La retraite est une période de la vie qui inquiète deux tiers des Français. Pourtant, plusieurs études et sondages montrent qu'ils s'y préparent mal ou pas suffisamment.
En France, l'âge effectif du départ à la retraite est de 62,7 ans. C'est plus tôt que chez nos voisins européens, qui ne bénéficient pas du même système de retraite, mais dont beaucoup d’opinions publiques sont opposées à tout nouveau report. Si la France est donc le pays où l'espérance de vie à la retraite est la plus élevée, elle semble aussi être le pays où l'inquiétude par rapport à cette période de la vie est l'une des plus vives. Comment chacun prépare-t-il cette retraite, selon son âge et sa situation ?
Une majorité de Français mal informés
Une étude parue en juin dernier de l'institut TMO pour l'Union Mutualiste Retraite indiquait que 4 Français sur 6 déploraient ne pas pouvoir épargner plus de 50 euros par mois pour préparer leur retraite sereinement. Par ailleurs, 72% des personnes interrogées estimaient que l’actuel système de retraites n’était pas efficace pour répondre à leurs besoins futurs. Et pour les jeunes actifs (les moins de 40 ans), la faiblesse de leurs pensions à venir apparaissait comme le premier sujet d'inquiétude. Le signe que la jeune génération anticipe, mais aussi qu'elle s'inquiète. En témoigne cet autre chiffre : 73% des répondants à cette étude estiment que le montant de leurs futures pensions de retraites sera insuffisant. Inquiétude qui intervient le plus souvent autour des 40 ans : c'est en moyenne à cet âge que les Français commencent à penser, sinon à préparer activement, leur retraite future. "Mais, on trouve aussi des Français qui peuvent commencer plus tôt, s'ils ont le bon conseil au bon moment. Avec des conseils qui viennent des parents ou de collègues.", précise Eric Jeanneau, président de l'UMR (Union mutualiste des retraites).
Voilà pour l'état d'esprit. Concernant les outils existants et utilisés pour préparer la retraite, c'est une autre histoire. Non seulement beaucoup de personnes estiment avoir des capacités de financement réduites. Mais une majorité méconnaît les produits d'épargne ou autres instruments financiers permettant de préparer sa retraite. Les Français préfèrent le placement immobilier (achat d'une résidence principale, ou pour ceux qui le peuvent, d'autres biens immobiliers) et pour une énorme majorité d'entre eux, l’épargne personnelle (Livret A ou LDD).
Des Français qui privilégient l'épargne classique
L'épargne-retraite est en effet la famille de produits la moins détenue aujourd'hui par les Français, toujours selon cette étude TMO (18% contre 80% pour le livret A). Toujours cette prudence, voire aversion, pour les produits dits "à risque." Evidemment, ce qui vaut pour les classes moyennes ou populaires (manque d'informations sur les outils), vaut beaucoup moins pour les populations aisées, plus à même d’être conseillées pour des placements patrimoniaux.
Outre ce manque d'information face aux produits financiers existants, mais aussi parce que les Français sont plus réticents que d'autres à tester d'autres produits que les produits d'épargne traditionnels et peu risqués, la complexité du système de retraite actuel et du calcul des pensions afférent, est aussi une source d'inquiétude. Selon une étude menée par l'AGIRC ARCO (l'organisme de retraite complémentaire de 30 millions de salariés du secteur privé), la plupart des futures retraités ont mal calculé le montant de leurs pensions au moment de la liquidation. En général, ils se retrouvent avec un montant plus faible qu'attendu (en moyenne 1 389 euros bruts). Ce qui leur fait dire, souvent trop tard, qu'ils auraient du mieux anticiper.
Ecoutez ce qu'en dit le président de l'Union mutualiste des retraites (UMR)
"Les Français ont tendance pour leur retraite à épargner sur des produits peu risqués et peu rentables"
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Les Français ont tendance à épargner sur des supports qu'on appelle "liquides", qui leur permettent de récupérer très rapidement leur épargne, ce qui est peu adapté à la préparation de la retraite. L'horizon de placement ne leur permet pas d'avoir une rentabilité suffisante.
Parmi les 20 % de Français qui épargnent pour leur retraite, la moitié d'entre eux privilégient l'assurance-vie, le "couteau suisse de l'épargne" comme ils ont tendance à le considérer.
Face à ce constat, et avant la réforme des retraites, le gouvernement a souhaité créer un nouveau produit d'épargne retraite regroupant les dispositifs déjà existants : le PER, ou Plan d'Epargne Retraite. L'idée est de rendre plus souple et plus favorable des produits financiers spécifiques d'’épargne retraite, qui étaient jusque là caractérisés par des règles assez rigides et fiscalement moins attrayantes. Avec notamment la possibilité ouverte de transférer dans ce PER des sommes déposées sur un contrat d'assurance vie, et de bénéficier d'un double abattement fiscal sur sa plus value jusqu'en 2023.
Qu'est ce que ce nouveau PER ? Les explications d'Anne-Laure Jumet :
La nouvelle proposition d'épargne retraite
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La retraite pour les publics fragiles
Le moment du passage à la retraite est évidemment le plus difficile, et le moins préparé, pour les publics les plus fragiles. Jacques et Marie-France sont retraités, bénévoles à l'ADPIR, une association d'aide et d’information en direction des futurs retraités. Dans les permanences qu'ils animent, dans les mairies d'arrondissement de Paris, ils voient défiler un public dit "fragilisé" : des femmes et des hommes dont les carrières ont été "heurtées", comme on dit. Majoritairement des femmes seules, gardiennes d'immeuble, femmes de ménage, nounous, etc. ayant gagné de faibles revenus ou pas de revenus du tout pendant plusieurs années et n'ayant droit à une retraite à taux plein qu'à 67 ans.
Témoignage de Jacques et Marie-France, aidants et informateurs bénévoles pour futurs retraités.
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En France, la retraite on ne l'a que si on la demande. C'est très difficile pour les personnes parlant mal le français, ou pas connectés à Internet. Il y a quelques personnes qui viennent avant 60 ans, celles qui ont eu des carrières longues, ou celles qui sont en situation de handicap et qui se demandent quels droits on va leur accorder. On les aide à préparer un dossier, on leur explique aussi les choix qu'elles peuvent faire, notamment le choix de travailler un peu plus longtemps.
Le cas des professions indépendantes
Les indépendants préparent souvent mieux leur retraite que les autres pour une simple raison : ils ne comptent pas sur le régime général, en raison de leurs faibles cotisations. Ils ont donc souvent investi en amont, sur des produits là encore très classiques. L'exemple, à écouter, d'un buraliste.
Retraite : l'exemple d'un buraliste
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Sur notre compte Twitter @FC_Hashtag, quelques témoignages d'agriculteurs, dont une large partie déplore des retraites de misère. Entre épargne, vente ou location de leurs terrains, ou vente de leur outil de production, ils ne comptent pas non plus sur le régime général.
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Certains ont commencé à épargner tôt, d'autres se font du souci (les titulaires de l'allocation adulte handicapé par exemple), d'autres imaginent de vivre plus sobrement pour économiser (se mettre au vélo et cultiver son jardin). Le tout à faire défiler ci dessous :
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