Un jour on appela Sylvestre au bureau de sa compagnie ; on avait à lui annoncer qu’il était désigné pour la Chine, pour l’escadre de Formose ! Il partait à la guerre.
Il se doutait depuis longtemps que ça arriverait, ayant entendu dire à ceux qui lisaient les journaux que, par là-bas, la guerre n’en finissait plus. À cause de l’urgence du départ, on le prévenait en même temps qu’on ne pourrait pas lui donner la permission accordée d’ordinaire, pour les adieux, à ceux qui vont en campagne : dans cinq jours, il faudrait faire son sac et s’en aller. Il lui vint un trouble extrême : c’était le charme des grands voyages, de l’inconnu, de la guerre : aussi l’angoisse de tout quitter, avec l’inquiétude vague de ne plus revenir.
Mille choses tourbillonnaient dans sa tête. Un grand bruit se faisait autour de lui, dans les salles du quartier, où quantité d’autres venaient d’être désignés aussi pour cette escadre de Chine.
Et vite il écrivit à sa pauvre vieille grand’mère, vite, au crayon, assis par terre, isolé dans une rêverie agitée, au milieu du va-et-vient et de la clameur de tous ces jeunes hommes qui, comme lui, allaient partir."
Adaptation Hervé Prudon
Réalisation : Etienne Valles
Avec : Jean Pierre Moreux (le narrateur), Marie Christine Letort (la narratrice), Florence Lecorre (Gaude), Nicolas Struve (Yann), Dominique Pinon (Guillaume)
Et les voix de : Luce Bekistan, Jean Yves Duparc, Martial Leminoux, Loïc Pichon, Hervé Colombel.
Bruitage : Bertrand Amiel
Prise de son, montage, mixage : Claire Levasseur, Nadège Antonini
Assistante : Annabelle Brouard
Louis-Marie-Julien Viaud dit Pierre Loti est un écrivain et officier de marine français, né le 14 janvier 1850 à Rochefort et mort le 10 juin 1923 à Hendaye. Pierre Loti, dont une grande partie de l'œuvre est d'inspiration autobiographique, s'est nourri de ses voyages pour écrire ses romans, par exemple à Tahiti pour _Le Mariage de Loti (_1882), au Sénégal pour _Le Roman d'un spahi (_1881) ou au Japon pour Madame Chrysanthème (1887). Il a gardé toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie, il l'illustre notamment dans Aziyadé (1879), et sa suite Fantôme d'Orient (1892). Pierre Loti a également exploité l'exotisme régional dans certaines de ses œuvres les plus connues, comme celui de la Bretagne dans le roman Mon frère Yves (1883) ou Pêcheur d'Islande (1886), et du Pays basque dans _Ramuntcho (_1897).
Membre de l'Académie française à partir de 1891, il meurt en 1923, a droit à des funérailles nationales et est enterré à Saint-Pierre-d'Oléron, sur l'île d'Oléron, dans le jardin d'une maison ayant appartenu à sa famille. Sa maison à Rochefort est devenue un musée.
Suivie de
La Mer de Jules Michelet. Extraits lus par Jacques Gamblin
Introduction de Pierre Loti lue par Garance Clavel
Musique : Arvo Part Commentaires de Pierre Loti extraits de : "Compte rendu de _La Mer d_e Jules Michelet", Revue de Paris, 15 novembre 1894, repris dans Reflets sur la sombre route, 1899.
Equipe de réalisation : Antoine Viossat, Claire Chaineaux, Juliette Heymann
Episode 4
8 min
L'équipe
- Collaboration