





À propos du podcast

du 3 au 7 août de 9h05 à 11h sur France Culture
Anna Akhmatova : une femme passionnée et une écrivaine immense à travers les guerres, la Révolution et la grande Terreur stalinienne. Son oeuvre, ses chants d’amour et de désespoir, forment la plus pudique et la plus puissante des autobiographies.
Mince, élancée et droite, fière, enveloppée dans un châle, Akhmatova ressemble à une gitane. "On dirait la tragédienne Rachel jouant Phèdre", dit son ami le poète Ossip Mandelstam. Elle a le nez busqué, les cheveux très noirs, elle est rarement souriante. On ne peut passer devant elle sans la remarquer. Son oeuvre, ses chants d’amour et de désespoir, forment la plus pudique et la plus puissante des autobiographies. Et, à travers elle, d’un demi-siècle russe sanglant et déchirant, d’un peuple torturé, d’une révolution trahie, de deux guerres, et d’une oeuvre à qui reste le dernier mot. Autoportrait et portrait d’une époque. Un destin.
1/ Quand on songe à la Russie des années trente, on pense à Boris Pasternak et à son docteur Jivago, à Varlam Chalamov, et ses récits de la Kolyma, on pense à Marina Tsvetaïeva. Mais on oublie celle dont le prix Nobel Joseph Brodsky disait qu'elle était la plus grande, plus grande qu'eux tous : un génie.
Il est grand temps de réhabiliter le visage et l'œuvre d’Anna Akhmatova.
2/ Amedeo Modigliani lui écrivait : « Vous êtes en moi comme une hantise. Je tiens votre tête entre mes mains et je vous couvre d'amour. » Il fit d'elle seize portraits sublimes. Elle lui portait des roses rouges, et ils se promenaient dans les jardins du Luxembourg, bavardaient devant la statue de Verlaine.
3/ Tout au long de sa vie, elle dut résister à Staline qui disait d'elle : « c'est une nonne et une putain ». Il fit déporter son fils Lev, qui subit 17 ans de Goulag, et son troisième mari, Nicolaï Pounine qui y mourut.
Elle fut interdite de publication pendant trente ans mais jamais ne dévia de son cap :
- nommer les choses ;
- être une poète et une femme libre.
4/ A l'instar de Virginia Woolf, à qui elle ressemble par de nombreux côtés, son œuvre immense est une sorte d'autobiographie de toutes les femmes, à commencer par son vertigineux Requiem.
Geneviève Brisac est écrivaine, prix Fémina 1996. Agrégée de lettres, diplômée de philosophie, elle a enseigné pendant dix ans en Seine-Saint-Denis, a été critique littéraire au Monde pendant une vingtaine d’années, et collabore depuis dix-neuf ans à France Culture. On lui doit de nombreuses fictions, des portraits de Virginia Woolf, Marina Tsvetaïeva ou Karen Blixen. Elle a réalisé en 2016 une Grande Traversée sur la Comédie-Française. Ses travaux sur Virginia Woolf, Alice Munro ou Karen Blixen, et son dernier ouvrage, Sisyphe est une femme, l'ont conduite très naturellement à se passionner pour Anna Akhmatova.
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