La campagne présidentielle vue par les Français de l’étranger

  ©Maxppp - Bruno Veillard / AltoPress
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Les Français de l’étranger se sont passionnés pour la campagne. Malgré quelques couacs, nos compatriotes se sont déplacés en masse pour le 1er tour. Sur les 1,3 million d'électeurs inscrits, on a comptabilisé 550 000 votants. Presque le double par rapport à 2002. Témoignages.

Avec 1,3 million de ressortissants français inscrits dans les consulats, les expatriés sont un vivier de voix important. Cette inscription n'est pas obligatoire pour ceux qui représentent aujourd'hui 3% du corps électoral. Les principaux candidats ont tous fait des déplacements à l’étranger : le Liban pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen, l’Allemagne et la Grande-Bretagne pour le candidat d’En Marche, le Tchad pour la candidate du Front national. Car les votes à l’étranger peuvent faire pencher la balance. 44% d'entre eux se sont rendus au 1er tour de cette présidentielle dans les 866 bureaux de vote répartis dans le monde, soit 6 points de plus qu'en 2012. Témoignages recueillis par Valérie Crova, Laure Stephan et Claude Bruillot. Avec la collaboration d'Eric Chaverou.

Nathalie Simon-Clerc, du webmagazine l’Outarde Libérée

Depuis sa création en 2013, l’Outarde Libérée (l'Outarde est une oie sauvage que l'on trouve au Canada) s’est imposé comme le catalyseur d’une communauté française forte de 120 000 personnes dans la Belle Province. Ce site est réalisé par des journalistes franco québécois, comme Nathalie Simon-Clerc. Établie depuis 15 ans au Québec, cette passionnée par la politique a suivi de près le 1er tour au Collège français Stanislas, où l'on vote à Montréal. 23 000 personnes y sont passées en 12 heures le 22 avril (décalage horaire oblige) et "Il y avait entre 2 heures et 3 heures d'attente et beaucoup, beaucoup de monde. 40% de participation. Ici, c'est énorme. C'est la plus grosse participation pour des élections françaises". Et pour le second tour, Nathalie et une dizaine d'autres personnes ont lancé un appel aux bénévoles pour faciliter le scrutin, tout en suggérant des améliorations au Consulat :

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Au 1er tour, il y a eu des dysfonctionnements dus à l'affluence exceptionnelle, avec 6 000 électeurs de plus qu'en 2012, et à une organisation qui aurait pu se dérouler autrement. Mais en fait, selon le consulat, ils ont essayé de sécuriser au maximum : des menaces pesaient sur le vote de Montréal, comme sur tous les votes à l'étranger. Et, peut-être que nous n'avions pas assez de monde dans les bureaux de vote et qu'il aurait fallu doubler les effectifs. Mais pour le second tour c'est bien parti puisque l'on a aidé le Consulat à renforcer ses bureaux de vote.

Hervé Heyraud, fondateur du Petitjournal.com

C'est à Mexico, où il a été expatrié, qu'Hervé Heyraud a créé le Petitjournal.com, à ne pas confondre avec l'émission de télévision. Ce site qui traite de l'actualité des expatriés scrute à la loupe leur vote. "La population expatriée est plus jeune, plus hétérogène, elle se sent plus impliquée et a envie de participer", et "avec internet aujourd'hui elle mieux rattachée, la distance se restreint", explique-t-il :

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On estime entre 2,5 et 3 millions de personnes le nombre de Français à l'étranger, en raison des non inscrits dans les consulats. Ce qui est intéressant, c'est que c'est une population qui augmente : à peu près de 4 à 5% par an depuis 25 ans. Donc en 25 ans, elle a à peu près doublé. Et pour la première fois au 1er tour de cette présidentielle, il y avait plus d'un demi million de suffrages exprimés. Ce qui est assez considérable et beaucoup plus que beaucoup de départements. Donc évidemment les candidats se préoccuppent de cet électorat. A titre de comparaison, en 2002, il n'y avait même pas 350 000 suffrages exprimés, donc une progression de plus de 50%.

Edouard Hardy vit depuis plus de 6 ans à Moscou

Cet ancien élève de Sciences Po Bordeaux travaille comme consultant chez Nielsen. Encarté au Front national depuis un an, il essaie de ne rien rater de la campagne en France pour garder un lien avec le pays. "Le fait d'être à l'étranger, j'ai eu envie d'être encore plus proche de la France, de l'actualité, de vivre encore au pouls du pays. Ce qui manque, c'est de connaitre l'ambiance générale.", affirme celui qui a 26 ans :

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Il est évident que la base de la relation franco russe aujourd'hui est biaisée, car on ne se comprend pas. Le problème, c'est que tout le monde n'a pas les mêmes codes culturels, politiques que nous. Et du coup, ce qui nous paraît à nous évident ne paraît pas forcément évident à d'autres cultures, et notamment aux Russes. Ce que je dis vaut pour tous les autres pays. Il faut accepter de débattre avec des gens qui aspirent à d'autres systèmes.

Médéa Azouri, franco-libanaise, éditorialiste à Beyrouth

Médéa Azouri a vécu plus de vingt ans en France, elle y retourne plusieurs fois par an. Elle est rédactrice en chef du magazine féminin Noun. Elle est aussi éditorialiste au quotidien francophone L’Orient Le Jour, et anime une émission de radio. Et elle fait campagne autour d’elle contre l’abstention. "Le Liban est un pays qui est plutôt à droite (Fillon a eu quand même 60% des suffrages), c'est un pays gaulliste depuis très longtemps. Je suis curieuse de voir ce que ça va donner dimanche", confie-t-elle :

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Ce sont des élections importantes. Il faut absolument voter. C'est un devoir, que l'on soit pour ou contre Macron. Personnellement, je pense qu'il faut faire barrage au FN. Dans un pays qui est plutôt à droite, puisque Fillon a eu quand même 60% des suffrages. Le Liban est gaulliste depuis très longtemps. Je suis très curieuse de voir ce que vont donner les résultats dimanche, sachant en plus que Macron était deuxième dans les suffrages, et Le Pen troisième. D'ailleurs, sur les réseaux sociaux je réalise que beaucoup de gens au Liban vont voter blanc, s'abstenir ou voter Le Pen.

Médéa Azouri
Médéa Azouri
- Médéa Azouri

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