L'extension des aires marines protégées

Ouessant
Ouessant ©AFP - Marcel Mochet
Ouessant ©AFP - Marcel Mochet
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2009 : 0,8% de l’espace maritime sur lequel s’exerce la souveraineté française est une aire maritime protégée. Et Maintenant ? Nous sommes à plus de 30%. Mais ce constat de surface doit être relativisé.

1963 : le Parc national de Port-Cros, dans le Var, voit le jour. C’est le premier espace protégé français, incluant une partie marine. 2009 : 0,8% de l’espace maritime sur lequel s’exerce la souveraineté française est une aire maritime protégée. Et Maintenant ? Nous sommes à plus de 30%. Une tendance ? Une explosion, qui traverse le monde, tant les AMP - les aires marines protégées - se sont imposées comme l’outil privilégié de la protection des mers et des océans.

En surface, un tel vent, puissant, pourrait nous porter vers l’optimisme car les aires marines protégées présentent des bénéfices multiples. Elles sont censées participer à la sauvegarde des écosystèmes fragiles, concourir à la reproduction et à la survie des espèces. Elles sont censées aider à protéger les côtes, à stocker, séquestrer, le carbone, générer aussi des retombées économiques, sociales, culturelles.

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Toutefois, l’extension des AMP doit être relativisée. D’abord : parce que dans le monde, même dans l’Union européenne, certaines d’entre elles, bien que déclarées, n’existent que sur le papier. Ensuite : parce que toutes n’ont pas le même degré de protection. Or celles qui bénéficient d’une protection intégrale ou haute, les seules qui ont un impact positif sur l’environnement, sont ultra minoritaires. En France, moins de 1,8%. Contre 1,2% il y a 10 ans. Joachim Claudet, écologue et directeur de recherche au CNRS, au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement, nous l’explique.

L’an passé, Emmanuel Macron a annoncé vouloir atteindre 10 % d’aires marines françaises sous "protection forte" d’ici à… 2022. Au vu des chiffres actuels, on voit mal le miracle qui pourrait nous permettre d’y parvenir. Troisième limite de l’extension de ces aires maritimes protégées : la réglementation baigne dans un flou profond et opaque.

À travers le monde, il existe des AMP de toutes sortes, qui dépendent de réglementations variées, fixent des objectifs divers, autorisent parfois la pêche, l’aquaculture ou l’ancrage, alors que d’autres les interdisent. Or évidemment, le flou profite à l’inaction, au moins-disant. Face à cela, des chercheurs de l’Institut pour la recherche et le développement (IRD) et du CNRS ont créé le premier guide au monde des Aires maritimes protégées. Le but : harmoniser, clarifier, aider à décider. ; Joachim Claudet est l’un de ses coauteurs. Il nous décrit l’espoir qu’il place dans ce document inédit.

Pour ses adversaires, une autre limite des zones marines protégées : la gestion des zones non protégées. En effet : en sanctuarisant des fragments d’océans, on offre ce qui reste aux industries, au modèle extractiviste, au laisser-faire. Protéger l’océan tout entier ? Cet océan souhaitable mais lointain repose sans doute sur une révolution intérieure. Changer notre regard sur la mer, sur le fond de la mer, transformer notre façon de la regarder, de nous immerger. Et croire aux sirènes. Au lien indéfectible qui unit la vie et la mer. 

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