

Aux fondements du voyage se trouve un désir d'altérité, d'inconnu à découvrir. Or le tourisme modifie notre rapport à l'espace et repose la question de l'ailleurs. Comment analyser les comportements touristiques au prisme de la consommation de masse ? Et que reste-t-il du voyage dans tout ça ?
- Catherine Sicart Géographe, professeure à l’université de Perpignan
- Fabienne Brugère Philosophe, professeure de philosophie de l’art, philosophie morale et politique à l’université Paris VIII
- Marin de Viry Écrivain et critique littéraire
"Le capitalisme veut tout structurer, y compris le temps libre, le soi ; le temps des vacances entre donc dans cette captation néolibérale. Dès lors, il va falloir penser le rapport entre temps de travail et de vacances comme recto/verso de la vie." (Fabienne Brugère)
Comme chaque jeudi, clôturons la semaine thématique par un débat. Cette semaine, nous avons pris le chemin des vacances et scruté l’histoire du tourisme et des mécanismes économiques qu’il génère. Le tourisme est, comme l’écrit l’historien Marc Boyer, "à la fois l'action d'être touriste et un susbtrat matériel". En économie, il est considéré comme un secteur spécialisé qui, à l’image du capitalisme, s’est globalisé et numérisé. Des mutations qui ont engendré de nouveaux marchés et modifié les pratiques de voyageurs toujours plus nombreux mais tout autant segmentés. D’ailleurs à y regarder de plus près, on s’aperçoit que le modèle de tourisme des Trente Glorieuses nourrit tout un tas de tensions sociales et politiques, liées notamment à l’aménagement du territoire et à l’environnement. Si bien qu’à l’heure où la technique permet atteindre les lieux les plus reculés du globe, se pose la question des effets du tourisme. Consomme-t-il le monde tout autant qu’il ne l’explore ? Que reste-t-il de la quête de voyage et d’évasion depuis que celle-ci est devenue un produit standardisé ?
"Je suis sceptique avec le terme 'tourisme de masse' : il s'agit d'avantage d'un changement d'échelle que d'une véritable massification. Il existe encore beaucoup d'inégalités dans ce domaine." (Catherine Sicart)
"Cela fait longtemps que le tourisme n’est plus une expérience immersive. Les offres qui existent sont assez artificielles." (Marin de Viry)
Références sonores :
- Quantic, "Time Is The Enemy", extrait de l'album The 5th Exotic, Tru Thoughts, 2001 (générique)
- Lecture d'un extrait de Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Plon, 1955
- Barbara, "Gare de Lyon", extrait de l'album Barbara chante Barbara, Philips, 1964
- Marc Augé, ethnologue, dans Les petits matins de l’été, le 23 juillet 2011 sur France Inter
- Barry Brown, "Tourist Season", 1982

[◀◀] Rembobinage...
L'intégralité des épisodes de la semaine est à retrouver ici :
Rendez-vous exceptionnellement demain vendredi 6 avril dès 14h pour la diffusion d'une table-ronde spéciale, dans le cadre Forum "Les révolutions de l'intelligence" organisé par France Culture et Sorbonne-Université, enregistrée au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, pour un échange économique autour de la question : "L’intelligence artificielle, une révolution industrielle ?", en compagnie de Paul Jorion, Raja Chatila et Catherine Simon.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration