Âgés mais toujours connectés

Suzy Margueron, 75 ans,  organise des réunions en distanciel et initie ses amies grâce au soutien technique de Vincent.
Suzy Margueron, 75 ans,  organise des réunions en distanciel et initie ses amies grâce au soutien technique de Vincent.  ©Radio France - Aurélie Kieffer
Suzy Margueron, 75 ans, organise des réunions en distanciel et initie ses amies grâce au soutien technique de Vincent. ©Radio France - Aurélie Kieffer
Suzy Margueron, 75 ans, organise des réunions en distanciel et initie ses amies grâce au soutien technique de Vincent. ©Radio France - Aurélie Kieffer
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En 2050, note Luc Broussy dans son rapport « Nous vieillirons ensemble », les 80 ans et plus représenteront 10% de la population européenne. Le vieillissement démographique appelle une adaptation de la société qui commence par un changement de regard sur les personnes âgées.

Avec
  • Bernard Ennuyer sociologue et ancien directeur de service à domicile

La crise du Covid-19 a donné lieu à des discours protecteurs ou culpabilisants vis-à-vis des personnes âgées : considérées avant tout comme des personnes à risque, elles ont été incitées à s’auto-confiner. Et c’est encore souvent à travers le prisme de la dépendance que l’on évoque la longévité. Vieillir est pourtant une chance, nous disent les retraités rencontrés au cours de ce reportage. Ils ont entre 70 et 95 ans. Et Suzy Margueron va jusqu’à déclarer : « Je ne pensais pas que le meilleur de ma vie ce serait maintenant, à 75 ans ! »

Suzy ne manque ni d’idées ni d’énergie. Ses pertes de mémoire ne l’ont pas dissuadée de s’engager dans la vie associative et d’organiser des sorties. Pendant le confinement, elle a maintenu le lien en initiant ses amies aux visioconférences. Et même les nonagénaires y ont pris goût !

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Continuer d'apprendre et de se rendre utile

Jean-Pierre Joret, ancien entrepreneur devenu astronome amateur et bénévole à Silver Valley.
Jean-Pierre Joret, ancien entrepreneur devenu astronome amateur et bénévole à Silver Valley.
© Radio France - Aurélie Kieffer

Jean-Pierre Joret, 88 ans, est bénévole à Silver Valley. Chaque semaine, cet ancien entrepreneur transmet son expérience à jeunes porteurs de projets. « Je m’oblige à être percutant pour que ça puisse leur servir. Moi, ça me fait rajeunir. Je reviens 50 ans en arrière. »

Nicole teste volontiers des innovations conçues pour les seniors. Elle se sent utile et fait des découvertes.
Nicole teste volontiers des innovations conçues pour les seniors. Elle se sent utile et fait des découvertes.
© Radio France - Aurélie Kieffer

En participant aux « Open labs » et aux « Crash tests » de Silver Valley, Nicole se sent utile. « Je donne un peu de moi-même », confie-t-elle. Et elle apprécie que les start-up qui conçoivent des innovations pour les seniors sollicitent en amont l’avis des utilisateurs.

Faire l’apprentissage du grand âge

Marie-Françoise Fuchs a créé l'association Old'Up en 2008. Le slogan de l'association : "Plus si jeunes, mais pas si vieux".
Marie-Françoise Fuchs a créé l'association Old'Up en 2008. Le slogan de l'association : "Plus si jeunes, mais pas si vieux".
© Radio France - Aurélie Kieffer

« Chaque fois qu’une porte se ferme, une autre s’ouvre. On peut se dire qu’on va vivre quelque chose de nouveau, trouver à ce vécu du sens et de l’utilité, aller de l’avant d’une autre façon. » Pour Marie-Françoise Fuchs, fondatrice et présidente d’honneur de l'association Old’Up, atteindre le grand âge est « un grand bonheur, une chance ». Elle cite son ami, le sociologue Michel Billé : « Je cours lentement, quel gain ! » Quand il court, il ne cherche plus la performance mais regarde la nature, fait des rencontres, « découvre le monde et la vie ».

« La solitude des vieux, je ne connais pas. »

A 92 ans, la psychologue Nancy de la Perrière anime toujours un groupe de parole pour l'association Old'Up.
A 92 ans, la psychologue Nancy de la Perrière anime toujours un groupe de parole pour l'association Old'Up.
© Radio France - Aurélie Kieffer

A Old’Up, Nancy de la Perrière anime le groupe de parole « Vivre ma réalité ». « J’ai découvert que l’on pouvait se faire des amis après 80 ans. C’est vraiment jouissif. Je ne me suis jamais sentie seule. ». Et même si, à 92 ans, elle doit renoncer à certaines activités, Nancy pense avoir encore un avenir.

Favoriser les rencontres intergénérationnelles

L'anthropologue Bernadette Puijalon, spécialiste des questions de vieillissement.
L'anthropologue Bernadette Puijalon, spécialiste des questions de vieillissement.
© Radio France - Aurélie Kieffer

« Nous sommes dans une société qui ne sépare plus les sexes mais les âges », constate l'anthropologue Bernadette Puijalon. Il faut organiser artificiellement la rencontre ». Elle juge très bénéfique les rencontres intergénérationnelles, pour les plus âgés comme pour les plus jeunes. « Quand un enfant de 8 ans rencontre une centenaire : elle lui prouve que la vie est longue, elle lui donne l'éternité ! »

Lutter contre les stéréotypes sur les personnes âgées 

« Il faut sortir du regard déficitaire », estime le sociologue Nicolas Menet, directeur général de Silver Valley. Il dénonce le double stéréotype consistant à voir dans les personnes âgées soit des « centres de coût » (seules 9% des personnes âgées sont dépendantes) soit des «centres de profit » (6% sont de grands consommateurs). « Aujourd’hui les seniors français sont des pivots très importants, ils soutiennent leurs enfants, s’occupent de leurs parents âgés, et ils s’investissent dans le bénévolat. »

Le sociologue Nicolas Menet, directeur général de Silver Valley.
Le sociologue Nicolas Menet, directeur général de Silver Valley.
- Silver Valley

Comment lutter contre les stéréotypes sur les personnes âgées ? L’analyse de Nicolas Menet, directeur général de Silver Valley.

7 min

Immersion en Ehpad pour encourager les bonnes pratiques

Martine Gruère, présidente de Old’Up. Parmi les actions de l’association : la rédaction de guides pédagogiques pour initier les plus âgés aux tablettes numériques, et des immersions en Ehpad pour promouvoir les bonnes pratiques.
Martine Gruère, présidente de Old’Up. Parmi les actions de l’association : la rédaction de guides pédagogiques pour initier les plus âgés aux tablettes numériques, et des immersions en Ehpad pour promouvoir les bonnes pratiques.
© Radio France - Aurélie Kieffer

« Tout ce qui peut nous arriver, explorons-le ». Cette réflexion a poussé des membres de Old’Up à se rendre dans des Ehpad. « Il est essentiel que les animations proposées aux résidents aient un sens », considère Martine Gruère, 76 ans, présidente par intérim de l’association. Elle s’est aussi rendu compte que la mort restait un sujet tabou dans certains Ehpad. « A table, tout d’un coup, ce n’est pas la même personne qui est face à vous. C’est terrible ! Dans d’autres établissements il y a une réflexion : laisser la chambre un peu libre, pouvoir en parler avec ceux qui étaient les plus proches… ». Cette enquête de terrain doit aboutir à un livre encourageant les bonnes pratiques.

... Et si vous avez apprécié l'extrait d' Arthrose TV diffusé dans l'émission, regardez l'intégralité des JT auxquels ont participé les résidents de l'Ehpad Le chant des pins de Mimizan, dans les Landes :

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Pour aller plus loin : 

>> Rapport Broussy "Nous vieillirons ensemble... 80 propositions pour un nouveau Pacte entre générations" (mai 2021)

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