Géographie des vaches, des chèvres et des moutons français

Le 26 février dernier, le Salon international de l’agriculture a ouvert ses portes. Salon géographique dans son essence, tant il rassemble, condense, offre une caisse de résonnance aux régions de notre pays. Salon qui nous invite, aussi, à découvrir la réalité territoriale de l’élevage français, la diversité de ses modèles, de ses métiers, des paysages qu’il façonne, déstructure ou préserve. 

Alors ce soir entrons dans le monde caprin, dans l’univers bovin, dans le cercle ovin, pour tenter de comprendre leurs évolutions dans le temps, leur déploiement dans l’espace français. Pour tenter de saisir qui sont ces vaches, ces chèvres et ces moutons français. Où ils vivent. Et comment ils contribuent à valoriser le territoire français.

Pour en parler, Quentin Lafay reçoit le géographe Laurent Rieutort, l'éleveuse Lise Chastang et l'historien Eric Baratay. 

Cartographie des élevages 

Les élevages de vaches laitières ou d'ovins, par exemple, sont dispersés sur le territoire français, avec des spécificités régionales que l'on peut tracer. Un exemple, dessiné par Laurent Rieutort, est celui du croissant laitier, qui "entoure le bassin parisien, et donc court depuis l'ouest, le centre-ouest, la Bretagne, la Normandie et les Hauts de France et qui va rejoindre une partie du Grand Est français puis redescendre, en particulier en Franche-Comté - qui a aussi son modèle historique - et rejoindre une partie est du Massif central".

La spécialisation des élevages selon les territoires est un phénomène relativement récent, qui s'accélère avec le développement des transports et des techniques de conservation, comme le souligne Eric Baratay : "Il y a eu aussi la grande invention du frigorifique qui a permis de transporter loin des produits agricoles et notamment, par exemple, de la viande, du lait, ce qui a entraîné une spécialisation de certaines régions".

Des modèles divers

Les méthodes d'élevage varient beaucoup selon les régions. Lise Chastang, éleveuse d'Aubrac (une race bovine), nous livre la spécificité de son élevage : "C'est un modèle familial avec des structures moyennes à grandes. On conduit les animaux en respectant la saisonnalité des villages, de la pousse de l'herbe. On est tributaires de beaucoup de choses quand on est en montagne. Donc une année, on pourra sortir les vaches au 15 avril parce qu'il a fait un printemps doux, l'herbe a poussé, et l'année d'après, ce sera peut être qu'au 15 mai, parce qu'il y aura de la neige et l'herbe n'aura pas poussé". 

L'attention aux animaux d'élevage

Eric Baratay note une plus grande importance accordée aux discours sur la prise en compte du bien-être des animaux. Cette attention rééquilibre les rapports entre eux et les éleveurs : "Je trouve que l'idée de collaboration avec les animaux est quelque chose de tout à fait intéressante, parce que ça veut dire qu'on va s'intéresser à ce qui se passe du côté des animaux (...) Ça a été montré que les animaux en état de bien-être, les animaux avec lesquels on collabore, sans imposer une force, vont produire, mieux, vont être plus heureux, etc.".

Pour aller plus loin :

• Les articles d'Eric Baratay ici 
• Les articles de Laurent Rieutort ici 
• Sainte-Marie accueille son premier départemental Aubrac.

Extraits sonores : 

• Montage de différents témoignages d'agriculteurs sur leur métier 
• Evolution générale de l'agriculture bretonne, Rennes soir (08/12/81)
• Chanson : Une vache à mille francs, Jean Poiret