Les diasporas au cœur du développement : épisode 3/3 du podcast Nouvelle économie des migrations

Depuis le milieu des années 1970, les montants transférés par les migrants vers leurs pays d'origine ont progressé de façon constante.
Depuis le milieu des années 1970, les montants transférés par les migrants vers leurs pays d'origine ont progressé de façon constante. ©AFP - NARINDER NANU
Depuis le milieu des années 1970, les montants transférés par les migrants vers leurs pays d'origine ont progressé de façon constante. ©AFP - NARINDER NANU
Depuis le milieu des années 1970, les montants transférés par les migrants vers leurs pays d'origine ont progressé de façon constante. ©AFP - NARINDER NANU
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Comme lors de la crise économique mondiale de 2008 qui avait pourtant fortement affecté les revenus des migrants, les transferts de fonds envoyés par les immigrés dans leur pays d’origine ont étonnement résisté depuis le début de la pandémie de Covid-19. Comment l'expliquer ?

Avec
  • Jason Gagnon Economiste au sein de l’Unité Migrations et Compétences du Centre de développement de l’OCDE
  • Jean-Michel Huet Expert et associé au cabinet de conseil BearingPoint, en charge du développement international et de l’Afrique

Les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire avaient atteint un niveau record de 554 milliards de dollars en 2019. Les fonds envoyés par les migrants et diasporas dans leur pays d’origine ont dépassé le total des investissements des entreprises étrangères dans les pays à bas et moyens revenus, et le montant des transferts dépasse également largement l’aide publique au développement dans de nombreux pays.

Il y a un double effet qui explique l'augmentation du montant des fonds envoyés : un effet volume, avec l’augmentation du nombre de migrants, et un effet valeur, parce que les migrants d’aujourd’hui, ainsi que ceux de deuxième ou de troisième génération, ont plus de revenus. – Jean-Michel Huet

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Selon un rapport de la Banque mondiale en avril 2020, les remises migratoires auraient dû connaître un repli sans précédent dans l’histoire et chuter d’environ 20% en 2020, dû au fléchissement des salaires et de l’emploi des travailleurs migrants, souvent particulièrement exposés à ce type de conséquences en période de crise économique. Pourtant, selon une dépêche de l’AFP d’octobre 2020, WorldRemit, le service mondial de transfert d’argent en ligne, a indiqué que la demande pour ses services de transfert d’argent au Zimbabwe continue d’augmenter à un rythme accéléré, avec un taux multiplié par deux en six mois.

Plus les pays ont un revenu par habitant faible, plus les fonds de la diaspora vont aller pour la vie courante comme l’alimentation et la santé, alors que plus le niveau de vie est élevé, plus les fonds vont à l’investissement. On estime par exemple qu’au Maroc, 40% des fonds de la diaspora sont pour de l’investissement immobilier. – Jean-Michel Huet

Les Africains de la diaspora sont les moteurs de la croissance des pays d’origine. Ils profitent de plus en plus des avantages de la plateforme numérique et d’un ensemble d’innovations et de services de transfert d'argent.  Il est nécessaire, cependant, de rappeler les différences parmi les transferts globaux à destination des diasporas entre les flux financiers privés, les transferts groupés, les Investissement Directs à l’Etranger et l’Aide au développement. 

De plus en plus d’agences d’aide au développement des pays donateurs reconnaissent le rôle entre migration et développement, entre diaspora et développement, et le rôle des transferts de fonds et des transferts sociaux. Avec ce basculement, il y a une volonté de se tourner vers cette population, de jouer un plus grand rôle dans les initiatives prises par ces populations dans les pays d’accueil. – Jason Gagnon

Les transferts d'argent de la diaspora sont-ils une nouvelle source de développement ? Quelles en sont les caractéristiques et à qui sont-ils dirigés ? Sont-ils indispensables aux économies des pays d’origine ? Pour en parler, nous avons fait appel à Jean-Michel Huet, expert et associé au cabinet de conseil BearingPoint, en charge du développement international et de l’Afrique et Jason Gagnon, économiste au sein de l’Unité Migrations et Compétences du Centre de développement de l’OCDE.

Références sonores

Références musicales

  • « Land of Promise » - Damian Marley & NAS
  • « Fantasy » - Romane

Pour aller plus loin

Un article de notre invité Jason Gagnon sur les conséquences de la Covid sur les migrations et le développement

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