Mariages coûteux, mariages heureux ? : épisode • 2/3 du podcast L'économie de la fête

En 2019 en France, 227 000 mariages ont été célébrés, pour un marché estimé à plusieurs milliards d’euros.
En 2019 en France, 227 000 mariages ont été célébrés, pour un marché estimé à plusieurs milliards d’euros. ©Getty - Godong
En 2019 en France, 227 000 mariages ont été célébrés, pour un marché estimé à plusieurs milliards d’euros. ©Getty - Godong
En 2019 en France, 227 000 mariages ont été célébrés, pour un marché estimé à plusieurs milliards d’euros. ©Getty - Godong
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En 2020, sans surprise, le nombre de mariages organisés en France a diminué d'un tiers dû aux contraintes sanitaires. C'est un coup supplémentaire pour les professionnels du secteur, qui font déjà face depuis quelques décennies au déclin du mariage comme institution sociale.

Avec
  • Florence Maillochon Sociologue, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée à l’ENS
  • Stéphane Seban Fondateur et organisateur du Salon du Mariage

Alors que l’institution du mariage elle-même est en déclin depuis plusieurs dizaines d’années, la cérémonie du mariage ne semble pas perdre en puissance auprès des futurs époux, au contraire. Certes, le nombre de mariages conclus en France ne cesse de diminuer depuis les années 1970 (malgré un léger sursaut autour de l'année 2000). Mais, les noces n’étant plus perçues comme imposées ou nécessaires, elles deviennent justement un moyen d’expression pour les époux, un espace de performance du couple qu’ils aspirent à devenir.

Il y a une vraie dimension événementielle aujourd'hui : on propose quelque chose de différent à chaque fois, même si on retombe toujours dans le conformisme : on s'arrête devant la fameuse robe de mariée rouge qu'on a vue en vitrine, mais on en achète une blanche ou une écrue finalement. - Stéphane Seban

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Alors que l’expression “le plus beau jour de la vie” était une métonymie pour désigner le “premier jour du couple” entendu comme une promesse de longue vie et de bonheur partagé, elle apparaît désormais comme une injonction et une réalité esthétique. Ce jour doit maintenant être “beau” au sens propre et l’expression du rayonnement du couple. Les jeunes semblent presque aujourd’hui vouloir “se marier” plutôt qu’”être mariés” : la plupart des noces sont aujourd’hui très travaillées et très fastueuses.

Loin d’échapper à toute norme sociale, la cérémonie s’institutionnalise progressivement autour de scénarios types, proposés par les réseaux sociaux et orchestrés par des célébrants professionnels. Et le mariage est donc devenu, depuis les années 1980-1990, une industrie prospère en constante évolution.  Des photographes professionnels aux traiteurs, en passant par les magasins de robe de mariée, les animateurs de soirée, les fleuristes, les loueurs de salles, les bijoutiers, les boutiques et agences de voyages qui proposent des listes de mariage ou encore les « wedding planners ».

La crise sanitaire arrive à un moment de fin de cycle. Depuis une trentaine d'années, les mariages se développaient sur le même modèle : toujours plus d'invités, de décor, d'attention à des menus détails. A un moment, on attend un seuil et on ne peut pas faire toujours plus. Et les gens en ont assez, on change de génération : la crise du Covid va accélérer les choses, on va sans doute vers une simplification du mariage. - Florence Maillochon

Qu’est-ce que “l’économie du mariage” ? Comment les professionnels innovent-ils pour réagir à la baisse du nombre de cérémonies ? Pour en parler, nous avons fait appel à Stéphane Seban, fondateur et organisateur du Salon du Mariage et Florence Maillochon, sociologue, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée à l’ENS.

Entendez-vous l'éco ?
59 min

Références sonores

Références musicales

  • "La non demande en mariage" - Georges Brassens
  • "Vincenta" - Buena Vista Social Club

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