Premier emploi : une marche de plus en plus haute : épisode 1/3 du podcast Une promesse d’ascension sociale

Le taux de chômage des jeunes était de 17,1 % dans l’Union Européenne en 2020, contre 15 % avant la crise, un taux déjà plus élevé que pour l’ensemble de la population.
Le taux de chômage des jeunes était de 17,1 % dans l’Union Européenne en 2020, contre 15 % avant la crise, un taux déjà plus élevé que pour l’ensemble de la population. ©AFP - BERTRAND GUAY
Le taux de chômage des jeunes était de 17,1 % dans l’Union Européenne en 2020, contre 15 % avant la crise, un taux déjà plus élevé que pour l’ensemble de la population. ©AFP - BERTRAND GUAY
Le taux de chômage des jeunes était de 17,1 % dans l’Union Européenne en 2020, contre 15 % avant la crise, un taux déjà plus élevé que pour l’ensemble de la population. ©AFP - BERTRAND GUAY
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De nombreux sociologues s’accordent à dire que le premier emploi a une incidence significative sur la trajectoire d’un entrant sur le marché du travail. Or, les jeunes sont devenus une variable flexible d'ajustement pour les entreprises en cas de crise. Peut-on parler de générations sacrifiées ?

Avec
  • Régis Cortesero Sociologue et chercheur au laboratoire PAVE (Profession Architecture Ville Environnement) de l’ENSAP Bordeaux
  • Vanessa Di Paola Economiste, chercheuse à Aix Marseille Université au Laboratoire d'économie et de sociologie du travail et directrice du centre associé au Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) pour la région PACA

En 2021, le taux de chômage des moins de 25 ans a fortement augmenté du fait des mesures de confinement en France comme en Europe. En septembre 2020, 17 % des jeunes Européens étaient au chômage, soit près de 3 millions de jeunes de moins de 25 ans dans l’Union européenne. Ils étaient 2,7 millions en février 2020, avant l’entrée en vigueur des mesures de confinement. Taux de chômage important, accroissement des formes précaires d’emploi, déclassement, travail à temps partiel… Cette sensibilité particulière des jeunes et des primo-entrants à la conjoncture n’est pas nouvelle.

On a tendance à naturaliser les jeunes comme s'il s'agissait d'une classe d'âge homogène. En réalité, les jeunes ne sont pas du tout égaux face à cette situation et même si les plus diplômés connaîtront un ralentissement de leur insertion et une contraction de leurs niveaux de rémunération, ils vont accéder à l'emploi. Et même si au début cela sera certainement en CDD, cela se transformera de manière plus ou moins rapide en des formes plus stables. Alors que pour les jeunes moins diplômés voire pas diplômés, le taux de chômage peut atteindre plus de 50%. Il y a un effet domino : les plus diplômés s'en sortent très vite, ceux qui sont en-dessous se reportent sur des emplois qui correspondent moins à leur niveau de qualifications, etc. – Vanessa di Paola

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La crise de 2008 avait déjà entraîné dans la plupart des pays une hausse du chômage, notamment pour les jeunes. Or, certains sociologues considèrent que l’entrée dans la vie active a des répercussions sur l’ensemble de la carrière professionnelle selon la structure du marché du travail.

Je ne suis pas sûr que la jeunesse soit uniformément associée à une moins value. Le poids du diplôme s'est renforcé dans notre société, et le marché du travail n'est pas du tout homogène. Il y a des franges du marché où la main d'oeuvre est pléthorique, et d'autres où elle est pénurique. Lorsqu'elle est pénurique, le fait d'être jeune n'est pas spécialement une pénalité, ou alors elle l'est dans des proportions très inférieures à ce que connaissent les jeunes non qualifiés qui sont dans les secteurs de services, d'hôtellerie-restauration, du BTP, etc. – Régis Cortesero

Mais la situation n’est pas seulement conjoncturelle : l’OCDE et l’OIT tirent la sonnette d’alarme en parlant de “générations sacrifiées” pour les entrants sur le marché du travail dans la conjoncture de la fin des années 2000. En 1970, les jeunes étaient déjà les premiers à ne plus être embauchés en cas de conjoncture défavorable et les premiers recrutés en cas de reprise économique. Les nouveaux entrants sur le marché du travail sont devenus, depuis la fin des Trente Glorieuses, des outils de la dérégulation progressive du marché du travail.

Comment faire en sorte que le resserrement du marché du travail à craindre sous l’effet de la crise n’expose pas trop la jeunesse, et notamment la jeunesse populaire, aux risques d’une fracture générationnelle et d’une paupérisation accrue ? Pour en parler, nous avons fait appel à Régis Cortesero, sociologue et chercheur au laboratoire PAVE (Profession Architecture Ville Environnement) de l’ENSAP Bordeaux et à Vanessa Di Paola, économiste, chercheuse à Aix Marseille Université au Laboratoire d'économie et de sociologie du travail et directrice du centre associé au Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) pour la région PACA. 

Le Journal de l'éco
6 min

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