Sur les 100 milliards d'euros de relance annoncés jeudi par le gouvernement, 15 sont destinés à l'emploi. Entre plan pour l'emploi des jeunes, bouclier antichômage favorisant le temps partiel ou des fonds alloués à la reconversion, est-ce que ce sera suffisant pour éviter le chômage de masse ?
- François Langot Économiste, professeur à l’Université du Mans, chercheur affilié à l’école d’économie de Paris.
- Xavier Ragot Economiste et président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)
- Christine Erhel Directrice du Centre d’Études de l'Emploi et du Travail, au CNAM.
Le plan de relance annoncé jeudi dernier par le gouvernement comprend trois grands volets : un premier pour l’écologie, un second pour la compétitivité et un troisième pour la cohésion sociale et territoriale. Ce dernier, doté de 35 milliards d'euros, comprend essentiellement des mesures pour l’emploi, la cohésion territoriale et d’investissements sur la dépendance, ainsi que ceux annoncés dans le cadre du Ségur de la santé.
Ainsi, sur les 100 milliards d'euros du plan de relance, quelque 15 milliards vont être consacrés à l'emploi et la formation. Outre le plan jeunes présenté cet été, un effort particulier va être fait pour aider les salariés à se reconvertir dans les métiers d'avenir.
Ces mesures suffiront-elles à éviter que la France ne s'enlise dans un chômage de masse ? Saura-t-on requalifier les jeunes alors qu’on a jamais eu autant de décrochage scolaire ? Ce sont les questions auxquelles nous allons essayer de répondre en compagnie de nos trois invités, Xavier Ragot, économiste, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques, Christine Erhel, économiste, titulaire de la chaire économie du travail et de l'emploi au CNAM et François Langot, économiste, professeur l’Université du Mans, professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris (PSE).
Est qualifié généralement de « chômeur », quelqu’un qui est disponible quasiment tout de suite pour aller travailler. En réalité, très peu de personnes en cette période de crise épidémique ne sont immédiatement disponibles; soit parce qu’ils ont de petits emplois, soit parce qu’il faut du temps pour quitter son emploi à temps partiel pour en trouver un autre à temps plein.
Dans les périodes de confinement et de post-confinement, il y a de l’ordre de 600 000 emplois qui ont été détruits. Néanmoins, ils ne sont pas directement dans les chiffres du chômage, ils sont dans d’autres mesures, qu’on appelle le halo ou le sous-emploi. C’est important de comprendre la situation du marché du travail. Nos indicateurs standards ne sont pas la bonne mesure du problème de l’emploi auquel on va faire face. - Xavier Ragot
Nous avons en France un déficit de formations et de compétences générales pour les salariés les moins qualifiés. Avant d’envisager de leur faire faire une transition vers des secteurs prioritaires, il faut, pour un certain nombre d’entre eux, les faire monter en compétences – les compétences numériques par exemple.
Le Plan d’investissement dans les compétences est en cours d’évaluation. Il va néanmoins dans le bon sens parce qu’il s’agit d’une mesure qui est ciblée sur ces personnes qui sont particulièrement concernées par de faibles niveaux de qualification. - Christine Erhel
Concernant le plan d’embauche des jeunes, le montant n’est pas à la hauteur de l’ambition. Mille euros par trimestre pendant un an, ça n’est pas une grosse somme : si on veut embaucher un jeune à deux SMIC, ça n’est même pas 10% de son coût salarial annuel. Ça fera du bien à l’entreprise, mais j’ai du mal à penser que ce sera suffisant. J’aurais aimé une plus grosse subvention. - François Langot
Références sonores
- Extrait d'une interview de Jean Castex sur RTL le 3 septembre 2020
Références musicales
- Bon pour la casse / Bernard Lavilliers
- Dreams / Télépopmusik
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