












À propos du podcast

le vendredi à 7h24 sur France Culture
Quand le témoignage prend la parole. Le vôtre et ceux de personnes qui vivent de grands changements de société et d'actualité. Rendez-vous sur les réseaux sociaux, sur notre site et à l'antenne. En collaboration, pour les liens et la bibliographie, avec la bibliothèque de Radio France.
La fracture de confiance entre citoyens et politiques s'est encore révélée avec l'incendie de l'usine Lubrizol, à Rouen. Pourquoi cette défiance : scandales, mensonges, déconnexion, institution ? Tentative de réponse à cette problématique multiple.
"Lubrizol est un nouvel exemple d'incompétence et de mensonge... c'est seulement le dernier évènement de la pile." "Ils ne représentent plus le peuple." "Nos politiciens sont simplement incompétents." Vous avez été nombreux à répondre à notre question sur nos réseaux sociaux. Nombreux à valider le constat d'une fracture de confiance entre citoyen et parole politique. Et la liste des raisons invoquées par les citoyens, les élus ou les journalistes, est longue. *
La France leader de la défiance en Europe
Ce constat d'une fracture de confiance est confirmé par Martial Foucault, chercheur en sciences politiques au CEVIPOF. Selon le baromètre sur la confiance publié en janvier dernier par son centre de recherche, "la France est le pays européen dans lequel les citoyens ont le moins confiance en leurs représentants politiques" explique Martial Foucault. Deux facteurs sont mis en évidence par ce baromètre : "Les Français ont un niveau très faible de confiance en l'autre, quel qu'il soit : voisin, collègue, famille... Si vous ajoutez à cela la succession de scandales politiques et de promesses non tenues [...] cela crée une présomption de mensonge vis-à-vis de la parole publique" continue-t-il.
Et le baromètre du CEVIPOF va plus loin : "On a posé une question ayant un rapport avec la production d'informations publiques : données de chômage de l'INSEE, données sur les émissions de CO2... Et on s'est rendus compte que les Français sont très méfiants vis-à-vis de toute forme de production d'information publique__. Dès qu'une information est rattachée à une autorité publique, il y a une forme de suspicion. Nous sommes entrés dans une période de post-vérité" conclut-il en reprenant les mots utilisés par Steve Tesich dès 1992.
Il y a plus d'approximations et d'erreurs que de véritables "fake news"
Jonathan Parienté est un des fondateurs des Décodeurs du Monde. En 2009, c'est un des premiers blogs traqueurs de "fake news", et le premier article traite d'un discours de Nicolas Sarkozy. Celui-ci affirme qu'il était à Berlin pour la chute du mur. "Mais il s'avère qu'il y est arrivé plusieurs jours après" raconte Jonathan Parienté. Malgré ce constat de départ, il préfère nuancer la présence de mensonges dans le discours politique : "On parle à tort et à travers de fake news, mais dans le terme anglais il y a la notion d’intentionnalité, de volonté de tromper. Or aujourd’hui en France, on parle beaucoup de fake news pour parler d'erreur, d'approximation ou de choses avec lesquelles on est pas d'accord. Alors que de véritables fake news, pour tromper des gens et en ramener dans son champ politique, il y en a finalement très peu" explique-t-il.
Et de regretter la prise de parole continue induite par les nouveaux canaux d'information (réseaux sociaux et web en particulier) : "Les responsables politiques et les journalistes ne savent plus dire "je ne sais pas". Il n'y a plus la sagesse de dire qu'on ignore, quitte à dire une énormité ou quelque chose de peu rigoureux" relève Jonathan Parienté.
Temps politique vs Temps médiatique
Une tendance à l'imprécision qu'explique Marie-Ève Malouines, éditorialiste à LCI et ancienne directrice de LCP. "Nous avons des temporalités qui se contredisent. Le temps politique - par exemple l'adoption d'une loi - qui est long, le temps de l'annonce qui est court, et le temps médiatique qui est dans l'immédiateté. C'est cela qui crée des hiatus, des incompréhensions, des sentiments de connivence et de surdité vis-à-vis de ce que pensent les citoyens" estime-t-elle. Marie-Ève Malouines blâme également l'omniprésence de la communication, "qui amène quatre ministres à se rendre à Rouen pour Lubrizol, alors qu'ils n'ont rien à dire. Mais s'ils n'y vont pas, on va les cri
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