En théorie, chaque enseignant est libre de choisir les méthodes qui lui semblent les plus appropriées, mais y a-t-il une "bonne" pratique de cette liberté, qui en marquerait les limites ?
- Olivier Sidokpohou Inspecteur général de l'Education nationale
- Célia Rosentraub Présidente de l’association Les Editeurs d'éducation
- Nathalie Mons Présidente du Conseil national de l'évaluation du système scolaire (Cnesco), professeure de sociologie à l'université de Cergy-Pontoise et au CNAM (chaire Évaluation des politiques publiques d’éducation)
- Philippe Meirieu Spécialiste de la pédagogie et professeur émérite à l’université Lumière Lyon 2
- Florie Cristofoli-Coulon Professeure des écoles et formatrice
La liberté pédagogique est la liberté des professeur.e.s de choisir les méthodes, les exercices, le type de notation qui leur semblent les mieux adaptés pour atteindre les objectifs du programme et faire progresser les élèves. C’est aussi la liberté d’enseigner d’une manière qui leur convient et leur correspond, personnellement et intellectuellement.
Ce principe, nous allons l’expliquer, a une longue histoire, aussi longue que celle de l’école. La liberté pédagogique arrive aujourd’hui dans actualité parce que le ministère de l’éducation publie des guides, les livrets orange, qui s’ajoutent aux programmes scolaires et fournissent des méthodes bien précises pour enseigner la lecture, la grammaire ou les mathématiques en CP par exemple… Cela remet-il en cause les prérogatives des enseignants ? Nous allons en débattre.
Le sujet peut sembler technique mais, en fait il concerne la manière même d’exercer le métier d’enseignant : est-on un concepteur libre et éclairé de son cours ou un exécutant ? Changer cette professionnalité peut-il avoir un effet sur l’attractivité du métier ?
Et au fond, comment définir cette liberté pédagogique par rapport aux décisions du politique – est-ce à ce dernier de choisir la manière dont on fait la classe ? Où est le bon équilibre ? Que cela change-t-il pour les élèves ? Enfin, quel contrôle exercer sur l’efficacité de l’enseignement ?
Nous en parlons ce soir avec nos invités, Philippe Meirieu, professeur honoraire en sciences de l’éducation, président national des CEMEA (Centres d'entrainement aux Méthodes d'Education Actives), auteur du Dictionnaire inattendu de pédagogie (ESF éditeur, 2021), Olivier Sidokpohou, Inspecteur général de l'Education national, du sport et de la recherche, responsable du Collège Expertise disciplinaire et pédagogique, Nathalie Mons, présidente du Conseil national de l'évaluation du système scolaire ( Cnesco), professeure au CNAM (Conservatoire nationale des arts et métiers), Célia Rosentraub, directrice générale des Éditions Hatier et présidente de l’association Les Éditeurs d’Éducation, et Florie Cristofoli-Coulon, professeure des écoles et formatrice.
"On ne peut pas faire pas vivre les valeurs de la République et transmettre les savoirs séparément, les personnes accèdent par le savoir à la liberté." Philippe Meirieu
"Il faut éclairer l’acte pédagogique, mais éclairer ne veut pas dire dicter." Philippe Meirieu
"La notion de collectif c’est important, on est pas libre tout seul." Olivier Sidokpohou
"La fabrique des programmes est une fabrique extrêmement complexe, on consulte les éditeurs, le ministre, les syndicats, les inspecteurs…" Olivier Sidokpohou
"Ce sont les programmes et les instructions officielles qui bornent cette liberté, qui doit être encadrée par l’état pour garantir l’égalité des savoirs." Florie Cristofoli-Coulon
"La liberté pédagogique n’est pas un privilège, ni une facilité, c’est au contraire une grande exigence, on doit savoir s’adapter en permanence à la diversité des élèves." Florie Cristofoli-Coulon
"L’éditeur scolaire va procéder à une interprétation du programme qui est à la fois des savoirs exigibles et un esprit." Célia Rosentraub
"L’éditeur à la liberté de publier dans le cadre des programmes, l’enseignant à la liberté de choisir un manuel et une liberté d’usage de ce manuel." Célia Rosentraub
"La grande tendance sur les 30 dernières années c’est de corseter cette liberté pédagogique dans les pays dans lesquels il y avait historiquement une grande liberté." Nathalie Mons
"L’acte d’enseigner c’est une rencontre humaine, il faut une marge de manoeuvre importante dans la classe." Nathalie Mons
Lien vers le rapport de Claude Thélot (octobre 2004) : Pour la réussite de tous les élèves : rapport de la Commission du débat national sur l'avenir de l'Ecole.
Illustration sonore
- "Aqui" de Mauricio Assis, interprété par Dan Arruda / Label : Daniel Tauhyl de Arruda
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