L'extension du marché du livre d'occasion

Livres d'occasion
Livres d'occasion ©AFP - Hugo MATHY
Livres d'occasion ©AFP - Hugo MATHY
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Aujourd'hui, deux livres achetés sur dix sont achetés sur le marché secondaire ; avec des impacts majeurs pour l'ensemble des acteurs de la chaîne du livre.

Philippe Lancon, dans les pages du Lambeau, inscrit les mots suivants :

"J’ai toujours aimé les petites librairies où de vieux livres envahissent tout jusqu’à sembler prendre la place de l’air. Ce sont des cabanes au fond des villes, au fond des bois. J’ai l’impression que rien de mal ne pourra y arriver : un labyrinthe sans angoisse ni menace"

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Et Maintenant ? Le marché du livre d’occasion subit de profondes restructurations. Dans le même temps : il s’étend et se transforme. Principalement, du fait de l’essor des plateformes en ligne, qui ont facilité les achats et démocratisé la revente, comme l’illustre le succès de Leboncoin.

Cette semaine, un livre paraît aux presses universitaires de Lyon, et décrit avec précision, passion ces mutations à l’œuvre. Il s’intitule Le livre d’occasion, sociologie d’un commerce en transition. Il est signé Vincent Chabault, sociologue, enseignant chercheur à l'Université Paris Cité, qui a passé 15 années à étudier le marché du livre. Et nous décrit pour commencer l’extension du marché du livre d’occasion.

Comme l’écrit Hervé Le Tellier, dans l’Anomalie :

"Plus personne ne lit aujourd’hui. Tes cousins ont pris tes Pléiade : c’est décoratif, et ça part bien sur eBay"

Ainsi la plateforme est-elle devenue le nouvel intermédiaire du marché, via des acteurs traditionnels qui ont lancé leur site, comme Gibert Joseph, et via des Pure Player, comme Chapitre.com. Alors, comment ces sites transforment le marché ?

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Ces mutations, bien sûr, ont un impact direct sur l’économie de la chaîne du livre. Et sur ses acteurs. Commençons par les libraires. Vincent Chabault braque la lumière sur une étude, menée par des chercheurs américains en économétrie. Étude qui s’attache à décrire le taux de substituabilité du livre d’occasion sur le livre neuf. Eh bien ce taux est relativement bas : il est de 16%. A ce jour, et même si la situation empirera sûrement, on est bien plus dans un parasitage que dans une cannibalisation. Pourquoi ? Parce qu’au-delà du plaisir de la lecture, dont on a bien peu parlé, le neuf et l’occasion ne remplissent pas la même fonction, ni la même promesse. La fonction de l’occasion, c’est aussi l’accès à une offre épuisée ; une offre que le neuf ne propose plus. La promesse, c’est notamment la possibilité de revendre, comme le suggérait d’anciennes campagnes publicitaires de Gibert Jeune, spécialisées, durant de longues décennies, dans le secteur scolaire : "Venez acheter vos livres neufs chez Gibert, vous pourrez les revendre". Après les libraires, Vincent Chabault évoque les autres acteurs de la chaîne du livre !

Au fond, l’autre mutation d'ampleur c’est la disparition progressive, chez un nombre croissant de lecteurs, du consentement à payer le prix du neuf. Alors, si le rapport Racine ne permet pas d’avancer, que proposer pour accompagner et soutenir les acteurs du livre ? Nous serons bientôt en lisière de campagne présidentielle. Pour avancer, il serait grand temps de saisir… cette occasion.

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