Une étude tente pour la première fois d’évaluer la quantité de gaz à effet de serre produite par les 30 000 astronomes du globe et par leurs instruments de travail.
Il y a dans l’astronomie, plus encore dans l’astronomie contemporaine, un mouvement qui frôle le prisme et la démarche écologiques. Pourquoi ? Parce que les recherches en astronomie, examens des corps célestes et de l’univers sidéral, laissent jusqu’alors penser qu’il n’existerait pas de planète équivalente à la Terre, où la vie et son développement demeureraient exceptionnels, uniques. Dans le même temps, l’astronomie participe à démontrer que les transformations de la biodiversité, de l’atmosphère, des océans sont inouïes et flagrants, sans doute irréversibles.
Et Maintenant ? La science astronomique est frappée de dissonance cognitive. Puisqu’elle contribue d’une façon importante, par rapport à sa taille, au réchauffement climatique. En effet, une étude tente pour la première fois d’évaluer la quantité de gaz à effet de serre produite par les 30 000 astronomes du globe et par leurs instruments de travail. Jürgen Knölseder, Directeur de Recherche en Astrophysique au CNRS. Travaille à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP) à Toulouse dans le domaine de l’astronomie des rayons gamma. Il est l’auteur principal de cette étude parue dans la revue Nature et nous expose ses résultats.
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont examiné 50 missions spatiales et 40 installations d'observation au sol. Télescopes Hubble, Max Planck, missions d'explorations Insight (Mars), sonde Rosetta (comète "Tchouri"), Très grand télescope (VLT) au Chili... Résultats : les plus importants et puissants télescopes sont les plus gros émetteurs. Comme Hubble. Qui a produit un million de tonnes de CO2 depuis son lancement.
Il faut donc ralentir la construction de nouveaux télescopes. Et en même temps, décarboner les télescopes existants. Car si les résultats de l’étude dont nous parlons aujourd’hui ont été critiqués, si la méthode de calcul exposée fait débat, si l’on peut discuter longtemps de la contribution effective de l’astronomie à la pollution globale, le message et la finalité restent les mêmes : quels qu’ils soient, les secteurs lourds en infrastructures, en consommation d’énergie, doivent chacun s’auto-examiner et trouver des moyens de se transformer.
Dans un tout autre domaine, un tout autre registre, je me disais la semaine dernière en visionnant la série Formula 1, sur Netflix - qui raconte le quotidien frénétique de riches pilotes qui consacrent leur existence à prendre des avions, des hélicoptères et à tester des prototypes de Formule 1 - qu’il y a quelque chose de troublant, de décontenançant, à voir que certains micro-secteurs continuent de vivre hors du monde et du temps, sans se poser la question de leur impact. À l’instar du rêve fou de milliardaires épris de tourisme spatial.
Pour finir, une information. Le 4 mars dernier, l’Homme a posé un débris sur la lune. Le premier à s’écraser de manière non programmée, non volontaire et non utile, sur un corps céleste autre que la terre. Un débris de fusée, qui a percuté la face cachée du satellite terrestre, y creusant une nouvelle cavité. On a d’abord accusé les joujoux d’Elon Musk. Après une longue enquête, il paraît plus probable que le débris soit d’origine chinoise. Peu importe : il y a quelque chose de saugrenu à imaginer ce déchet solitaire posé sur le paysage lunaire. La pollution humaine atteint des horizons insoupçonnés.
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