A la veille de l'épreuve de philosophie du baccalauréat, Etre et savoir s'interroge sur le nouvel enseignement de la spécialité "Humanités, littérature et philosophie", et plus largement sur les réformes contestées du baccalauréat et du lycée, alors qu'une grève des surveillants se profile.
- Guillaume Tardy professeur d’Histoire-géographie au lycée.
- Laurence Lacroix Enseignante en philosophie en terminale au lycée Voltaire d’Orléans La Source.
- Frédérique Rolet Secrétaire générale du Syndicat national des enseignants du second degré (SNES-FSU)
- Philippe Raynaud professeur émérite de science politique à l'université Panthéon-Assas, membre de l'Institut universitaire de France
- Thibault Noël-Artaud Professeur de philosophie dans un lycée de Seine et Marne.
Aujourd'hui deux sujets en un dans Etre et savoir pour cette émission spéciale consacrée au baccalauréat.
Dans un premier temps nous nous pencherons sur le baccalauréat de philosophie : le programme de philosophie va changer, et nous nous demanderons pourquoi et comment concevoir un nouveau programme pour cette discipline si particulière. Comment s’opèrent les choix des notions et des auteurs, et pourquoi tant de polémiques autour de ces questions cette année? Enfin, en quoi va consister l’enseignement de la spécialité "Humanités, littérature et philosophie" dispensé à partir de la classe de première, à la rentrée prochaine? Nous tenterons de répondre à ces questions avec nos invités Philippe Raynaud, vice-président du Conseil supérieur des programmes, et Laurence Lacroix professeure de philosophie à Orléans.
Dans un second temps nous évoquerons la grève de la surveillance du baccalauréat prévue demain lundi 17 juin. Des enseignants de lycée, Thibault Noël-Artaud et Guillaume Tardy, ainsi que Frédérique Rolet, secrétaire nationale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, nous expliqueront pourquoi ils se mobilisent et utilisent ce moyen de pression exceptionnel pour se faire entendre, tentant ainsi un bras de fer avec le ministre...
Avec :
- Philippe Raynaud, vice-président du Conseil supérieur des programmes (CSP) et professeur de philosophie politique à l’université de Paris-II Panthéon-Assas.
Il n'y a jamais eu d'intention d'exclure la psychanalyse ou d'exclure les références à la tradition marxiste, nous avons maintenu la notion de travail sur laquelle il est difficile de dire quelque chose sans citer Marx.
Dans ces nouveaux enseignements il y a "Humanités, littérature et philosophie" pour lequel il fallait faire un programme entièrement nouveau et fondé sur la collaboration complexe des littéraires et des philosophes.
Pour reprendre une formule célèbre de Jaurès on part d'un idéal pour aller au réel, on part de l'idée générale de ce que doit être l'enseignement de la philosophie pour considérer ensuite ce qu'il peut être dans un monde avec les élèves d'aujourd'hui, avec la culture contemporaine et le débat public contemporains tels qu'ils sont, Philippe Raynaud.
- Laurence Lacroix, professeure de philosophie en terminale au Lycée Voltaire à Orléans.
Tous les ans c'est le challenge d'un enseignant, d'amener ses élèves à penser, à construire leur pensée, car c'est ça aussi qui les amènera à l'enseignement supérieur, de leur donner une culture et en même temps de traiter le programme.
Quand j'ai vu ce nouveau programme j'étais ravie de voir qu'il s'enrichissait, qu'il s'ouvrait au monde, cette ouverture sur la philo chinoise, hindou, me parait essentielle parce qu'on à affaire à un multiculturalisme dans nos classes, et que la philosophie prenne en charge un nouveau regard sur le monde et qu'elle présente d'autres cultures que notre culture européenne me paraissait très important.
La littérature va nous apporter une certaine approche des textes, un certain renouvellement dans les textes que nous pouvons étudier, et en même temps la façon que nous avons nous enseignants en philosophie d'aborder ces textes-là enrichie aussi l'approche littéraire. C'est très complémentaire et si cela nous apporte à nous enseignants, je pense que cela apportera aux élèves, Laurence Lacroix.
- Thibault Noel-Artaud, professeur de philosophie dans un lycée de Seine et Marne.
La France est déjà le pays d'Europe qui a le plus d'élèves dans le secondaire.
On aurait aimé que la réforme travaille aussi la question des rythmes scolaires.
- Frédérique Rolet (par téléphone), secrétaire générale du Syndicat national des enseignants du second degré (SNES-FSU) et professeure de Lettres au collège Laboisier à Lambersart (59).
Ce qui me frappe au-delà des aspects quantitatifs et budgétaires, c'est la vision idéologique : pour qui enseignons-nous et avec quels objectifs?
On voit bien à travers le programme de philosophie, avec l'absence de lien entre les épreuves de l'examen et le programme, qu'on va favoriser ceux que Bourdieu appelait les héritiers.
Il y a une réflexion qui est très absente c'est la question de la voie technologique, dont on sait quel rôle elle joue dans la démocratisation, Frédérique Rolet.
- Guillaume Tardy, enseignant d’Histoire-géographie au collège.
Aujourd'hui ce qui prédomine chez les collègues c'est la colère et le sentiment d'être méprisé.
Notre priorité c'est d'aboutir à une égalité des territoires et à une égalité entre les lycéens.
Nous avons le sentiment qu'on nous dénie une expertise de terrain, Guillaume Tardy.
Retrouvez le numéro spécial 2019 de L'Agrégation : Enseignement, recherche, où sont les femmes? (Société des agrégés).
Illustration sonore :
Retrouvez la bande-annonce du documentaire Les défricheurs de Fabien Truong et Mathieu Vadepied, qui sera diffusé sur France 3 le 1er juillet prochain dans L'Heure D (en partenariat avec France Culture).
La leçon de choses de Sophie Bober :
"J'avais envie de voir ailleurs" avec Jamie Gourmaud, auteur de Mon Tour de France des curiosités naturelles et scientifiques (Stock, 2019).
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