

Une idée qui voit grandir depuis quelques années l’intérêt qui lui est porté : la sécurité sociale de l’alimentation.
Et avant de parler de l’idée même, comprenons à quoi elle tente de répondre : la précarité alimentaire. En France, près de 12% de la population, c’est-à-dire 8 millions de Français, dépendent de l’aide alimentaire pour se nourrir. Derrière ces statistiques froides : des étudiants, des travailleurs précaires, qui mangent trop peu et trop mal. En 2019, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, l’IGAS, fustigeait la complexité de l’aide alimentaire et la qualité même des produits auxquels elle permet d’accéder.
Et Maintenant ? Une idée voit grandir depuis quelques années l’intérêt qui lui est porté. La sécurité sociale de l’alimentation. Son but ? Mettre un terme à la faim et permettre à tous d’accéder à des produits alimentaires de qualité. Une idée qui a (à la fois) l’attrait et les défauts des idées neuves, la vertu et la faiblesse des utopies ; mais dont le mérite premier est de nous faire réfléchir. Mathieu Dalmais, agronome, formateur sur le projet de Sécurité sociale de l'alimentation, nous explique les grands principes de ce projet.
Une refonte du système efficace ?
Selon ses promoteurs, il s’agirait donc de créer une branche nouvelle de la sécurité sociale. Qui reposerait sur trois piliers : son caractère universel, son caractère démocratique et un financement par la cotisation sociale. Concrètement, elle viserait à donner à chacun une carte vitale de l’alimentation, créditée de 150 euros par mois et par personne qui permettrait d’accéder à des produits alimentaires conventionnés, de qualité.
Les avantages de ce dispositif seraient multiples et permettraient de refonder en profondeur notre système de production alimentaire. Mais les limites de cette idée en gestation sont encore importantes. D’abord bien sûr : son coût. 120 milliards. C’est exactement la moitié de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie pour 2022.
Ensuite, son mode de financement : il reposerait sur les cotisations sociales et pèserait donc sur le travail. Enfin, son dispositif démocratique : il prévoit de faire participer, justement, toutes celles et ceux qui paient des cotisations. Excluant ainsi, dans un paradoxe étonnant, les plus pauvres : celles et ceux par exemple qui sont au RSA. Il n’empêche, l’intérêt porté à la sécurité sociale de l’alimentation, depuis quelques années, est croissant…
Troisième idée : une loi cadre pour expérimenter grandeur nature ce projet. Des élus y travaillent… mais nous n'y sommes pas. Alors bien sûr, la sécurité sociale de l’alimentation paraît aujourd’hui irréaliste, difficile à mettre en œuvre (surtout) dans le cadre économique, politique que nous connaissons. Mais cette idée a au moins le mérite des stimulations. En rappelant que ce qui est radical est moins la solution que le problème posé. En redisant qu’aujourd’hui, la pire des sécheresses, c’est celle du champ des idées ; où trop peu de choses semblent pousser.
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