Comment intégrer le vivant dans la ville ?

Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix
Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix - Crédit : Agence Chartier-Dalix
Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix - Crédit : Agence Chartier-Dalix
Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix - Crédit : Agence Chartier-Dalix
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Pour cette émission spéciale, en partenariat avec le magazine "L'architecture d'aujourd'hui", Esprit des lieux explore la place de la nature en ville en partant de l'exemple d'une école primaire construite à Boulogne en 2015 qui met le vivant au cœur de son projet.

Avec
  • Pascale Dalix Architecte, co-fondatrice de l’Agence Chartier-Dalix, experte en construction durable, membre du comité pour la transformation écologique des JO 2024.
  • Emmanuelle Borne Rédactrice en chef du magazine L'architecture d'aujourd'hui

Un jardin suspendu sur le toit d'une école. À Boulogne-Billancourt, l’école primaire des Sciences et de la Biodiversité, livrée en 2015, abrite 345 espèces animales et végétales. Exemple d'une « renaturation » de la ville, sur une surface totale d’environ 6 700 m², l’école comprend 18 classes, un gymnase capable d’accueillir des compétitions régionales et surtout, un jardin suspendu, serpentant entre les niveaux. Alors, comment intégrer cette nature, ce vivant, à un espace urbain qui a sans cesse tenté de les repousser à ses périphéries ? Dans quelle mesure le vivant peut-il reconquérir nos villes ? Rien de telle que l'architecte de cette école novatrice, Pascale Dalix de l'agence Chartier-Dalix, pour nous en parler pour cette émission spéciale en partenariat avec le magazine L'architecture d'aujourd'hui.

Le vivant au cœur d'une école : les débuts du projet

Pascale Dalix nous explique, en début d'émission, la genèse du projet. "C'est d'abord une commande du maître d'ouvrage d'avoir une portion de nature, voire de biodiversité, qui s'installe sur l'école, sur une petite partie de la toiture et une partie du mur." À partir de cette envie, Pascale Dalix et son équipe ont extrapolé cette idée à l'ensemble du bâtiment. Le secteur de l'école correspond aux anciens terrains Renault et depuis une quinzaine d'années à Zone d'Aménagement Concerté (ZAC). Le bâti prend beaucoup de place dans cet espace urbanisé et les espaces verts manquent. Le projet de renaturation semble alors nécessaire.

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Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix
Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix
- Crédit : Agence Chartier-Dalix

Aujourd'hui, à l'époque de l'extension urbaine, "c'est peut-être le moment, me semble-t-il, de repenser un peu notre relation avec le monde agricole, une forme de nature, de naturation. [...] Il y a un travail de reconnexion nécessaire entre le monde de la pierre et le monde du vivant à réaliser." développe-t-elle. Pourtant, installer un jardin sur le toit n'est pas une innovation. Pascale Dalix puise ses références de jardins auprès de La Villa des Mystères à Pompéi, du jardin du cloître du Mont Saint-Michel, jardin en couverture installé sur la salle des Chevaliers, ou encore des constructions du pape Pie II à la Renaissance.

Esprit des lieux
29 min

L'idée de l'école est de créer un écosystème au cœur du bâtiment. "L'école est une expérience en soi avec 2500 m² d'espaces verts, elle comprend les trois strates que l'on trouve dans la nature : une chênaie-charmaie, une fruticée, une prairie de fauche." Trois étages donc avec des grands arbres, des arbustes et des herbes hautes, trois strates qui permettent de recréer les conditions d'un écosystème, avec des espèces différentes selon le niveau des strates (insectes, oiseaux ...). Pascale Dalix a travaillé avec un écologue, Aurélien Huguet, qui a dressé un bilan de la faune et la flore avant même que le projet s'installe, mais aussi des espèces susceptibles de s'y installer. Il y a aujourd'hui 345 espèces recensées dans l'école, 207 espèces végétales et 138 animales. Sur la vingtaine d'espèces d'oiseaux, treize sont protégées en France et viennent sur le site. Il y a ceux qui nichent, comme les moineaux domestiques, le chardonneret élégant. Il y a trois couples de mésanges qui sont installés là depuis quatre ou cinq ans.

Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix
Ecole primaire des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt (92) livrée en 2015 par le cabinet Chartier-Dalix
- Crédit : Agence Chartier-Dalix

Un vivant au service des usagers

Le paysage et la nature sont ici au cœur de la structure scolaire. Le jardin sur le toit est visible partout dans l'école et permet aux enfants de toujours avoir la nature à portée de regard. Loin d'un seul toit terrasse situé au dernier étage, ici, la nature est au cœur de l'école. Il y a donc tout un travail sur la liberté des parcours des enfants. "Mais là, il y a vraiment d'abord la volonté de travailler un bâtiment comme un petit paysage extrudé. Un paysage qui finalement accueille aussi des enfants. Et on va avoir toute une trilogie qui se monte petit à petit dans l'utilisation de ce bâtiment à travers les enfants, la nature et l'architecture." relate l'architecte. Plus qu'une nature décorative, il s'agit au sein de cette école de faire de la nature, un outil d'apprentissage."Et à côté de ça, il y a tout un espace pédagogique qui est réservé aux enfants, avec des jardins pédagogiques, le travail de la terre. Cela permet d'ouvrir toute une manne formidable autour de l'enseignement, du faire ensemble, du travail sur le temps, sur le climat, sur l'environnement." nous raconte Pascale Dalix.

Esprit des lieux
29 min

Le béton, un outil pour renaturer la ville ?

Pascale Dalix fait le choix étonnant du béton pour cette école. Pour elle, "le béton a des qualités fondamentales, puisqu'il a une inertie thermique qui est assez forte et une inertie hydrique aussi piègent l'eau". D'après elle, la pollution du béton est à mettre en perspective avec la durée de vie du matériau. "Un ouvrage en béton a la capacité de résister 50 ans, 60 ans, 70 ans sans être entretenu ou en tout cas avec un minimum d'entretien. Il amortit son bilan carbone." explique l'architecte. Ici, le béton permet d'accueillir le vivant, en ce qu'il peut être moulé à l'envi. Elle raconte que certains blocs de bétons dans l'école "permettent d'installer en façade des lieux de rétention de l'eau, des hôtels à insectes et 90 nichoirs avec des trous d'envol différents pour accueillir les bons oiseaux." Le béton permettrait ici d'accueillir le vivant sans déstabiliser la structure même du bâtiment.

Image du mur végétal en béton construit sur l'une des façades de l'écolé de la Biodiversité à Boulogne Billancourt
Image du mur végétal en béton construit sur l'une des façades de l'écolé de la Biodiversité à Boulogne Billancourt
- Crédit Agence Chartier-Dalix
L'Invité(e) des Matins
41 min

En fin d'émission, Emmanuelle Borne reviendra dans sa chronique sur l'architecture des mondes virtuels. Dans les métavers, des plateformes immersives, un internet en trois dimensions. Elle parle par exemple des architectes Lara Lesmes et Fredrik Hellberg de l'agence Space Popular qui s'intéressent particulièrement à ces mondes virtuels et qui participent à la construction de décors immersifs. L'agence construit des décors, et a rédigé un manifeste sur le coût écologique et sociale du développement de ce type de produits numériques.

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