L'alphabétisation écologique des élites dirigeantes

Jean Castex et INSP
Jean Castex et INSP ©AFP - Frederick FLORIN
Jean Castex et INSP ©AFP - Frederick FLORIN
Jean Castex et INSP ©AFP - Frederick FLORIN
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Dans les réunions interministérielles, au Parlement européen, on passe encore les décisions environnementales au tamis de Bercy et des lobbys.

Longtemps, les élites dirigeantes - les élites économiques, politiques, administratives - ont rechigné à prendre au sérieux les sujets environnementaux.

Formées à cette idée que le progrès correspondait d’abord à l’extension de la productivité, elles percevaient l’écologie, au choix, comme une menace suspendue, un vernis de pubard, un sujet de rang douze, une utopie falsifiable.

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Et Maintenant ? Pas certain, que les choses aient fondamentalement changé. Les freins culturels, la défiance écologique, l’absence de conviction restent évidents. Aujourd’hui : la diffusion, parmi les élites, d’une culture écologique beaucoup plus forte, est donc devenue capitale. Pierre Charbonnier, chercheur au CNRS et professeur à Sciences Po, spécialiste des rapports entre les sciences sociales et les questions environnementales, vient de faire paraître Culture écologique, aux Presse de Sciences Po. Il nous explique en quoi les élites doivent être particulièrement concernées par ce qu’il appelle l’alphabétisation écologique.

Alors, il ne s’agit pas de caviarder ou de brûler les manuels d’économie ou de droit. Mais de les enrichir. De permettre aux sujets environnementaux, aux sciences du vivant, d’infuser les champs classiques de la connaissance, de revisiter nos savoirs sur l’histoire, sur l’organisation sociale, sur les clivages politiques pour comprendre ce qui nous arrive, d’abord, pour agir efficacement, ensuite.

En juin dernier, un collectif d’étudiants en passe d’intégrer la haute fonction publique signait dans le journal Le Monde une tribune dans laquelle ils reconnaissaient être "insuffisamment compétents et trop peu armés pour conduire la transition écologique sur le terrain." Pour Pierre Charbonnier, idéalement, cette exigence devrait aussi venir du peuple.

Alors, comment procéder ? Il faut revoir, repenser les formations, en profondeur. Dans de nombreux établissements, universités, grandes écoles, le travail est déjà entamé. Pierre Charbonnier nous parle de ce qu’il participe à créer dans une institution particulièrement concernée par la formation des élites : Sciences Po.

Face aux électeurs, à l’histoire, à l’avenir, les élites doivent justifier leur place. Pas seulement sur le plan de l’exemplarité morale, qui a pris dans le débat une place prépondérante. Mais également en termes de compétences, et notamment de compétences écologiques. Un moyen supplémentaire, nécessaire, de renouer le lien de confiance qui a depuis longtemps pourri, entre les gouvernés, les salariés, et celles et ceux qui les dirigent.

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