A l'occasion de l'exposition "Ne les laissez pas lire" à la BNF, Etre et savoir se penche sur une question toujours d'actualité, celle de la censure et de l'autocensure dans les livres pour enfants. Peut-on tout dire en littérature jeunesse, et qui choque-t-elle vraiment, enfants ou adultes?
- Hélène Valotteau Responsable du service jeunesse de la Médiathèque Françoise Sagan, responsable du Fonds patrimonial
- Bernard Joubert Journaliste spécialiste de la censure
- Marine Planche Conservatrice au Centre national pour la littérature jeunesse de la BNF.
- Agnès Rosenstiehl Auteure jeunesse et illustratrice
- Thierry Magnier Editeur de littérature jeunesse
"Ne les laissez pas lire : polémiques et livres pour enfants ", c’est le titre d’une exposition présentée à la BNF du 17 septembre au 1er décembre 2019, elle est en accès libre et raconte l’histoire de la censure des publications pour la jeunesse… Publications qui amusent, distraient, cultivent et éduquent les enfants et qui, parfois, donc, choquent les adultes.
Parce qu’ils parlaient de la guerre, de politique, de violence, de sexualité, de la mort… parce qu’ils parlaient de la liberté ou tout simplement du corps ; des livres, albums, des bandes-dessinées furent déconseillés ou interdits aux enfants et parfois avec fracas, dans des écoles et des bibliothèques municipales. Aujourd’hui ce sont aussi des pétitions qui circulent pour empêcher la réimpression ou diffusion de livres jugés racistes ou sexistes par exemple, et des polémiques surgissent régulièrement sur les réseaux sociaux. Nos invités, auteurs, éditeurs, spécialistes de la censure et bibliothécaire, nous rappellerons ce qui a fait débat depuis la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, l’occasion de mesurer avec eux l’évolution du regard sur la littérature jeunesse qui est aussi, au fond, un regard sur l’enfance.
Avec :
- Hélène Valotteau, conservatrice, responsable du pôle jeunesse et patrimoine de la Médiathèque Françoise Sagan (Paris 10) et du fonds Patrimonial Heure Joyeuse.
Les enfants savent très bien se protéger tout seuls. Quand quelque chose les dérange ou les choque ils referment le livre ou ne l'emprunte pas.
Sur des sujets comme la sexualité on voit souvent les enfants se cacher derrière les rayonnages pour lire et rire, c'est un moment de lecture intime.
Sans aller jusqu'aux livres médicaments, on a des demandes de parents et d'enfants sur des livres traitant de situations difficiles, Hélène Valotteau.
- Bernard Joubert, journaliste, spécialiste de la censure et auteur notamment de Panorama de la bande dessinée érotique clandestine, Dynamite, 2018 et Dictionnaire des livres et journaux interdits, éditions Le Cercle de la librairie (2011).
La loi de 1949 était une loi qui attaquait au départ la bande dessinée.
Je pense que la censure voit dans la littérature pour enfants une cible facile : qui est contre l'idée de protéger les enfants? C'est une façon d'instrumentaliser la protection de l'enfance, Bernard Joubert.
- Marine Planche, commissaire de l’exposition Ne les laissez pas lire et conservatrice au Centre national pour la littérature jeunesse de la BNF.
En mars dernier, des prêtres polonais ont demandé à des fidèles d'apporter des livres en rapport avec la magie comme Harry Potter ou Twilight, et ont dressé un bûcher pour les brûler, Marine Planche.
- Entretien enregistré avec Agnès Rosenstiehl, auteure et illustratrice jeunesse, notamment de La naissance : les enfants et l’amour, La Ville brûle, 2018 (réédition) et Les filles, La Ville brûle, 2018 (réédition).
C'est inoubliable les livres qu'on lit quand on a 4, 5 ans. C'est une responsabilité énorme de forger l'imaginaire des enfants.
La censure en soit ça dépend qui elle choque. Les enfants ne sont pas choqués, ce sont les adultes qui le sont.
Ne pas avoir peur des mots me semble primordial, Agnès Rosenstiehl.
- Entretien enregistré avec Thierry Magnier, éditeur jeunesse.
On peut reprocher aux adultes d'être amnésiques. Quand on est enfant, on est curieux de tout, on cherche des choses qui nous construisent.
Le plus gros risque aujourd'hui c'est l'autocensure.
Je dis toujours aux auteurs : n'essayez pas d'aseptiser!
On est dans un monde d'images. Il faut quand même savoir les décrypter. C'est un danger de ne pas savoir décrypter les images, Thierry Magnier.
Lien vers le site des éditions Thierry Magnier.
Lien vers le site des éditions La Ville brûle.
Retrouvez le site de l'exposition Scientifiction, Blake et Mortimer aux Musée des arts et métiers jusqu'au 05 janvier 2020.
Illustrations sonores :
- "Z'avez pas lu Kafka?, Suzanne Gabriello (1966).
- "Wrapped up in books", Belle and Sebastian (2003).
- Archive Ina/France Culture du 25/10/1978 avec Geneviève Patte.
- Archive Ina/RTF du 06/02/1948 avec André Brasdevant.
Pour aller plus loin :
Le leçon de choses de Sophie Bober :
Avec l'artiste plasticien Yan Pein Ming pour son exposition "Yan Pei Ming face à Courbet" du 10 juin au 30 septembre au musée Courbet d'Ornans et "Un enterrement à Shanghai" au Musée d’Orsay du 1er octobre au 12 janvier 2020.
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