Géographie du terrorisme islamiste

Les talibans à l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 31 août dernier.
Les talibans à l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 31 août dernier. ©Getty - Marcus Yam
Les talibans à l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 31 août dernier. ©Getty - Marcus Yam
Les talibans à l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 31 août dernier. ©Getty - Marcus Yam
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D'Al-Qaida à l'État islamique, comment les différentes organisations terroristes islamistes occupent-elles l'espace ? À quelles échelles agissent-elles, et qu'est-ce qui les différencie ? Tour d'horizon à l'aide de la géographie, qui permet de mieux comprendre le terrorisme islamiste dans le monde.

Avec
  • Olivier Roy Politologue, professeur à l'Institut universitaire européen de Florence
  • Jean-Pierre Perrin grand reporter à Libération
  • Daniel Dory Géographe, maître de conférences en Géographie/Géopolitique à l’Université de La Rochelle, spécialisé dans l'analyse géopolitique des terrorismes

Vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001, qui ont ébranlé les Etats-Unis et le monde, et alors que vient de s’ouvrir en France le procès des attentats du 13 novembre 2015, le terrorisme islamiste reste un objet polémique, chargé d’affect et de ressenti, donc difficile à saisir, difficile aussi à aborder avec la distance, qui seule nous donnerait les moyens de mesurer ce que nous traversons, ce que nous affrontons.

A cet égard, la géographie et les cartes ont des choses à nous enseigner, à nous révéler, car la distribution spatiale des actes et des acteurs du terrorisme islamiste n’a rien d’aléatoire. Approcher ce sujet par les territoires, les lieux, les réseaux, c’est lui redonner sa complexité physique, sociale et politique. Alors : qu’est-ce que la géographie nous apprend sur le terrorisme islamiste ?

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Pour en discuter, nous recevons Daniel Dory, géographe, maître de conférences en géographie et géopolitique à l’université de La Rochelle, spécialisé dans l'analyse géopolitique des terrorismes, Olivier Roy, politologue spécialiste de l'islam, professeur à l'Institut universitaire européen de Florence, et Jean-Pierre Perrin, journaliste indépendant, correspondant de guerre et écrivain, ancien grand reporter à Libération, spécialiste des Proche et Moyen-Orient.

Lorsque l'on étudie le terrorisme, non pas dans la perspective islamologique, mais dans la perspective de l'étude du terrorisme et que l'on compare, on s'aperçoit que le terrain montagneux, forestier, etc. c'est très bien si on peut se cacher, mais c'est extrêmement difficile d'en sortir et ça présente des obstacles de toutes sortes. L'exemple que je connais le mieux qui est le Sentier lumineux péruvien montre que la montagne n'est pas du tout l'eldorado du terrorisme que l'on s'imagine. L'eldorado du terrorisme, c'est plutôt des grandes villes.                                             
Daniel Dory

Vous avez le djihad global, qui apparaît très récemment. C'est le mouvement lancé par Abdullah Azzam en Afghanistan dans les années 1980 pour soutenir les moudjahidines afghans, où il fait appel à des volontaires du monde entier qui doivent justement se détacher de toutes leurs appartenances préalables : nationales, tribales, familiales, territoriales, linguistiques, etc., pour former une espèce d'avant garde globalisée qui ne sera jamais définie par un territoire, c'est-à-dire qui sera toujours nomade et qui ira de lieu en lieu de djihad en djihad. Donc, vous voyez, on a deux logiques : le djihad local territorialisé, qui a toujours une base anthropologique, même si, bien sûr, il le nie et veut le dépasser en imposant la charia. Et puis ce djihad global qui se présente d'emblée comme étant nomade.                                                
Olivier Roy

Si on regarde également un certain nombre de terroristes, je n'aime pas employer le mot, mais par facilité, qui ont qui ont sévi en France et en Belgique, ils ont fait le voyage aussi, alors là, du côté de Raqqa, plutôt. Et donc, on a quand même quelque chose d'important, c'est-à-dire une référence à l'extérieur, où on vient chercher un soutien psychologique, religieux, voire financier. Je crois qu'il faut le prendre en compte. Il y a quand même la notion du territoire extérieur qui est importante, même si aujourd'hui, évidemment, l'État islamique n'existe plus en tant qu'État en Syrie et en Irak, et même si les talibans finalement ont peut être, on ne sait pas encore, pris quelque distance avec Al-Qaïda.                          
Jean-Pierre Perrin

Pour aller plus loin

À écouter ou à réécouter : La guerre contre le terrorisme islamiste
Le Journal des idées
5 min
L'Invité(e) des Matins
17 min

Extraits sonores 

  • Chanson diffusée pendant l'émission : Afghan Women, de la chanteuse afghane Sonita Alizadeh, tirée de son album Bag Girls (2020). Ici, plus d'informations sur Sonita Alizadeh. 

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