Le Rêve américain et le mythe du self-made man : épisode • 3/4 du podcast L'économie américaine au cinéma

Un des plus célèbres exemples de "self-made man" au cinéma : le personnage de Charles Foster Kane (interprété par Orson Welles) dans le film "Citizen Kane" (1941) réalisé par Orson Welles.
Un des plus célèbres exemples de "self-made man" au cinéma : le personnage de Charles Foster Kane (interprété par Orson Welles) dans le film "Citizen Kane" (1941) réalisé par Orson Welles. ©AFP - Collection Christophel © RKO Radio Pictures / Mercury Productions
Un des plus célèbres exemples de "self-made man" au cinéma : le personnage de Charles Foster Kane (interprété par Orson Welles) dans le film "Citizen Kane" (1941) réalisé par Orson Welles. ©AFP - Collection Christophel © RKO Radio Pictures / Mercury Productions
Un des plus célèbres exemples de "self-made man" au cinéma : le personnage de Charles Foster Kane (interprété par Orson Welles) dans le film "Citizen Kane" (1941) réalisé par Orson Welles. ©AFP - Collection Christophel © RKO Radio Pictures / Mercury Productions
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Partir de rien, construire sa fortune et sa réputation par la seule force de son travail... Voilà l'un des grands mythes des États-Unis, celui du Rêve américain ("American Dream"), et de sa figure idéalisée : le self-made man. Retour sur un concept qui constitue une partie de l'identité américaine.

Avec
  • Anne-Marie Bidaud Maître de conférences honoraire en études américaines, historienne du cinéma américain
  • Bradley Smith Maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Paris-Nanterre (Paris 10)

"Le mythe du self-made man s'est développé vers 1830 aux Etats-Unis, au moment de la démocratie jacksonienne, avec l'émergence de couches populaires qui n'avaient pas le pouvoir, qui n'étaient pas représentées : Jackson a été le premier a ne pas être issu des élites économiques ou intellectuelles [...] et s'est appuyé sur les nouvelles populations de l'Ouest, pauvres, pour développer cette possibilité de réussir d'abord en étant agriculteur, puis entrepreneur, etc." (Anne-Marie Bidaud)

Troisième jour de notre série consacrée à l’économie américaine au cinéma. Hier, nous nous sommes intéressés au modèle du Sud, système d’économie de plantation fondé sur l’esclavage. Aujourd’hui, nous nous attaquons à des mythes éminemment économiques : ceux du Rêve américain et du “self-made man”. Des mythes-piliers du modèle, faisant miroiter une inéluctable ascension, pour celui “qui a la force et la foi”. Des mythes qui promettent l'égalité des chances, dans un pays construit par la volonté d’immigrés venus y accomplir un rêve de bonheur, inscrit jusque dans les textes. S’il n’est pas exempt de valeurs, le Rêve américain lie bien bonheur et réussite matérielle. C’est en tous cas, ce que nous donne à voir le cinéma - témoin des évolutions de l’American Way of Life...

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Aujourd’hui nous allons parler du rêve américain et du mythe du self-made man en compagnie d'Anne-Marie Bidaud, maître de conférences honoraire en études américaines, et historienne du cinéma américain, auteure de Hollywood et le rêve américain paru chez Armand Colin, et Bradley Smith, maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Paris-Nanterre, auteur d’une thèse intitulée La Dialectique du néolibéralisme aux États-Unis : aux origines de la ‘révolution conservatrice’ et de la crise financière de 2008 (2015), et dont les recherches actuelles portent notamment sur l’évolution du rôle des politiques publiques et des conditions économiques dans la définition de l’American Way of Life...

"Il y a un optimisme un peu naïf parfois qui est promu dans la capacité de tous à réaliser le Rêve américain. Cela peut générer des tensions sociales et la dévalorisation de ceux qui ne sont pas à la hauteur, qui n'arrivent pas à grimper l'échelle sociale : cela crée une société de victimisation des victimes. Comme il y a un déni des facteurs sociaux (origines, etc.), on ne les prend pas en compte pour expliquer l'échec des individus : c'est toujours l'échec de l'individu lui-même, qui n'y arrive pas, et qui devient un raté." (Bradley Smith)

Références sonores : 

  • Extrait du discours de victoire de Barack Obama, Chicago, 7 novembre 2012
  • John G. Avildsen, Rocky, 1976
  • King Vidor, Le Rebelle (The Fountainhead), 1949
  • Stephen Sondheim et Leonard Bernstein, "America", chanson interprétée par Rita Moreno et George Chakiris, extraite du film West Side Story (1961) de Robert Wise et Jerome Robbins
  • George Clooney, Bienvenue à Suburbicon (Suburbicon), 2017
  • Quantic, "Time Is The Enemy", extrait de l'album The 5th Exotic, Tru Thoughts, 2001 (générique)
Entendez-vous l'éco ?
58 min

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