Enceinte, j’ai dû quitter Haïfa qui était bombardée par l’aviation italienne.
- Amos Gitai Cinéaste
Pages choisies par Amos Gitai et Jeanne Moreau
Lues par Jeanne Moreau
Avec la participation de Marie-José Sanselme Réalisation : Jacques Taroni
Les lettres d’Efratia Gitai, établies et annotées par Rivka Gitai sont publiées par les éditions Gallimard dans une traduction d’Emmanuel Moses et Katherine Werchowski.
Jeanne Moreau nous a fait l’immense plaisir de choisir ces lettres avec Amos Gitai, de les lire et de les présenter elle-même pour la radio. Près de quatre heures de programmes enregistrés spécialement pour France Culture et diffusés sous la forme d’un feuilleton radiophonique, réalisé par Jacques Taroni.
« Efratia Gitai est née à Haïfa en 1909 et elle est morte dans la même ville en 2004, à l'âge de 94 ans.
Sa correspondance traverse l'essentiel de sa vie, depuis les premières lettres datant de 1929, dans lesquelles elle s'adresse à son père et à ses sœurs, affirmant vaillamment son indépendance d'esprit, sa curiosité pour le monde et la vie politique, jusqu’aux lettres des années 90 peu avant sa mort qui font entendre une forme d’intranquillité.
Grande lectrice, intellectuelle, voyageuse, Efratia nous charme par son goût immodéré de la vie, et l'énergie qu'elle met à traverser toutes les épreuves de l’existence, les bonnes et les moins bonnes. Les lecteurs et les auditeurs seront étonnés par la beauté de son écriture, magnifiquement traduite de l'hébreu, sa clairvoyance politique et historique, son ravissement devant la vie, son goût des paysages, celui du Mont Carmel où elle habite avec son mari Munio, architecte issu du Bauhaus, mais aussi les rues froides de Londres, ou un lac en Finlande. »
Blandine Masson
«Efratia, comme les femmes de sa génération nées sur la terre d'Israël, n'est pas une femme de la diaspora. Elle n'est pas non plus israélienne. Israël n'existe pas encore. Cette génération va inventer son appartenance. Efratia a écrit des lettres toute sa vie. Très tôt, elle les a conservées, comme pour retenir des moments de son histoire, comme si l'intime incarnait le destin de cette terre. Cette correspondance raconte la vie d'une femme, Efratia, ma mère, ses réflexions intimes et ses hésitations de jeune fille, sa soif d'indépendance, ses débats passionnés avec son père sur le destin de son pays, l'amour, le culte de l'amitié et la maternité, puis les deuils, la vieillesse, les moments de trouble. J'entends encore sa voix, son hébreu archaïque de fille de travaillistes qui voulaient que leur enfant parle un hébreu moderne, de notre temps.»
Amos Gitai
En près de quarante films, Amos Gitai a produit une œuvre extraordinairement variée où il explore l’histoire du Moyen Orient et sa propre biographie à travers les thèmes récurrents de l’exil et de l’utopie.
A la fin des années 70 et au début des années 80, Amos Gitai livre plusieurs documentaires, parmi lesquels Journal de campagne qui suscitera une controverse. En 1983, il s’installe à Paris où il restera dix ans, travaillant à des documentaires comme_Ananas_ et commençant à mettre en scène des fictions sur le thème de l’exil comme_Esther_ ou Berlin-Jérusalem (Prix de la Critique à la Mostra de Venise).
Au cours des années 90, à la suite de l’élection de Yitzhak Rabin comme Premier Ministre, il retourne en Israël pour s’installer à Haïfa. C’est le début de la période la plus fertile de sa carrière. Devarim en 1995, qui marque son retour dans son pays et ses retrouvailles avec la lumière et la géographie d’une ville (Tel Aviv), est le premier volet d’une trilogie qui se poursuit avec Yom Yom (Haïfa) et Kadosh (sur Mea Sharim, le quartier des religieux orthodoxes de Jérusalem).
En 2000, Gitai tourne Kippour, une fiction inspirée par ses souvenirs de guerre.
Suivent Eden et Kedma qui mettent en scène les fondements historiques et idéologiques de l’Etat d’Israël. Avec Alila, puis Terre promise et Free Zone, Amos Gitai revient au présent avec des fictions ancrées dans l’actualité du pays et de toute sa région. En 2010 sort_Carmel_, son film le plus autobiographique.
Prise de son : Claire Levasseur
L'équipe
- Collaboration
- Collaboration