

Ce soir, Antoine Garapon s'entretient avec Amélie Ferey, chercheuse en science politique au Centre de Recherches Internationales de Sciences Po (CERI) à propos des assassinats ciblés commis et assumés par de grandes démocraties.
- Amélie Ferey Chercheuse au centre des études de sécurité de l’IFRI et coordinatrice du laboratoire de recherche sur la défense
Il n’y a pas que les dictatures qui assassinent leurs opposants, les démocraties aussi peuvent éliminer des adversaires qui menacent gravement leur sécurité. Cette pratique des assassinats ciblés, d’abord honteuse, est de plus en plus assumée par des démocraties comme Israël ou les États-Unis. Ces deux derniers pays ont tenté de les encadrer par un minimum de garanties, sans grand succès tant il leur faut combiner deux impératifs contradictoires : le secret et la transparence, le droit du tuer et le droit à la vie pour tous. Ce sont ces débats qu’a instruit pour nous Amélie Férey dans : Assassinats ciblés. Critique du libéralisme armé, préface de Frédéric Gros, (CNRS éditions, 2020).
Le problème des assassinats ciblés, c'est que le droit a une volonté de donner de l'ordre au réel dans le cadre de la guerre, à limiter la violence, et les assassinats ciblés viennent brouiller les frontières existantes entre ce qui est la guerre et ce qui n'est pas la guerre, ce qui est un civil et ce qui est un combattant, ce qui est un Etat et ce qui n'est pas un Etat. Et c'est ça tout l'intérêt d'étudier la guerre à partir de ce brouillage conceptuel.
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Au XXIe siècle, la nouveauté, avec les assassinats ciblés, c'est que l'on passe du secret, des renseignements et des actions clandestines, à une reconnaissance étatique.
Il existe deux types d'opérations létales : les opérations dites omo pour tout ce qui est DGSE (service action de la DGSE) qui sont clandestines et qui, en général, sont constituées d'équipes d'hommes qui sont envoyées par voie terrestre. Et, on a ce qu'on appelle les éliminations ciblées qui, elles, sont faites par l'armée et qui, justement, utilisent les frappes aériennes. En ce qui concerne la France, dans des contextes de guerre reconnus.
L'hypothèse du tampon moral, c'est que plus la distance entre la cible et la personne qui tue est lontaine, plus on a une dilution morale.
Extraits musicaux choisi par l'invitée
- " Drones" par le groupe Muse - Album : "Drones" (2015) - Label : Warner Records.
- " Gamar" par le groupe 47SOUL - Album : "Balfron Promise" (2018) - Label : Cooking Vinyl.
Pour aller plus loin
Deux tribunes dans Libération, sur L’assassinat du général iranien Qassem Soleimani et sur Pourquoi Mélenchon n’est pas victime de «lawfare» .
Un article paru dans "The conversation" : Pourquoi « Fauda » n’est pas une série réaliste.
Page wikipédia de la série Fauda.
Assassinats ciblés, la guerre sans le dire sur Binge audio.
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