En Chine, le renforcement de la surveillance écologique

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WeChat ©AFP
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Comment changer les pratiques et faire naître une "civilisation écologique", pour reprendre l’expression officielle, après des décennies de négligence et de laissez-faire, de pollution impunie ?

"Les cieux sont hauts et l’empereur est loin". Cet aphorisme encapsule une idée simple : la difficulté que les souverains chinois ont toujours rencontrée pour imposer leur politique à l’ensemble de leur territoire.

Et Maintenant ? Alors que la transition environnementale est devenue, officiellement, cause nationale, le même défi ressurgit. Comment imposer aux pouvoirs locaux de jouer le jeu de la transition verte, quand ces derniers estiment que la priorité reste la croissance économique ? Comment imposer aux villes, aux provinces, aux entreprises de prendre leur part, quand la confiance est perdue face à litanie de scandales climatiques ? Comment faire naître une "civilisation écologique", pour reprendre l’expression officielle, après des décennies de négligence et de laissez-faire, de pollution impunie ?

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Et pour cause : dans les discours de Xi Jinping, les ambitions sont fortes et les exigences sont hautes. Mais les plans quinquennaux, forgés à Beijing, ne suffisent pas à mettre au pas le reste du pays. Stéphanie Monjon, économiste, enseignante-chercheuse à l’Université Paris Dauphine, nous explique la difficulté du Parti central à faire appliquer ses intentions en matière environnementale.

Pour asseoir son autorité, le pouvoir central active notamment contrôle et surveillance. C’est ce que démontrent Stéphanie Monjon et Elodie René dans un article intitulé Les nouveaux outils de la gouvernance environnementale en Chine. À travers, d’abord, le renforcement du contrôle vertical. Ainsi la législation de 2018, rassemble une myriade d’administrations fragmentées en deux ministères aux prérogatives claires. L’exigence de transparence est érigée en priorité et des équipes centrales d’inspection effectuent des contrôles aléatoires dans tout le pays.

La surveillance citoyenne au cœur des enjeux

Deuxième axe : le renforcement de la surveillance citoyenne. Le gouvernement gère désormais des forums environnementaux. Des comptes WeChat, des plates-formes de reporting incitent les citoyens à la surveillance, et poussent au signalement des entreprises polluantes. Dans le même temps, le système de crédit social, ce système qui confère à chaque citoyen un niveau de réputation en fonction de ses bonnes et de ses mauvaises actions tend désormais, dans certaines régions et pour les entreprises, à intégrer le comportement environnemental.

Ces notes et ces sanctions, à ce stade, concernent en premier lieu les entreprises. Mais ces outils de contrôle se retournent contre ceux qui les ont pensés. Les pouvoirs locaux reprennent la main sur les forums et établissent des pressions sur les lanceurs d’alerte, censurent même les citoyens alertes.

Et le système s’en trouve ainsi, en partie, contourné. L’exemple chinois est édifiant. Parce qu’il démontre qu’une transition ne se décrète pas, qu’elle demeure même compliquée, à imposer. Ainsi rêves, formés par certains, de dictature verte méritent sans doute d’être tempérés. Point de transition, sans sincère adhésion.

Les Nouvelles de l'éco
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