Faut-il toujours croire les aveux ?

Le processus énigmatique des faux aveux
Le processus énigmatique des faux aveux ©Getty - ©  mikroman6 / Coll. Moment
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Le processus énigmatique des faux aveux ©Getty - © mikroman6 / Coll. Moment
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La philosophie, mais aussi les historiens, se sont intéressés depuis des lustres au phénomène de l’aveu ; on pense immédiatement à Michel Foucault ou au célèbre film de Costa-Gavras avec Yves Montand.

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Esprit de justice propose de se pencher sur le double problématique de ce phénomène : le faux aveu, c’est-à-dire qui procède de personnes qui s’accusent d’un crime qu’elles n’ont pas commis. Peut-être devrais-je dire « qui finissent par reconnaître » un crime qu’elles n’ont pas commis tant ces aveux sont associés à une pression policière voire, dans les dictatures, à la torture. Mais le phénomène est plus complexe car il y a bien d’autres situations où les personnes interrogées avouent spontanément des choses fausses. Ce phénomène laisse la communauté scientifique très perplexe, et les professionnels de la justice très inquiets car c’est souvent comme cela que commencent les erreurs, voire les catastrophes judicaires (songeons à l’affaire Patrick Dils il y a quelques années).

Esprit de justice tente d'explorer les enjeux, humains, psychologiques, mais aussi juridiques de ce phénomène en réunissant toutes ces compétences pour tenter de percer ce comportement mystérieux des faux aveux avec Sandrine Cabut, médecin et journaliste scientifique, qui a signé dans le journal Le Monde, un article « Pourquoi des innocents passent-ils aux aveux ? Les chercheurs ont quelques pistes » (17 novembre 2021), Grégoire Étrillard, avocat pénaliste, et Cyrille Rossant, chercheur en neurosciences à l'University College à Londres et auteur d’un chapitre sur la fiabilité scientifique des aveux dans les affaires très particulières des « bébés secoués » dans un livre intitulé Le syndrome du bébé secoué.

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Sandrine Cabut "Comme tout un chacun, j'avais en tête quelques histoires emblématiques de faux aveux qui, pour moi, étaient des faits divers. Et puis finalement, j'ai découvert que ce sujet des faux aveux était un objet de science. On ne voit pas de publications toutes les semaines, mais quand on commence à s'y intéresser, on s'aperçoit que la recherche est active, mais dans très peu de pays, principalement aux Etats-Unis et dans le monde anglo-saxon."

Cyrille Rossant "Plus que les neurosciences, je dirais que c'est la psychologie expérimentale et la psychologie sociale qui ont travaillé sur le sujet. Depuis une quarantaine d'années, il y a pas mal d'études aux Etats-Unis, surtout en Angleterre. Il y a quelques études d'imagerie cérébrale, effectivement, qui essayent de regarder les activations de certaines zones du cerveau lorsqu'on fait des déclarations qui peuvent être vraies ou fausses."

Grégoire Étrillard  "Il y a des gens qui se disent coupables, mais précisément, l'expression "en prison, il n'y a que des innocents", qui un peu connue par tout le monde, est absolument dramatique parce que, lorsque vous vous accusez de quelque chose, alors vous êtes extrêmement crédible puisque la réaction normale devrait être une protestation d'innocence. Le problème des faux aveux, c'est qu'il n'y a pas plus crédible qu'un faux aveux !"

Pour en savoir plus

Cyrille Rossant "Avec les jeunes mais aussi les adultes, il y a un phénomène d'obéissance à l'autorité, mais aussi la volonté de plaire. La personnalité des personnes interrogées joue énormément sur la susceptibilité de faire de faux aveux, c'est-à-dire que des personnes qui peuvent être peu sûres d'elles, qui peuvent douter de leur propre propre mémoire, qui sont un peu timides, etc. sont beaucoup plus à risque de faire de faux aveux, en tout cas, dans un interrogatoire de police ou des pressions peuvent être exercées."

Extraits musicaux

Morceau choisi par Sandrine Cabut

"Les gens qui doutent" de et par Anne Sylvestre - Album : "A l'Olympia 1986 & 1998" (1998) - Label : EPM Musique

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Morceau choisi par Grégoire Étrillard

"La juive - Extrait "Rachel, quand du Seigneur..." opéra en cinq actes de Fromental Halévy datant de 1835 -  Extrait de l'Acte IV interprété par le ténor César Vezzani, 1927.

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