Depuis 2003, la librairie Le Bal des Ardents est passée de lieu secret à lieu iconique de la ville de Lyon. Connue pour sa porte voûtée formée par une arche de livres, elle attire touristes et passionnés du livre. Un îlot de contre-culture qui assume le mélange des genres.
- Pierre-Jean Souriac Maître de conférences en histoire moderne à l’université Jean Moulin Lyon 3
Tewfik Hakem s’entretient avec Francis Chaput, propriétaire du Bal des Ardents, Pierre-Jean Souriac, historien, Sébastien Gendron, écrivain, Albane Lafanechère, présidente du Festival Quais du Polar et ancienne employée de la librairie, François Pirolla, lyonnais habitué de la librairie.
Au 17 de la rue Neuve, entre l'Hôtel de Ville et le Palais de la Bourse, dans le premier arrondissement de Lyon, la librairie du Bal des Ardents accueille le visiteur par une arche formée de livres. Jusqu’en 2003, le lieu abritait La Musardine, une librairie érotique. Francis Chaput la rachète pour en faire une librairie de fonds : « Je suis un lecteur monomaniaque. Mon idée, c’était de créer une librairie dans laquelle je serais heureux de rentrer. Je voulais faire une librairie de fonds, qui mélange littérature et sciences humaines. Quand j’ai commencé, la plupart des libraires arrêtaient de défendre un fonds de sciences humaines. Puis il y a eu une seconde idée, héritée de la librairie érotique : casser les cases. Je voulais mettre sur le même plan les grands éditeurs et auteurs à côté d’éditeurs confidentiels. Un fanzine biélorusse est traité de la même façon que le dernier Gallimard. ». Passionné de livres, il baptise sa librairie "Le Bal des Ardents" en hommage au texte de Pierre Bettencourt (poète et plasticien) : « Etant donné que je reprenais une librairie érotique, le mot "ardent" faisait un clin d’œil à la première expérience du lieu. »
D'après Pierre-Jean Souriac, historien spécialiste de Lyon, le bâtiment de l'actuelle librairie s'inscrit dans l'histoire de la soie et de l'industrie textile de la ville : « Rue Neuve, en plein centre de Lyon, faisait partie des quartiers les plus actifs au milieu du XVIIIème siècle. C’est un bâtiment caractéristique de l’époque avec un rez-de-chaussée découpé en arcades. A l’intérieur, il y a un plafond voûté qui devait accueillir des métiers à tisser. L’ intérieur était sûrement la boutique du tisserand comme en témoignent les ouvertures très grandes".
Auteur de romans noirs et réalisateur, Sébastien Gendron a découvert la librairie en 2010 à l'occasion du festival Quais du Polar qui se tient à Lyon chaque année : "On y trouve du bois, de la chaux, des mosaïques. C’est la bibliothèque de mes rêves, on est comme chez soi ! On est accompagné par une playlist et entouré de livres bizarres. On se croirait dans la grotte de Jean Dubuffet à Beaubourg."
Une lectrice et cliente du Bal des Ardents résume ces déambulations hasardeuses qui mènent à de belles rencontres : « Je ne viens pas chercher quelque chose en particulier mais je sais que je vais trouver! ». Albane Lafanechère, présidente du Festival Quais du Polar et ancienne employée de la librairie se souvient du "télescopage" des publics à l'ouverture des lieux. Selon elle, la librairie "porte la marque de Francis Chaput. Il a soutenu des auteurs maintenant très connus dans le polar mais qui à l'époque étaient inconnus tels que Caryl Férey et Sébastien Gendron." Pour François Pirolla, un habitué de la librairie, le Bal des Ardents représente un "ilot de résistance urbaine", mais qui se transforme également avec les générations et tend à devenir un centre pour la bourgeoisie culturelle de la ville.
Site internet du Bal des Ardents : ici
Programmation musicale
- The weeping song, Nick Cave & The Bad Seeds, (1990)
L'équipe
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