Repenser l'impôt, avec Gabriel Zucman : épisode 2/3 du podcast Les chantiers de Joe Biden

Pendant la présidence de Donald Trump, la dette publique américaine a augmenté de plus d'un tiers.
Pendant la présidence de Donald Trump, la dette publique américaine a augmenté de plus d'un tiers. ©AFP - Darren Hauck
Pendant la présidence de Donald Trump, la dette publique américaine a augmenté de plus d'un tiers. ©AFP - Darren Hauck
Pendant la présidence de Donald Trump, la dette publique américaine a augmenté de plus d'un tiers. ©AFP - Darren Hauck
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Déficit creusé, dette explosée, politique fiscale détricotée... la présidence de Donald Trump aura laissé les États-Unis en proie à d'importants problèmes financiers. Un défi que Joe Biden va devoir relever lorsqu'il entrera à la Maison-Blanche.

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Pendant les trois premières années de la présidence de Donald Trump, les indicateurs comptables des États-Unis sont passés au rouge. Le déficit public s’est accentué et la dette, qu’il avait promis de rembourser en huit ans, a explosé. La faute, entre autres, à une réforme fiscale signée en décembre 2017 qui a réduit de manière importante les recettes issues de l’imposition sur les bénéfices des sociétés. 

Le vrai problème que pose la réforme fiscale de Donald Trump est celui de l’inégalité. Elle est venue rajouter une couche d’injustice fiscale sur un système qui était déjà assez régressif, c’est-à-dire où les plus aisés étaient soumis des taux d’imposition inférieurs à ceux des catégories sociales moyennes et populaires. - Gabriel Zucman

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C’est donc déjà fragilisés que les États-Unis sont arrivés en 2020 et ont dû affronter une pandémie mondiale qui a été particulièrement dévastatrice au pays de l’Oncle Sam. Pour répondre aux impératifs économiques, c’est un plan de relance de 2 200 milliards de dollars qui a été signé par le président fin mars, puis un deuxième de 900 milliards, signé le 28 décembre après des mois de guérilla politique.

Mais les États-Unis sont loin d’être sortis d'affaires. Joe Biden, président-élu qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier prochain, a d'ores et déjà promis qu’un troisième plan de relance serait signé à son arrivée au bureau ovale de la Maison-Blanche. À cela s'ajoutent d’autres dépenses importantes envisagées, notamment en matière de transition écologique. De quoi se poser la question de l’efficacité des politiques fiscales américaines : comment financer un pareil arsenal sans mettre à genoux les ménages et les entreprises américaines ? 

Joe Biden n’a pas encore dépassé le défaitisme reaganien qui consiste à penser qu’il est impossible de taxer les très grandes fortunes, que cela créerait une machine à optimisation et à évasion fiscale. Il y a un manque d’optimiser et de volontarisme sur la question fiscale. - Gabriel Zucman

Car des études récentes ont démontré à quel point ce système était peu performant et excessivement injuste. C’est notamment ce que montre le livre Le triomphe de l’injustice qu’à cosigné notre invité avec l’économiste Emmanuel Saez : selon eux, la fiscalité américaine ressemble à une immense “flat tax” à 28%, sauf pour les plus fortunés qui ont un niveau d’imposition inférieur. Comment le prochain président va-t-il pouvoir financer ses politiques dispendieuses ? Les réformes fiscales qu’il envisage seront-elles à la hauteur ? Pour en parler, nous avons fait appel à Gabriel Zucman, économiste, professeur associé à l'université de Berkeley et lauréat en 2018 le prix du Meilleur jeune Économiste attribué par le journal Le Monde et le Cercle des économistes.