Alors que le taux de syndicalisation est à un niveau particulièrement faible et que les manifestations demeurent le mode privilégié de revendication, que reste-t-il du mythe du Grand soir ? "Gilets jaunes", réforme des retraites… Sont-ils nourris par les mêmes références ?
- Jean-Marie Pernot Politologue, chercheur à l'Institut de Recherches Economiques et Sociales (IRES)
- Ludivine Bantigny Historienne, enseignante chercheuse, rattachée au laboratoire d'histoire à l'université de Rouen
Nous achevons notre série consacrée à la grève au lendemain de la grande mobilisation qui a paralysé une partie du pays hier. Entre 800 000 et 1,5 millions de personnes sont descendues dans les rues. Une fronde sociale qui fait ressurgir chez certains l’espoir d’un renversement de l’ordre établi. Des rêves de Grand Soir qui peuplent les imaginaires depuis l’invention de la grève générale… Comme l’écrit l’historienne Michelle Perrot, « il a fallu mai 68 pour nous rappeler un bref moment que la grève peut être autre chose qu’un scénario économique bien conduit mais explosion de désirs latents, de rêves refoulés, libération du geste et de la parole, fête du peuple assemblé ».
On peut dater l'idée de grève générale des années 1880, c'est le moment où apparaît d 'ailleurs l'expression de Grand Soir dans les courants notamment libertaires. Il s'agit d'abord d'une grève dans les secteurs ouvriers, miniers. C'est à la fois un mélange de révolte sociale et économique et de soulèvement politique avec l'idée qu'il s'agit de bloquer l'économie, comme une arme décisive pour le monde du travail dont le rapport de force est si souvent défavorable à l'ouvrier. - Ludivine Bantigny
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Références sonores :
- L'historienne Aurélie Carrier / " Le témoin du vendredi : Aurélie Carrier et le Grand Soir" - La Marche de l'Histoire - France Inter (22/09/2017)
- Extrait du documentaire " Grands soirs et petits matins" réalisé par William Klein et Daniel Cohn-Bendhit (1978)
- Extrait d'une allocution du Général de Gaulle le 29 septembre 1968
En mai 1968, il y a eu une grande terreur des classes dominantes, plus largement de ceux qui avaient intérêt à la préservation du système et puis c'était une remise en cause du Général de Gaulle. La survenue de ce mouvement qui n'était anticipé par absolument personne, rendait illisible la situation. On avait l'impression que les classes populaires s'étaient équipées en frigo et en voiture et qu'à partir de là sa Majesté la République pouvait avoir de beaux jours devant elle. Et tout d'un coup arrivent des aspirations, l'exposé de ces frustrations, de ces attentes. - Jean-Marie Pernot
Musiques :
- " En groupe, en ligue, en procession" / Jean Ferrat
- Générique : "Time is the enemy" / Quantic
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