

Dans certains secteurs d'activité, les femmes sont sous-représentées : le BTP, l'informatique et l'ingénierie, le milieu scientifique... Elles sont aussi peu nombreuses à accéder à des fonctions dirigeantes. Certaines ont franchi le pas, comme une véritable conquête.
Lorsque Pakiza Lakoubay est arrivée en "prépa maths", elles n'étaient que 15 à 20% de femmes. Un choc pour la jeune femme qui a toujours été passionnée par la matière et habituée à côtoyer des classes parfaitement mixtes. Aujourd'hui, elle travaille en tant qu'ingénieure dans le BTP, pour un grand groupe qui promeut la mixité. Pour preuve, dans son service, la moitié des ingénieur.es sont des femmes sur une vingtaine de salarié.es.

"En école d'ingénieur.es, il y avait très peu de femmes et j'ai trouvé ça choquant", Pakiza Lakoubay
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"Il ne faut pas avoir peur de l'échec, juste parce que c'est des métiers qui paraissent masculins. Au contraire, il faut se lancer. En restant immobile, on arrivera à rien", lance la jeune femme qui espère que les plus jeunes suivront ses pas.
Susciter les vocations chez les jeunes filles
Pakiza Lakoubay fait d'ailleurs partie des 5 000 marraines de l'association Elles bougent qui fait découvrir les métiers industriels et technologiques aux collégiennes et lycéennes, espérant créer des vocations et permettre aux jeunes filles d'oser aller vers ces professions. "Parce que ces métiers souffrent de nombreux stéréotypes", précise Florence Barnier, directrice du développement et de la communication au sein de l'association. "Des stéréotypes qui viennent de la société elle-même et ce, dès le plus jeune âge. Il suffit de regarder les catalogues de jouets : les jeux de construction pour les garçons, les jeux de princesses pour les filles. Puis il y a l'image de ces métiers, une image souvent masculine, car ils sont depuis longtemps réservés aux hommes, difficile donc pour les jeunes filles de s'y projeter. Ils sont aussi souvent assimilés à de la pénibilité, de la difficulté, de la solitude, bien loin de la réalité aujourd'hui."
Osez, ne vous mettez pas de barrière, franchissez-les ! Florence Barnier, de l'association "Elles bougent"
"Les stéréotypes sociétaux et l'image masculine de ces métiers font que les jeunes filles ne se dirigent pas vers ces métiers", Florence Barnier
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C'est en s'inspirant de modèles que Noémie Vauthelin a osé prendre un poste à responsabilité. "Ça m'a vraiment inspiré, de me dire il y en a d'autres qui ont réussi alors moi aussi je vais trouver ma place là-dedans". Elle travaille pour un grand groupe dans l'aéronautique et dit avoir pris de l'assurance avec les années d'expérience. Mais en début de carrière, témoin de situation sexiste, elle n'a pas toujours osé réagir, bien que très choquée. "Aujourd'hui, c'est vraiment un truc que je ne laisserai plus passer. On a aussi notre place, il faut arrêter ces commentaires sexistes, on en fait pas nous alors je ne vois pas pourquoi les autres en feraient".
Il y a une volonté d'intégrer plus de femmes mais derrière, il faut quand même faire sa place et une femme au milieu d'hommes, c'est parfois compliqué.
Noémie Vauthelin, responsable analyse stratégique
Des commentaires sexistes, une internaute ambulancière raconte en subir quotidiennement. "C'est bien connu, nous ne savons pas conduire", ironise-t-elle. Des petites phrases qui viennent même de la part de collègues qu'elle côtoie depuis longtemps, "un milieu particulièrement misogyne", déplore-t-elle.
"Ce n'est pas un métier pour femme"
Pour devenir cheffe d'orchestre, Zahia Ziouani a dû ignorer toutes les voix qui prétendaient que ce n'était pas un métier pour femme. Un métier qui l'a passionnée depuis le plus jeune âge et c'est grâce à sa seule volonté et sa persévérance qu'elle y est parvenue.
On ne m'encourageait pas à aller dans cette voie-là mais j'ai quand même voulu m'y engager. Il a fallu que je créé mes propres conditions pour diriger car je voyais qu'à l'époque et encore maintenant, c'est très difficile pour les femmes d'avoir une place à la tête d'un orchestre national ou un orchestre en France.
Zahia Ziouani, cheffe d'orchestre
La cheffe d'orchestre explique qu'aujourd'hui encore, elle doit se battre tous les jours pour faire sa place. "On me donne moins l'opportunité que d'autres chefs d'orchestre de diriger, en terme de subventions allouées pour les orchestres indépendants, je n'ai pas les mêmes que celles allouées aux orchestres indépendants dirigés par des hommes".
"Il y a beaucoup de difficultés, il faut se battre tous les jours pour faire sa place", Zahia Ziouani
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Peu de dirigeantes et de cheffes d'entreprise
Les femmes restent peu nombreuses à accéder à des fonctions dirigeantes. Dans l'Union européenne, elles ne sont que 6,3% à occuper un poste de PDG dans les grandes entreprises cotées en bourse. Les entreprises de plus de 20 personnes sont majoritairement dirigées par des hommes, à 85%.
Hélène Boulet-Supau fait partie de ces 15% de ces femmes à la tête d'une entreprise. Elle co-dirige Sarenza, qu'elle a rachetée il y a 12 ans. Si son ambition pour diriger a toujours été présente, elle a aussi dû franchir de nombreuses barrières, à commencer par celles qu'elle s'était elle-même fixées.
J'ai trimbalé avec moi tous les stéréotypes avec lesquelles j'ai été éduquée. Il a donc fallu que je les secoue un à un. Je n'ai pas eu de frein majeur de la part de l'extérieur, j'ai eu beaucoup de freins majeurs qui venaient de mon éducation. La première des difficultés a été de prendre conscience que tout était possible. On n'est pas élevé en tant que petite fille avec un univers des possibles immense.
Dans un rapport publié jeudi, l'Organisation internationale du travail souligne que le facteur qui bloque le plus dans l'égalité entre les femmes et les hommes au travail est la garde d'enfant. Une égalité qui ne pourra être atteinte que si les hommes assument plus de tâches à domicile. En vingt ans, ce temps consacré aux enfants et aux travaux domestiques n'a augmenté que de huit minutes par jour pour les hommes, alors qu'il est resté stable pour les femmes.
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