Le sang du ciel 1/10

France Culture
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Avec

Adaptation radiophonique : Jean-Paul Thaens

Réalisation : Michel Sidoroff

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Suivi éditorial : Emmanuelle Chevrière, conseillère littéraire

«* Le Sang du ciel* est de ces livres qui vous marquent à jamais. Publié en 1961, il a été écrit en français par Piotr Rawicz, né en Ukraine mais exilé à Paris dès 1947 après avoir miraculeusement survécu à l’extermination des Juifs d’Europe – car c’est bien et peut-être avant tout cette terrible dimension miraculeuse que cherche à élucider Le Sang du ciel : « Courage et lâcheté formeraient-ils un duo inséparable, un dvandva , un tandem comme le vide et la plénitude ? A vrai dire, et sans me vanter, je n’ai nullement cherché à échapper à la Grande Action. Mourir me paraissait alors doux et facile. Et la mort m’a fait le coup féminin classique. Comme je ne la fuyais pas, elle m’a tourné le dos. » Le Sang du ciel n’est pas un témoignage, ou un document, c’est un roman, ou plus exactement c’est l’œuvre d’un immense poète qui tente de recoudre ou rapiécer son histoire terrible et inachevée au moyen d’une construction aussi souple et solide qu’elle peut précisément paraître décousue. Comme l’affirmait la quatrième de couverture du livre à sa parution, « cette histoire d’une ville ensevelie et d’un homme dont la fuite et la défaite sont devenues la seule patrie, fut-elle simplement vécue ou bien rêvée par un poète assoiffé de rêves cruels ? (...) Quelque part dans une Ukraine qui n’est qu’une Ukraine de légende, Piotr Rawicz parvient à reconstituer, dans un rythme sauvage, l’univers hallucinant de la persécution nazie, à dépeindre le mécanisme de l’extermination d’un peuple ». La poésie ici est renversée elle est un gouffre où tombe sans fin le lecteur, subitement vivant pourtant, rendu au sens de la terre à tomber ainsi et le sentir par toutes les fibres de son corps de lecteur emporté dans la chute collective la lumière est aveuglante et néanmoins pâle à faire peur c’est que le soleil est noir, noir comme la beauté insupportable du Sang du ciel , noir comme l’humour terrible de Rawicz, un humour qui – peut-être – est ce qui l’a sauvé jusqu’à ce jour de mai 1982 où il s’est donné la mort. (…)

Le Sang du ciel est un livre unique, à tous les sens du terme, quand bien même son auteur a publié en 1969 un court ouvrage qui lui a valu bien des inimitiés, Bloc-notes d’un contre-révolutionnaire ou la gueule de bois : il y démontait à chaud quelques-unes des illusions de 68 sur un mode réactionnaire, mais à trente ans de distance on peut le lire en saluant l’ironie décapée et l’intelligence acérée du propos. Unique, Le Sang du ciel l’est au point de n’être comparable à aucun autre livre. Le silence qui l’entoure depuis quarante-cinq ans est d’autant plus stupéfiant – quand bien même Le Sang du ciel existe pleinement, cependant, dans ces zones d’ombre où peu de lecteurs s’aventurent mais où se transmettent certains livres essentiels. (…) »

Bertrand Leclair

Extraits d’un article paru sur remue.net le 30 octobre 2006

« Expérience éprouvante que d'entrer dans ce livre inouï et d'en dégager ce qui peut en être retenu pour un feuilleton radiophonique. Fou, brutal, halluciné, tendre, lucide, violent, inspiré, le récit se hisse à la hauteur de son sujet : Boris, le protagoniste, assiste impuissant, à la destruction de la communauté juive d’Ukraine dont il est issu. Boris, c’est à la fois Ulysse, Don Quichotte et le Joseph K. du Procès de Kafka venus nous décrire ce que désormais nous appelons la « Shoah par balles ».

Je dois au très bel ouvrage d’Annie Dayan-Rosenman les Alphabets de la Shoah

d’avoir connu cette œuvre de Piotr Rawicz. Elle y consacre un chapitre entier.

Le sang du ciel est un livre extrême, et un douloureux cri d’amour de la première à la dernière page. »

Jean-Paul Thaens

1er épisode : Vingt kilos de bagage

Avec :

Nicolas Struve

Et

Hugues Quester : Boris-Youri Goletz

André Oumansky : LL

Bruitage : Bertrand Amiel

Prise de son, montage et mixage : Philippe Pallares et Sébastien Royer

Assistant à la réalisation : Guy Peyramaure

L'équipe