La kétamine de plus en plus utilisée dans la lutte contre la dépression

Un patient marche dans un couloir de l'hôpital psychiatrique du Clos Bernard à Aubervilliers, en banlieue nord de Paris.
Un patient marche dans un couloir de l'hôpital psychiatrique du Clos Bernard à Aubervilliers, en banlieue nord de Paris. ©AFP - Christophe ARCH
Un patient marche dans un couloir de l'hôpital psychiatrique du Clos Bernard à Aubervilliers, en banlieue nord de Paris. ©AFP - Christophe ARCH
Un patient marche dans un couloir de l'hôpital psychiatrique du Clos Bernard à Aubervilliers, en banlieue nord de Paris. ©AFP - Christophe ARCH
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La kétamine est en passe de devenir un traitement majeur dans la lutte contre les symptômes dépressifs.

Une molécule mise au point dans les années 1960. Que l’on utilise depuis lors pour anesthésier : des hommes, des animaux. Ou pour s’offrir d’autres perceptions, lorsque des fêtards la détournent de son usage.

Et Maintenant ? La kétamine est en passe de devenir un traitement majeur dans la lutte contre les symptômes dépressifs. Ces effets dans ce domaine sont connus depuis une vingtaine d’années. Mais son usage ne cesse de s’étendre, dans un domaine, la psychiatrie, qui n’a connu aucune innovation majeure, depuis des décennies. Ainsi depuis 2019, un médicament antidépresseur à base d’eskétamine par voie intranasale (donc par spray) dispose d’une autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne. Pr Raphaël Gaillard, directeur du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’hôpital Saint-Anne et de l’université de Paris nous explique en quoi l’usage de la kétamine dans la lutte contre la dépression représente une révolution.

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Une étude, conduite en 2006 et dont les résultats sont parus dans la revue Archives of Psychiatry, a montré que la kétamine comme traitement fonctionnait pour 70% des patients et seulement 24h après l’injection. Les antidépresseurs, eux, ne fonctionnant que dans 30% des cas. Et mettant souvent deux ou trois semaines à agir. Aux États-Unis bien plus qu’en France, l’usage de la kétamine est déjà répandu.

Autre avantage de la kétamine : la molécule est souvent bien tolérée par les patients. Emmanuel Carrere, frappé de souffrances intérieures, interné à Saint-Anne, ne s’y trompe pas, lorsqu’il raconte dans Yoga, alors qu’il est au plus bas : "Pendant ces quarante minutes, c’est de la défonce XXL. Allongé dans son lit, on reste conscient, parfaitement conscient. On sent s’écouler le temps. On entend le médecin et l’infirmière parler à mi-voix. On a l’impression qu’ils sont très loin. Très loin en contrebas, perdus dans le paysage au-dessus duquel on flotte. Car on flotte. On dérive. On voit tout. On est parfaitement calme. On est parfaitement bien. On aimerait que ça dure toujours." Ce que l’écrivain ne sait pas encore, c’est qu’il ne vit là que le début et que l’enfer est à venir. Car la kétamine présente un problème de taille : ses effets sont transitoires, passagers. Et ses effets plus étranges.

Le regard change sur les psychédéliques. Au-delà de la kétamine, LSD, champignons hallucinogènes sont de plus en plus utilisés pour soigner la dépression, l’anxiété, la dépendance à l’alcool. Avec des effets parfois méconnus. Mais charriant avec eux une promesse de renouvellement, de renaissance. Dans des prises en charge qui en ont bien besoin.

La Méthode scientifique
58 min

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