La promesse comme croyance sociale (1/2)

La promesse comme croyance sociale (1/2)
Publicité
Avec
  • Michela Marzano Chercheuse, philosophe, auteure et ancienne députée italienne. Professeure des Universités Paris Descartes SHS et Sorbonne Paris Cité.
  • Arnaud Esquerre Sociologue, directeur de recherche CNRS et directeur de l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris) de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
  • Hervé Guillemain Maitre de conférence en histoire à l'Université du Maine et membre du CERHIO (centre de recherche historiques de l’ouest)
31 Mar. 1990 London, United Kingdom of Great Britain
31 Mar. 1990 London, United Kingdom of Great Britain
© Reuters

Au cours de cette première partie, nous écoutons l'historien Hervé Guillemain, qui nous parle de la promesse de santé. Puis nous retrouvons le sociologue Arnaud Esquerre et la philosophe Michela Marzano.

IRANIAN ASYLUM SEEKER FARNOUD HOLDS A HUNGER STRIKE
IRANIAN ASYLUM SEEKER FARNOUD HOLDS A HUNGER STRIKE
© Reuters

Il y a deux siècles, la promesse de santé génère un débat intense. La médecine moderne doit-elle se résumer à promettre la science sans promettre la guérison, et rester strictement dans le champs de la science académique ?C'est dans les années 1830 qu'apparaissent deux innovations importantes : l'homéopathie et le magnétisme animal.

Publicité

Dans la foulée, le Docteur Claude Bernard fonde la nouvelle médecine expérimentale, et développe la médecine de laboratoire qu'il approfondit dans les années 1860.Il nous dit : la médecine expectante, qui laissait jusque-là la nature agir, cette médecine qui attend que la nature fasse son oeuvre, est morte. Pour des raisons morales. le médecin doit aller sur le terrain et s'aligner sur le désir de guerison du patient. Il veut que le médecin agisse. La médecine devient alors concurentielle et doit accepter de répondre au besoin naturel des patients d'être trompés. Ainsi, le bon médecin doit promettre la science : il lui faut proposer la guérison. Voilà qui change profondément l'esprit même de la médecine.

Elle va d'ailleurs être aidée par l'émergence d'une pharmacie performante, grâce à l'arrivée d'innovations révolutionnaires, telles que la morphine et l’aspirine.

C'est à partir de là que la médecine moderne s'inscrira petit à petit dans une optique de promesse sociale.

Claude Bernard pensait aussi que la promesse de santé ne devait plus s'inscrire dans la simple guérison individuelle mais dans un besoin beaucoup plus global de sanitarisition de la société, proprement au moment même de l’émergence des pratiques industrielles, qui vont générer de nouvelles maladies jusqu'ici inconnues...

IRANIAN ASYLUM SEEKER FARNOUD HOLDS A HUNGER STRIKE
IRANIAN ASYLUM SEEKER FARNOUD HOLDS A HUNGER STRIKE
© Reuters

Hervé Guillemain est spécialiste de l’histoire du champ psychologique, psychanalytique et des thérapeutiques à l’époque contemporaine. L'essentiel de ses recherches porte sur l’histoire de la folie et de ses multiples façons de la traiter, la psychiatrie. Il a publié ces trois ouvrages :

  • Diriger les consciences, guérir les âmes. Une histoire comparée des pratiques thérapeutiques et religieuses (1830-1939) , La Découverte, 2006.- La méthode Coué. Histoire d’une pratique de guérison au XXe siècle , Seuil, 2010.- Chronique de la psychiatrie ordinaire. Patients, soignants et institutions en Sarthe, XIXe-XXIe siècles , La Reinette, 2010.

Le sociologue Arnaud Esquerre travaille essentiellement sur les sectes apocalyptiques, sur le rapport aux cendres et aux restes humains, ainsi que sur les notions de propriété intellectuelle.

Ses deux derniers ouvrages s'intitulent Les os, les cendres, et l’Etat , Fayard, 2011 et La manipulation mentale. Sociologie des sectes en France, Fayard, 2009.

La chercheuse et philosophe italienne **Maria Michela Marzano ** concentre ses recherches sur l'éthique appliquée (éthique médicale, éthique sexuelle, etc.), sur la philosophie du corps (statut normatif du corps, désir, sentiments, identité personnelle, etc.) sur les notions de confiance, défiance et violence, et enfin sur les aspects théoriques du raisonnement moral (normes et valeurs).

Depuis 2011, elle est directrice du Département de sciences sociales à l'Université Paris Descartes. Et en février 2013, elle a été élue députée de Lombardie à la Chambre des députés dans le groupe du PD, le Partito Democratico de Matteo Renzi.

Parmi une trentaine de publications en langue française et en langue italienne, nous pouvons citer ces deux ouvrages publiés chez Grasset *: Extension du domaine de la manipulation, de l'entreprise à la vie privée * (2008) et **Le contrat de défiance ** (2010).

L'équipe