L'Union européenne a entériné l'interdiction du plastique à usage unique à l'horizon 2021. Une victoire pour les défenseurs de la démarche "zéro déchet", qui séduit de plus en plus les consommateurs.
Seriez-vous capable de dire adieu à votre poubelle et de ne remplir qu'un petit bocal de déchets chaque année ? C'est pourtant l'idéal affiché par le mouvement appelé "zéro déchet" qui rassemble de plus en plus d'adeptes depuis plusieurs années. L'une des personnes les plus influentes sur le sujet est sans doute Bea Johnson, une Française expatriée aux Etats-Unis, auteure du best seller Zero waste home, paru en 2013 et traduit en 26 langues. Elle fait aujourd'hui des conférences dans le monde entier pour parler de son mode de vie minimaliste.
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Si ce petit bocal de déchets semble inatteignable pour le commun des mortels, la démarche zéro déchet séduit de plus en plus. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'internautes témoignent de leurs actions dans ce sens.
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Le vrac, pilier de la réduction de déchets
Aline Gubri est blogueuse, conférencière et consultante en Économie circulaire, également l’auteure du livre Zéro plastique, zéro toxique (Ed. Thierry Souccar, 2017). Il y a cinq ans, elle a un déclic après la lecture d'un article à propos de l'impact des déchets sur l'environnement : "J'ai réalisé qu'il y avait un énorme écart entre ma conscience environnementale et mes gestes du quotidien."
J'ai réalisé que les actions environnementales qui étaient dans mes cordes de consommatrice et citoyenne ne se résumaient pas à un don à une ONG ou signer une pétition. Je pouvais faire bien plus que ça, à commencer par mes propres impacts environnementaux dans mon quotidien."
Aline Gubri, consultante en Economie circulaire
Aline Gubri : "J'ai réalisé qu'il y avait un énorme écart entre mes valeurs et mes gestes du quotidien"
9 min
Pilier de la réduction des déchets, le vrac se développe à grande vitesse en France. Les épiceries spécialisées dans la vente en vrac se développent, de même que les rayons vrac dans les magasins bio et même les grandes surfaces. Selon Célia Rennesson, fondatrice et directrice de l'association Réseau Vrac, ces nouveautés répondent à une réelle demande des consommateurs : "On veut que le vrac devienne un vrai réflexe de consommation. Cela veut dire amener du vrac au plus près de chaque citoyen français, sur un maximum de produits." Aujourd'hui, la vente en vrac représente selon l'association plus de 850 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année, contre à peine 100 millions en 2013.
Célia Rennesson, de Réseau Vrac : "Aujourd'hui, la France est le pays le plus développé en matière de vrac"
6 min
Le compost pour particuliers mais aussi professionnels
Autre pan incontournable dans la réduction des déchets ménagers : le compost. De plus en plus de foyers et de municipalités s'engagent pour proposer des lieux de compostage. Mais les professionnels sont aussi de gros producteurs de déchets organiques. Créée il y a un an, l'entreprise Les Alchimistes propose de récupérer ces déchets et de les transformer en compost, grâce à une machine permettant d'accélérer le processus de décomposition. Martin Guinement, chargé de communication, espère atteindre une capacité de "2 100 tonnes par an. Le volume de déchets organiques produits en France chaque année est d'à peu près 12 millions de tonnes__. On est encore loin du compte, mais on espère pouvoir mailler le territoire avec nos composteurs." L'entreprise possède cinq composteurs électromécaniques, dont un, ci-dessous, installé aux Grands Voisins à Paris.
Martin Guinement : Avec le recul, on se rend compte qu'il y a une vraie demande"
6 min
Des transitions plus ou moins radicales
Avec les professionnels, certaines municipalités s'engagent aussi. La ville de Roubaix est particulièrement en pointe sur le sujet, avec le lancement en 2015 du "défi famille". Chaque année, une centaine de familles relèvent le défi de réduire de moitié leurs déchets. Le maire de Roubaix, Guillaume Belbar, explique s'être rendu compte être "arrivé au bout d'un mode de consommation qui générait toujours plus de déchets".
Car une fois la prise de conscience là, la transition se fait de façons et à des rythmes différents selon les citoyens. Habitante de la campagne savoyarde, Alice Carrez parle d'un "changement de vie radical et sans retour" enclenché avec son compagnon il y a huit mois. En très peu de temps, le couple a banni tous les emballages, le plastique, au point de ne plus sortir "aucune poubelle". Ils ont rénové l'isolation et le chauffage de leur maison, réduit tous leurs produits cosmétiques et ménagers (faits maison) au strict minimum, démarré un jardin de permaculture, installé un système de récupération d'eau...
Plus facile par exemple pour un couple sans enfant, un tel changement de mode de vie est plus compliqué pour une famille. Françoise Berric a commencé il y a peu à peser régulièrement ses poubelles et acheter en vrac, composter, etc : "Toute la famille est sensibilisée" promet-elle, même si les évolutions se font plus en douceur.
Le plus jeune a 9 ans et prend vraiment au sérieux le sujet, s'investit, cherche y compris des recettes maison des produits d'hygiène, elle fait attention aux emballages et a un œil averti. La grande de 19 ans mesure moins l'impact de ma démarche (...). Chacun progresse à son rythme."
Françoise Berric
Entre démarche globale et mode consumériste
Le zéro déchet s'inscrit dans un mode de consommation globalement différent : il ne s'agit pas simplement de réduire ses emballages, mais bien de penser sa production de déchets jusqu'à la source. Au delà du produit fini, il s'agit de prendre en compte notamment les matières premières nécessaires à la fabrication d'un objet ou d'un aliment, ou encore le transport. Marine Foulon, de l'association Zero Waste France, explique par exemple que "pour un micro-ondes qui pèse environ 13 kg, il a fallu plus de deux tonnes de matière pour le fabriquer". D'où le "défi rien de neuf" lancé par l'association, qui encourage les consommateurs à acheter le plus possible des objets d'occasions ou reconditionnés.
Marine foulon : "Il y a des réflexes profondément ancrés qu'il faut changer"
3 min
Mais la démarche peut aussi faire peur. Aline Gubri, également conférencière en France et à l'étranger, explique que "le mot "zéro" fait souvent peur. Il faut expliquer que c'est plutôt de la réduction de ses déchets dont il s'agit, pas de leur suppression." La blogueuse prône avant tout la simplicité, loin de l'appel à consommer de certaines marques vendant des objets certes réutilisables, mais hors de prix et souvent superflus. "On a besoin de très peu de choses pour cela", affirme Aline Gubri.
Le recyclage toujours insuffisant
Alors par où commencer ? Marc Chevery, directeur Economie circulaire et Déchets à l'Agence de l'environnement de la maîtrise de l'énergie (ADEME), reconnaît qu'il faut "réduire les déchets à la source, et aller beaucoup plus loin". Mais contrairement à d'autres pays européens ayant mis en place depuis longtemps des systèmes de consigne ou de collecte généralisée des déchets organiques, la France a fait le choix du recyclage avant tout. Si le verre et le plastique sont plutôt bien recyclés, les plastiques ne le sont qu'à 15% tout au plus, estime Marc Chevery. "Il y aura toujours des emballages, donc il faut augmenter la part du recyclage." La France est l'un des plus mauvais élèves européens en la matière : idéalement, l'ensemble des plastiques (barquettes, films, pots de yaourts) devraient être jetés dans les bacs jaunes et recyclés. Or, la filière du recyclage des plastiques n'étant pas suffisamment développée, ces consignes de tri ne sont pas étendues sur tout le territoire, d'où la trop faible part de recyclage.
Marc Chevery : "Il faut augmenter le recyclage, car on n'aura jamais zéro emballage"
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Si l'intérêt des citoyens grandit pour le zéro déchet, le défi reste de taille. Chaque Français produit 573 kg de déchets ménagers et assimilés par an, deux fois plus qu'il y a 40 ans. Le gouvernement a annoncé vouloir atteindre les 100% de plastiques recyclés d'ici 2025.
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