Dans un contexte où les inquiétudes liées au pouvoir d'achat et à une éventuelle "casse sociale" sont profondes et persistantes, les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle tentent de se démarquer sur le terrain social.
- Clément Carbonnier maître de conférences en économie à l’université de Cergy-Pontoise (THEMA)
- Bruno Cautrès politiste, chercheur CNRS au Cevipof, professeur à Sciences Po Paris
Pour en parler, Tiphaine de Rocquigny reçoit Anaïs Henneguelle, maîtresse de conférences en économie à l'Université de Rennes 2, et chercheuse associée en économie et sociologie à l’École Normale Supérieure de Paris-Saclay, Bruno Cautrès, politologue au CEVIPOF et Clément Carbonnier, professeur d'économie à l'université Paris 8, Vincennes-Saint Denis, Codirecteur de l'axe "Politiques socio-fiscales" du LIEPP et coauteur avec Bruno Palier de Les femmes, les jeunes et les enfants d'abord paru aux éditions PUF le 2 janvier 2022.
Le pouvoir d’achat, une préoccupation majeure des françaises et des français durant la compagne présidentielle
C'est clair que, quand on regarde toutes les enquêtes réalisées sur les motivations des français, quand on regarde les questions qui préoccupent le plus au moment de voter, le pouvoir d'achat a fait une percée très importante, même assez spectaculaire au cours des dernières semaines. Après il faut rappeler que le pouvoir d’achat reste toujours généralement sur le podium des priorités des Français, notamment au moment des élections. Et particulièrement dans cette fin de campagne, la question du pouvoir d’achat a joué un rôle important : les conséquences de la guerre en Ukraine sur la situation économique des français, le prix à la pompe, le prix de l'énergie, tout cela a joué un rôle très important et je dirais même très structurant, en tout cas pour la compagne de premier tour. (Bruno Cautrès)
Publicité
Le sentiment de déclassement est réel et il est aussi dû à l’inflation qui aujourd’hui est de 4,5% d’après l’INSEE pour l’année courante en Mars 2022. Il y a certes le SMIC qui est indexé sur l’inflation donc on peut penser que les personnes au SMIC ne subissent pas trop cette inflation. Toutefois ce n’est pas le cas des pensions de retraites, et de tous les salaires qui ne sont pas directement au SMIC ou qui ne dépendent pas du SMIC. (Anaïs Henneguelle)
Emmanuel Macron et Marine Le Pen : deux philosophies mais deux programmes économiques pas si différents
La philosophie du programme d’Emmanuel Macron est dans la continuité de celle de son premier mandat qui était lui-même dans la continuité des - au minimum - trois mandats précédents, et même on peut remonter encore plus loin… C’est cette transformation que certains ont appelée social-libérale ou simplement néolibéralisme. Ce n’est pas une absence de l'action de l’Etat mais c’est une action de l'Etat pour pousser et étendre les mécanismes de marché là où ils ne fonctionnent pas d’eux-mêmes. Cela s’accompagne d’une gouvernance énorme par des incitations, et notamment par des incitations fiscales du genre du crédit d'impôt. (Clément Carbonnier)
J’aurais plutôt tendance à définir le programme de Marine Le Pen comme un programme "national-néo-libéral". Elle se place dans la droite ligne d’Emmanuel Macron en vérité. Avec beaucoup de politiques de l’offre proposées, avec des mesures qui ne sont pas ciblées sur les catégories populaires mais qui sont plutôt ciblées sur toute la population et en particulier sur les riches. Il y a une sorte de hold-up de Marine Le Pen sur cette histoire de “politique sociale” alors qu'en vérité quand on regarde son programme on voit très peu de mesures en faveur des catégories populaires. (Anaïs Henneguelle)
Références sonores
- Olivier MAZEROLLE et Gérard LECLERC s'entretiennent avec Jean-Marie LE PEN, candidat FN qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle 2002, France 2, le 23/04/2002
- Mix Emmanuel Macron (le 09/02/2022 sur Europe 1) / Marine Le Pen (le 11/04/2022 sur BFM)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration