Alors que l'Education nationale prône de plus en plus la bienveillance envers les élèves, et que la loi anti-fessée a été définitivement adoptée au Sénat le 2 juillet dernier, Etre et savoir s'interroge : la parentalité positive, concept flou ou méthode miracle?
- Isabelle Filliozat Psychothérapeute et auteure
- Béatrice Kammerer Journaliste éducation et parentalité
- Claude Martin Sociologue de l'éducation
9 mois de gestation, 9 mois entre le premier texte et la promulgation de la loi sur les violences éducatives le 10 juillet dernier. Ce n’est pas seulement les fessées qui y sont proscrites mais l’usage de la violence, y compris verbale, envers les enfants.
C’est bien un signe des temps pour reprendre une formule qu’on aime bien à France Culture, un signe des temps de ce qui change en matière d’éducation et dans la manière de considérer l’enfance.
A ceci s’ajoute le fait que le ministère de la Santé s’est doté depuis janvier d'un secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, Adrien Taquet, qui élabore actuellement des politiques de la famille qui incluent toujours davantage la question de la parentalité. Les Caisses d’allocations familiales se sont également saisies de la question depuis quelques années, et l’Education nationale prône désormais la bienveillance envers les élèves.
Mais que signifient ces termes : "parentalité", "bienveillance éducative" et "éducation positive", des mots qui ont d’abord commencé par occuper les rayons psychologie des librairies et qui aujourd’hui font vendre des millions de livres ? Que signifie, aussi, cette vision parfois qualifiée d’individualiste de la charge éducative, pour les parents en premier lieu ?
Cette émission – comme tous les numéros d’Etre et savoir - vous propose d’explorer une question éducative, en cherchant à la fois à la définir, en éclairant les enjeux qui y sont attachés et surtout en questionnant ceux dont les travaux sur la question sont les plus importants… une manière de nourrir votre réflexion.
Avec :
- Béatrice Kammerer, journaliste spécialisée en éducation, auteure de L'éducation vraiment positive (Larousse, 2019) et Comment éviter de se fâcher avec la terre entière en devenant parent (Belin, 2017).
Le terme "éducation positive" est un peu une coquille vide dans laquelle chacun peut projeter ce qu'il veut.
C'est compliqué la parentalité aujourd'hui, il y a de fortes attentes sociales. Les parents sont en attente d'une méthode miracle.
Tout se passe comme si les enfants avaient droit au respect, à la bienveillance etc., mais pas les parents qu'on peut violenter ou culpabiliser.
- Claude Martin (en duplex depuis Rennes), sociologue et directeur de recherche au CNRS, auteur notamment de Etre un bon parent : une injonction contemporaine (éditions de l'EHESP, 2014).
Il y a derrière le recours aux neurosciences, qui conçoit l'enfant comme un formidable ordinateur, une forme d'abus.
On parle de parents pour ne pas parler de pères ou de mères.
On accentue énormément le rôle que les parents peuvent jouer. S'ils ne "musclent pas le cerveau" de leurs enfants ils vont créer des monstres qui vont plus tard coûter de l'argent public.
- Entretien avec Isabelle Filliozat, psychothérapeute et auteure notamment de Au cœur des émotions de l’enfant (Marabout, 2019) et de J’ai tout essayé (Marabout, 2019).
Il y a d'autres manières de refuser que de dire non. Il s'agit de donner des ressources plus que des limites.
La parentalité positive c'est une parentalité qui respecte les besoins et les droits des enfants et des parents.
Tout n'est pas de la responsabilité des parents, nous avons besoin de modifier profondément nos structures sociales.
Illustrations sonores :
- Fais pas ci, fais pas ça, Jacques Dutronc (1968).
- Ghost, Skip the use (2012).
- Stand on the word, The Joubert Singers (2016).
- Extrait de "Les mamans calmes" de Florence Foresti (spectacle Madame Foresti, 2015).
- Extrait d'un entretien de Jean-Jacques Servan-Schreiber avec Françoise Dolto en 1977 sur TF1.
- Extrait de l'émission Super Nanny (TF1).
Retrouvez la page d 'Isabelle Filliozat.
Pour aller plus loin :
La leçon de choses de Sophie Bober :
Avec le peintre Pierre Buraglio, fondateur du mouvement Supports/Surfaces, à l'honneur d'une rétrospective jusqu'au 22 septembre au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne : “Pierre Buraglio – Bas Voltage”.
Rediffusion de l'émission du 8 septembre 2019
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