Courir, sauter, crier ! Préserver l'activité physique des enfants malgré le Covid : épisode 9/13 du podcast L'éducation face au Covid

Bouger pour bien grandir, même dans la contrainte
Bouger pour bien grandir, même dans la contrainte ©Getty -  Catherine Falls Commercial
Bouger pour bien grandir, même dans la contrainte ©Getty - Catherine Falls Commercial
Bouger pour bien grandir, même dans la contrainte ©Getty - Catherine Falls Commercial
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Alors que la plan "30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école" vient d'être lancé mais que le protocole sanitaire interdit le sport en intérieur, Être et Savoir s'interroge sur la place de l'activité physique et du sport dans la vie des enfants et nos contradictions sur le sujet.

Avec
  • Georges Vigarello Historien, philosophe, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • Véronique Moreira Présidente de l'Union sportive de l'enseignement du premier degré (USEP)
  • Nathalie Farpour-Lambert Pédiatre, spécialiste en médecine du sport et en santé publique, présidente de l’Association Européenne de l’étude de l’obésité, médecin associée responsable du Programme Contrepoids des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG)
  • David Thivel Professeur à l’université Clermont-Auvergne, vice-président de l’Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité (ONAPS) et coordinateur des rapports Report Card français sur l’activité physique et la sédentarité de l’enfant et adolescent

Vous avez peut être vu Jean-Michel Blanquer sautiller devant les caméras pour promouvoir la nouvelle convention "30 minutes d’activité physique quotidienne à l’École". Si le ministre de l’éducation, qui est aussi en charge des sports, donne de sa personne pour ce plan, c’est que la nécessité fait consensus : les enfants et les adolescents doivent bouger plus, question de santé !  – et puis ça tombe bien, la France organise les Jeux olympiques en 2024, d’ici là vous verrez fleurir ce label "Génération 2024"…

C’est toujours mieux que génération COVID, mais la triste réalité du moment c’est que le confinement continue de contraindre toute la société à bouger moins : les écrans triomphent, le sport en intérieur est proscrit, le sport en extérieur difficile à mettre en place en plein hiver, et organiser la motricité des élèves de maternelle se complique avec le protocole sanitaire alors que c’est l’âge où les enfants ont le plus besoin de bouger… 

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Justement, nous détaillerons les enjeux de l’éducation physique dès la petite section avec la pédiatre Nathalie Farpour Lambert, spécialiste en médecine du sport et en santé publique, présidente de l’Association Européenne de l’étude de l’obésité ( EASO) et médecin associée responsable du Programme Contrepoids des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Nous réfléchirons à ce qui peut permettre de la favoriser dans nos villes et nos campagnes, en famille et à l’école avec David Thivel, membre du comité scientifique de l’Observatoire de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS) et maître de conférences à l'Université Clermont Auvergne. Enfin, l’historien Georges Vigarello, partagera avec nous son point en vue en début d’émission, et nous entendrons également celui de Véronique Moreira, Présidente de la fédération sportive scolaire des écoles primaires publiques / USEP.

Enfin, nous nous arrêterons sur ce paradoxe éducatif qui consiste à attendre des enfants qu’ils soient sages et calmes mais aussi toniques et dynamiques !

Pour en savoir plus…

  • Retrouvez le site de l' USEP : Union sportive de l'enseignement du premier degré.
  • Le site de l' AME2P (Adaptations Métaboliques à l'Exercice en conditions Physiologiques et Pathologiques) de l'Université Clermont Auvergne.

Les effets de la pandémie 

Selon David Thivel, il ne faut pas tout mettre sur le dos du confinement.

La situation était déjà dramatique pour les plus de 10 ans et les adolescents. David Thivel

C’est clair que le couvre-feu pose un problème pour les activités après l’école notamment. Nathalie Farpour Lambert

L’activité physique est un droit de l’enfant, il est essentiel de respecter les besoins fondamentaux des enfants de bouger même en période d’épidémie, cela doit faire débat. Nathalie Farpour Lambert

Activité physique versus sport

Il faut d’abord s’entendre sur le mot sport, explique Georges Vigarello.

Les gens ont tendance à assimiler l’activité physique et le sport : mais faire un premier pas, se lever le matin c’est déjà commencer à bouger. David Thivel

Il faut promouvoir l’activité physique à tout moment, en classe, en récréation, dans la cour, comme dans le parascolaire. Nathalie Farpour Lambert

La pratique physique en générale, pas seulement le sport, jouer dans la cour par exemple, aide à la santé. Georges Vigarello

Le rôle des parents 

Les parents doivent se rappeler leur rôle modèle, explique Nathalie Farpour Lambert.

Inculquer ce mouvement quotidien c’est aussi une responsabilité parentale. Le principal conseil que peuvent donner les parents c’est "soyons actifs ensemble". David Thivel

Les enfants dont les parents sont actifs ont plus de chance de l’être dans le courant de leur vie. Nathalie Farpour Lambert

Il y a aussi des familles qui n’ont pas les moyens d’inscrire leurs enfants au sport. Nathalie Farpour Lambert

Les risques de la sédentarité 

Aujourd’hui on passe 7 à 8 heures assis dans la journée, rappelle David Thivel.

90% des enfants et des adolescents sont au-delà des recommandations en matière de temps d’écran et de sédentarité. David Thivel

Être sportif et très actif n’empêche pas d’avoir un excès de temps de sédentarité, au risque de voir les bienfaits de son activité annulés. David Thivel

Les multiples bienfaits du sport 

Être actif et le moins sédentaire petit, c’est investir sur son profil futur, analyse David Thivel.

Le sport promeut de la morale, c’est une activité formatrice et il favorise une meilleure défense de l’organisme. Georges Vigarello

Les bénéfices de l’activité ne sont pas que cardio-respiratoires mais sont aussi neuro-cognitifs, ils agissent également sur la santé mentale. David Thivel

Les contradictions de l’école

La place du corps a l’école doit être mieux prise en compte, selon Véronique Moreira.

L’école est aussi un vecteur de sédentarité, les enfants passent de plus en plus de temps assis et parfois avec un écran, il va falloir apprendre à rompre cette sédentarité. David Thivel

Le fait d’immobiliser les enfants à l’école c’est une tradition, c’est en fait une pratique disciplinaire. Trop contraindre l’enfant ça peut avoir des effets négatifs comme la fatigue paradoxalement. Georges Vigarello

La récréation est incontournable, vous vous y défatiguez. Georges Vigarello

Au-delà des moyens financiers nous avons besoin d’une reconnaissance plus forte du ministère pour redonner une dynamique sportive à l’école du premier degré. Véronique Moreira

Éviter la contrainte

À partir du moment ou on est prescriptif on est dans la contrainte, or il faut encourager, être éducatif, explique David Thivel. 

Les professeurs d’EPS ont compris que le rôle de l’EPS a énormément évolué ces dernières décennies. David Thivel

L’idée c’est que les enfants puissent avoir aussi une activité réflexive sur leur pratique. Véronique Moreira

Le facteur essentiel chez l’enfant c’est le plaisir, c’est pourquoi les activités physiques en jouant sont extrêmement importantes. Nathalie Farpour Lambert

Illustrations sonores

  • Extrait du Magazine de la redaction du 29 janvier 2021 sur France Culture avec David Binet, professeur d’EPS.
  • Extrait du disque l'Éducation physique en musique (1959).
  • Survivor, The eye of the tiger (1982).

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