Je ne sais rien de meilleur que cette vie errante, au hasard. On est libre, sans entraves d’aucune sorte, sans soucis, sans préoccupations, sans penser même au lendemain. On va par le chemin qui vous plaît, sans autre guide que sa fantaisie, sans autre conseiller que le plaisir des yeux...
Textes choisis par Etienne Valles et lus par Georges Claisse
Réalisation : Etienne Valles
Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière.
On va par le chemin qui vous plaît, sans autre guide que sa fantaisie, sans autre conseiller que le plaisir des yeux. On s'arrête parce qu'un ruisseau vous a séduit, parce qu'on sentait bon les pommes de terre frites à la porte d'un hôtelier. Parfois c'est un parfum de clématite qui a décidé de votre choix, ou l'œillade naïve d'une fille d'auberge. " Guy de Maupassant, Miss Harriet
En 1889 l'exposition universelle bat son plein, Guy de Maupassant la parcourt, s'y intéresse, essaie de comprendre la marche de l'histoire, la nature des progrès scientifiques et techniques qui s'y révèlent, mais " trop, c'est trop ". La foule anonyme, l'engouement général sans recul ni vision, la promiscuité qui résulte de l'envahissement touristique de la capitale et l'affreuse Tour Eiffel qui symbolise tout cela, suscitent en lui un besoin d'évasion, d'errance et de voyage. Ainsi justifie-t-il son départ pour une longue croisière en yacht le long des côtes Italiennes, dont il rapportera dans un récit intitulé La Vie errante, des descriptions somptueuses, particulièrement vivantes et précises, de paysages, d'architectures, de peintures et de personnages de rencontre, ponctuées par des " marines " comme autant d'enluminures poétiques ou techniques sur la navigation à voile.
Présentation 2ième émission
Après avoir quitté Paris, sa foule anonyme attirée par la grande exposition universelle de 1889, ses échos multiples (dont une Tour Eiffel mal aimée) et la vision d’un futur qu’il n’aime pas, Guy de Maupassant embarque à Cannes pour une croisière le long des côtes italiennes. Passant devant San Remo, une expérience sensorielle singulière mêlant l’audition, l’odorat et le toucher, ou plutôt les sensations offertes par la caresse de la brise de terre sur sa peau, le sidère : des effluves de musique parvenant de la côte alors que son bateau croise lentement au large, à la tombée de la nuit, ainsi que de multiples senteurs de la terre, lui évoquent les expériences poétiques de Baudelaire et Rimbaud. Ce moment étrange et comme « suspendu », hors du temps et de l’espace, purement sensitif, lui remet en mémoire « Correspondances », qu’il cite intégralement, ainsi que les Voyelles de Rimbaud, ces poèmes font écho à la confusion sensorielle qu’il vient d’éprouver. Puis la nuit tombe tout à fait et le voilier reprend sa marche.
Le lendemain matin, nouvelles impressions, nouvelles sensations. Maupassant est toujours en mer…
Prise de son et mixage : Claude Niort
Assistance technique et montage : Emmanuel Armaing
Assistante à la réalisation : Alice Kachaner
« La vie errante » est publiée aux éditions Rive Droite. « La vie errante » et « Sur l’eau » sont publiés en un seul ouvrage aux éditions Nouvelles François Bourin.
* Sur l’eau est une chronique relatant une pérégrination de Maupassant en Méditerranée sur son yacht personnel, le long de la côte d’Azur, deux ans auparavant.
L'équipe
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