sonores

Références musicales

  • « Prenez les escaliers» - Dooz Kawa 
  • « 09:16 » - Les Gordon

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