Plans de relance : la course aux milliards

En plus de son plan de relance de 1 900 milliards de dollars additionnés aux 2 200 milliards déjà prévus, Joe Biden a proposé un nouveau programme pour rénover les infrastructures du pays.
En plus de son plan de relance de 1 900 milliards de dollars additionnés aux 2 200 milliards déjà prévus, Joe Biden a proposé un nouveau programme pour rénover les infrastructures du pays. ©AFP - OLIVIER DOULIERY
En plus de son plan de relance de 1 900 milliards de dollars additionnés aux 2 200 milliards déjà prévus, Joe Biden a proposé un nouveau programme pour rénover les infrastructures du pays. ©AFP - OLIVIER DOULIERY
En plus de son plan de relance de 1 900 milliards de dollars additionnés aux 2 200 milliards déjà prévus, Joe Biden a proposé un nouveau programme pour rénover les infrastructures du pays. ©AFP - OLIVIER DOULIERY
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Alors que les taux de croissance affichés au premier trimestre par la Chine et les Etats-Unis sont respectivement de 18,4% et de 6,4%, l’Union Européenne enregistre, elle, une contraction de 0,4% de son économie. Le plan de relance européen est-il à la hauteur pour rattraper ce retard ?

Avec
  • Sylvie Matelly Economiste et directrice adjointe de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)
  • Anne-Laure Delatte Économiste, chercheuse au CNRS, membre du laboratoire LEDa de l'université Paris-Dauphine, spécialiste de la finance, des paradis fiscaux et de la zone euro
  • Francesco Saraceno Directeur adjoint du département d’études de l’OFCE

La semaine dernière, une douzaine de pays, dont la France et l’Allemagne, ont remis à la Commission européenne leur plan de relance national afin de pouvoir bénéficier de l’emprunt commun de 750 milliards d’euros décidé au mois de juillet. De l’autre côté de l’Atlantique, les cent jours de Joe Biden sont l’occasion de mesurer la différence entre les ambitions américaines et européennes. Le nouveau président a complété le plan de relance de 2 000 milliards de dollars de l’administration Trump par un complément de 1 900 milliards de dollars.

Le plan Biden est beaucoup plus impressionnant que le plan européen. Plusieurs éléments l'expliquent : d'abord, la capacité américaine à s'endetter, qui était, déjà avant la crise, plus importante qu'en Europe. La raison, c'est que les Américains émettent la monnaie internationale, donc leur titre de dette est un actif sûr que tout le monde veut. [...] Pour la première fois, l'Europe va émettre un titre de dette européen mais pas du tout dans les mêmes montants. L'autre point à relever, c'est qu'alors que les démocrates, comme Clinton et Obama, étaient des bons élèves pour la dette, ils ont arrêté. Trump a tellement réduit les impôts et gonflé le déficit public que les démocrates sont décomplexés maintenant sur ce point. - Anne-Laure Delatte

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Les plans de relance américains sont impressionnants, mais il ne faut pas oublier qu'une grande partie de ces fonds sont dépensés chez nous dans les systèmes de protection sociale et ne rentrent donc pas dans les plans de relance. C'est pour cela qu'il faut faire attention aux comparaisons internationales. - Francesco Saraceno

L’Europe, déjà fragilisée par la vaccination, risque de se faire distancer un peu plus par la Chine et les États-Unis dans la course à la reprise mondiale. « Nous avons perdu trop de temps. La croissance chinoise est repartie. Les États-Unis sont en plein essor. L'Union européenne doit rester dans la course », a déclaré le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue allemand Olaf Scholz.

Le projet européen qui a été défini il y a dix mois est relativement bien respecté et fédère les Etats. Et ce point est fondamental parce qu'au-delà des moyens engagés, le fait qu'il y ait un accord à peu près harmonisé entre les pays sur ce dans quoi on doit investir va conduire à générer des effets de levier qui peuvent mener à des modifications structurelles en Europe, dans la lutte contre le changement climatique et sur la question du digital. - Sylvie Matelly

Au premier trimestre, la Chine affiche un taux de croissance de 18,3% et les États-Unis de 6,4%. Pour les pays de l'Union Européenne, au contraire, la croissance affiche une contraction de 0,6% sur la même période. Une situation qui pourrait s’améliorer selon l'agence de notation Standard and Poor's : le plan "Next Generation EU" pourrait apporter 4,1 points de croissance supplémentaire aux Vingt-Sept si les fonds commencent à être décaissés comme prévu cet été. 

Comment se répartira le plan de relance européen ? Quelle est la stratégie de l’Union Européenne face aux reprises impressionnantes des États-Unis et de la Chine ? Les plans de relance européen et américain inaugurent-ils un nouveau multi-libéralisme face à l’économie chinoise ? Pour en parler, nous avons fait appel à Anne-Laure Delatte, économiste, chercheuse au CNRS et membre du Laboratoire Leda de l’Université Paris-Dauphine, Sylvie Matelly, économiste et directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et Francesco Saraceno, économiste et directeur-adjoint à l’OFCE.

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