Alors que se tiendront le 11 octobre prochain les élections des parents d"élèves, Etre et savoir s'interroge : au-delà des injonctions paradoxales - trop ou pas assez proches de l’école -, comment penser la présence des parents à l’école? Une question de représentation et de démocratie locale.
- Jeanne Bernard Parent d'élèves et facilitatrice, fondatrice de l'agence Katsi
- Pierre Périer Sociologue, Prof. Sciences educ. Université Rennes 2
- Sylvaine Baehrel Présidente de la Fcpe Paris
- Fatiha Ait Alla Membre du collectif Les mères du petit Bard à Montpellier
- Édouard Geffray Directeur général de l'enseignement scolaire (DGESCO)
Quelle place pour les parents à l’école ? Nous posons la question alors que les élections de parents d’élèves se tiennent le 11 octobre, vendredi prochain.
Alors ces parents, trop ou pas assez proches de l’école ? Emmerdeurs, consommateurs d’éducation ou négligents ? Oui les parents n’ont pas forcément bonne réputation – mais à quoi pourrait ressembler ce mystérieux parent qui serait un bon parent d’élèves pour les enseignants, les autres parents et même… ses propres enfants ? Surtout que si l'on se réfère aux textes officiels, "les parents sont des membres à part entière de la communauté éducative".
Leur rôle est important, et on peut lire ce conseil adressé à tous, toujours sur le site du ministère de l’Education nationale : "la réussite de la scolarité de votre enfant est liée au dialogue qui s'établira entre les personnels de l'école ou de l'établissement scolaire du second degré et vous-même, et de votre implication dans l'accompagnement de sa scolarité". Une phrase qui raisonne étrangement alors que tant de parents sont "invisibles" à l’école... Mais pourquoi ? c’est la question que s’est précisément posé notre invité, le sociologue Pierre Périer – en enquêtant auprès des enseignants et des parents.
Enfin s’il en va de la réussite des enfants comme le disent les textes officiels, il est aussi question de penser notre relation à une institution à laquelle nous pouvons participer : s'agit-il d’être simplement présent, ou peut-on parler d’un vrai rôle pour l’école, d'une forme de démocratie locale? D’ailleurs, qu’apprend on en étant parent d’élèves ?
Avec :
- Pierre Périer (en duplex de Rennes), professeur en Sciences de l’éducation à l’université de Rennes 2, membre du Centre de Recherche sur l’Education les Apprentissages et la Didactique ( CREAD) et auteur notamment de Les parents invisibles, l’école face à la précarité familiale, PUF, 2019.
Dans les faits on ne peut pas dire que tous les parents sont visibles. Il y a enjeux à réfléchir sur la manière de faire avec cette question de la visibilité.
Demander aux parents de s'impliquer c'est une façon de mal poser le problème, car c'est ne pas reconnaître qu'ils s'impliquent déjà.
Un des enjeux c'est de penser le lien entre l'institution scolaire et les familles en prenant en compte la diversité des parents.
Derrière ces parents invisibles il y a des parents impliqués, Pierre Périer.
- Jeanne Bernard, parent d’élèves, facilitatrice, fondatrice de l’agence Katsi.
Ce que nous avons fait à l'école c'est que nous avons pris des temps qui existaient déjà pour les transformer en moments collaboratifs, ouverts à tous, pour que les gens se rencontrent.
En étant parent d'élèves on apprend le fonctionnement de l'école et on apprend à écouter l'autre, que ce soit l'ATSEM, les enseignants, les élèves ou encore les autres parents...
S'écouter ce n'est pas être d'accord, Jeanne Bernard.
- Edouard Geffray (entretien préenregistré), directeur général de l’enseignement scolaire au Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse.
A l'école, tous les parents sont les bienvenus, Edouard Geffray.
- Fatiha Ait Alla (au téléphone), membre fondatrice du collectif Les parents d'élèves du Petit Bard-Pergola à Montpellier.
Notre volonté première c'est la réussite de nos enfants, mais c'est aussi pouvoir agir pour tous les enfants de France.
L'école est ouverte aux parents, mais sous quelles conditions?
Il y a une réalité c'est qu'un regard différent est porté sur les parents des quartiers populaires, on pense qu'ils ont un manque de légitimé à s'exprimer.
- Sylvaine Baehrel, membre du collectif Apprendre Ensemble (75018 Paris), élue au Conseil d’administration de la FCPE Paris.
Les gens qui n'ont pas forcément les codes de l'école ne se posent pas de questions, ils vont dans l'école où ils doivent être. Ce sont les parents visibles qui se posent les questions et les invisibles qui ont du mal à se les approprier.
Le terme "invisibles" me gêne, car ce n'est pas parce que ces parents sont invisibles de l'institution qu'ils sont invisibles dans le parcours de leurs enfants.
La question de la représentation des parents d'élèves est une vraie question de démocratie, Sylvaine Baehrel.
Illustrations sonores :
- "Papa loves mambo", Dario Moreno (1955).
- "Cold little heart", Michael Kiwanuka (2016).
- Extrait du discours du président Emmanuel Macron sur le plan banlieues le 22 mai 2018.
Pour aller plus loin :
La leçon de choses de Sophie Bober :
Avec le grand reporter, ancien correspondant à Jérusalem pour Le Monde, Piotr Smolar, auteur de Mauvais Juif (Les Equateurs, septembre 2019).
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