Où sont les genres ?

 Alain Resnais entouré d'affiches de bandes dessinées pendant le tournage de son film 'I want to go home' en 1988
 Alain Resnais entouré d'affiches de bandes dessinées pendant le tournage de son film 'I want to go home' en 1988  ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho
Alain Resnais entouré d'affiches de bandes dessinées pendant le tournage de son film 'I want to go home' en 1988 ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho
Alain Resnais entouré d'affiches de bandes dessinées pendant le tournage de son film 'I want to go home' en 1988 ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho
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Pourquoi n’y a-t-il pas vraiment, mis à part le policier et la comédie, de cinéma de genre en France ? Pas d’épopée mythique, d’équivalent du western américain ou du film de samouraï japonais ? Ça aurait pu être le film de cape et d’épée, ça ne l’a jamais été.

Avec

Première partie

Michel Ciment s'entretient avec Alain Resnais à l'occasion de la sortie de son film "Les Herbes folles" dans "Projection privée" le 14 novembre 2009. 

Deuxième partie

Pourquoi n'y a-t-il pas de cinéma de genre en France ?

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On connaît la passion d'Alain Resnais pour la bande dessinée, membre fondateur qu’il était, avec Francis Lacassin, Chris Marker, Umberto Eco, Edgar Morin et Raymond Queneau du Club des Bandes dessinées, futur Centre d’études des littératures d’expression graphique, qui a beaucoup fait pour la reconnaissance artistique de ce medium. Dans les nombreux projets inaboutis de Resnais, figure donc très logiquement un Mandrake, un Flash Gordon, et même L’Île noire  de Tintin. Sans parler de ses affiches et collaborations artistiques avec Bilal, Floc’h ou Blutch pour ses trois derniers films.

Je t’aime, je t’aime  formidable film d’anticipation longtemps méconnu en France, car sorti en plein mai 68, est l’objet d’une vénération aux Etats-Unis, on peut trouver son influence aussi bien dans le Solaris  de Soderbergh, Inception  de Christopher Nolan ou Looper  de Rian Johnson. Alfonso Cuaron et Gravity  s’en réclame également. Avec La Jetée de Chris Marker, c’est le très rare cas d’exploration d’un genre, la science-fiction, dont Jules Verne est pourtant l’un des inventeurs…

Pourquoi, au pays de Maupassant, Gautier, Barbey d’Aurevilly, Baudelaire, Lautréamont…, du Théâtre du Grand-Guignol de Max Maurey, mais aussi de Méliès, de Feuillade, de La Chute de la Maison Usher , de Jean Epstein, sans parler du fantastique coctalien, pourquoi, alors qu’ils font florès aux Etats-Unis, bien sûr, mais aussi au Japon, en Chine, en Espagne, en Italie, il n’y a pas vraiment, mis à part le policier et la comédie, de cinéma de genre en France ? Pas d’épopée mythique, d’équivalent du western aux Etats-Unis ou du film de samouraï au Japon. Ça aurait pu être le film de cape et d’épée, ça ne l’a jamais été…

Eléments de réponse avec...

  • Marc Cerisuelo , professeur de cinéma et d’esthétique à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, philosophe de formation, collaborateur régulier des revues Positif et Critique, introducteur de la pensée cinématographique du philosophe Stanley Cavell en France, théoricien du meta-film, des transferts culturels et de la poétique du cinéma, il a notamment publié Hollywood à l’écran , Stanley Cavell : cinéma et philosophie, Vienne et Berlin à Hollywood. Nouvelles approches , Preston Sturges ou Le génie de l’Amérique, ou encore l’an dernier Oh Brothers ! Sur la piste des frères Coen .
  • Olivier Ducastel , d’abord monteur, comme Alain Resnais, à sa sortie de la 41e et dernière promotion de l’IDHEC, avant qu’elle ne devienne la Femis. Assistant de Jacques Demy sur son dernier film, Trois places pour le 26 , on lui doit avec son complice Jacques Martineau, six longs-métrages, qui traversent allègrement les genres, dans tous les sens du terme, de la comédie musicale Jeanne et le Garçon formidable  en 1998 à L’Arbre et la forêt  en 2010, en passant par Drôle de Félix , Ma vraie vie à Rouen , Crustacés et coquillages  et Nés en 68 , sans oublier un film avec les comédiens de la Comédie-Française, Juste la fin du monde .
  • Jean-François Rauger , le Dr. Rauger bien connu des habitués des séances Cinéma Bis de la Cinémathèque française, dont il est depuis 1992 le directeur de la programmation. Il est également critique au journal Le Monde , et a publié des livres sur La Grande Bouffe , Leo McCarey  ou Lucio Fulci , ainsi qu’un recueil d’articles dont le titre résume bien sa pratique du cinéma : L’Œil qui jouit . On lui doit très récemment un excellent livre sur un autre œil, L’Œil domestique – Alfred Hitchcock et la télévision , qui réinscrit les films réalisés pour la série Alfred Hitchcock présente  dans le corpus du maître du suspense.