A l'école et à la maison, à l'heure du Covid et malgré (ou avec) les écrans, comment cultiver sa concentration.
- Anthony Ravel Professeur de SVT au collège à Paris
- Catherine Watine Psychologue de formation et ludologue, présidente de l'Association A l'adresse du jeu
- Jean-Philippe Lachaux Directeur de recherche Inserm au Centre de recherche en neurosciences de Lyon
Qu’y a t-il de plus satisfaisant dans la vie que d’être pleinement à ce qu’on fait ? Etre concentré est un petit état de grâce non ? Hélas la concentration est fragile : l’esprit s’envole si vite et ne nous obéit pas… C’est peut-être pour ça, et parce qu’on a tellement besoin de notre attention, en particulier à l’école, pour apprendre et comprendre que Jean-Philippe Lachaux, chercheur à l' Inserm en neurosciences cognitives et codirecteur de l'équipe Eduwell du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, y a consacré plusieurs ouvrages, à destination des adultes et des plus jeunes… Et qu’il a mis sur pied le projet Atole (ATentif à l'écOLE), programme de découverte et d'apprentissage de l'attention en milieu scolaire.
Connaître les mécanismes de l’attention et de la concentration peut aider les élèves et les étudiants mais aussi – et c’est important - les enseignants et les parents à mieux l’apprivoiser, nous en parlerons avec un professeur de SVT au collège à Paris, Anthony Ravel. Nous nous attarderons également, il le faut, sur les troubles de l’attention, les TDAH (trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité). Ils sont de plus en plus repérés – de quoi s’agit-il exactement ? Réponse avec la pédopsychiatre au CHU de Montpellier Nathalie Franc, et Léandro, élève de sixième. Nous nous demanderons si la capacité à se concentrer des adolescents, des plus fragiles aux mieux adaptés, a été durablement mise à mal par l’école à distance et les cours en ligne !
Enfin avec la ludologue Catherine Watine, présidente de l'association "A l'adresse du jeu", nous évoquerons l’attention naturelle des enfants… Pour qui rien n’est plus facile que de basculer dans un autre univers, d’être pleinement présents, aspirés, captivés, concentrés par le JEU… Et nous nous demanderons comment cultiver cette capacité toute la vie !
La concentration en question
La faculté de concentration se prépare déjà tout bébé, explique Catherine Watine.
L’individu doit être responsable de sa propre attention. Jean-Philippe Lachaux
La concentration, ça doit être léger. Jean-Philippe Lachaux
L’enfant a besoin d’être dans le mouvement, mais il écoute, il entend, il est capable de faire plusieurs choses à la fois. Catherine Watine
Une question de choix
Chaque personne est libre de ne pas être attentive ou au contraire d’engager son attention, rappelle Jean-Philippe Lachaux.
Si vous êtes dans une activité choisie, volontaire, évidemment cela va favoriser la concentration. Jean-Philippe Lachaux
A partir du moment où les enfants ont choisi un univers de jeu ils s’installent dans une concentration qui peut durer. Catherine Watine
Une interaction avec l’enseignant
Un élève qui vous regarde c’est en général un élève qui est attentif, la réactivité à une activité est aussi importante, explique Anthony Ravel.
On ne peut vraiment faire un travail sur l’attention qu’en ramenant l’élève à sa condition d’être humain. Jean-Philippe Lachaux
Je crois beaucoup à l’expertise de l’enseignant pour mesurer le taux de concentration des élèves. Jean-Philippe Lachaux
En SVT on peut faire des manipulations, c’est très motivant pour les élèves. Anthony Ravel
Une évolution sociétale
Il y a clairement une évolution de l’attention au niveau sociétal, selon Jean-Philippe Lachaux.
Les enseignants s’épuisent de plus en plus à essayer de capter l’attention des élèves. Jean-Philippe Lachaux.
Le grand risque de nos jour, c’est de s’enfermer dans des centres d’intérêt qui sont toujours les mêmes. Jean-Philippe Lachaux
Le rôle du jeu
Dans le jeu le circuit de la récompense est stimulé, rappelle Jean-Philippe Lachaux.
Dans le jeu on est dans quelque chose de magique, l’attention et la concentration sont naturelles. Catherine Watine
Les enfants sont beaucoup plus disponibles aux apprentissages après un temps de jeu. Catherine Watine
Le jeu video utilisé en classe rappelle aux élèves leur propre culture, ce qui les rend plus attentifs. Anthony Ravel
Les troubles de l’attention
C’est un trouble qui concerne 5% des enfants en milieu scolaire donc c’est assez conséquent, même s'il n’y en a pas plus aujourd’hui qu’il y a 30 ans explique Nathalie Franc.
Il ne faut pas oublier que l’hyperactivité peut être mentale quand l’environnement n’est pas jugé assez stimulant. Jean-Philippe Lachaux
Certains élèves qui ont des troubles demandent beaucoup plus d’attention de notre part, or c’est compliqué avec nos effectifs. Anthony Ravel
Ce sont des enfants qui sont vraiment en souffrance et finalement le diagnostic est quelque chose de rassurant pour eux et leurs parents. Nathalie Franc
Lien vers le site de l'association HypersSupers TDAH France.
Retrouvez l'entretien de Romane Pellen avec Charlotte Jacquemot (chercheuse en sciences cognitives à l’Inserm) dans Le Monde du 02/03/21 : "Pour les étudiants, les cours en visioconférence demandent plus d’énergie et de concentration".
Illustrations sonores :
- Bob Marley & The Wailers, "Redemption song"
- Niklas Paschburg, "Tuur Mang Welten"
- Baloji, "Le reste du monde"
Enfin c’est aujourd’hui la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, on peut rappeler que le sujet intéresse la littérature jeunesse avec notamment les ouvrage de Maryse Condé comme Chiens fous dans la brousse (Bayard, 2008), ou encore Alma, le vent se lève, de Timothée de Fombelle (Gallimard, 2020), La vraie couleur de la vanille de Sophie Cherer (Ecole des loisirs, 2012) et L’esclavage un crime contre l’humanité (collection Le fil de l’histoire chez Dupuis, 2021) de Fabrice Herre et Sylvain Savoïa.
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