A la découverte du cécifoot, le football pratiqué par les non voyants

Entraînement du TFC cécifoot à Toulouse, en septembre 2014
Entraînement du TFC cécifoot à Toulouse, en septembre 2014 ©Maxppp - Xavier de Fenoyl
Entraînement du TFC cécifoot à Toulouse, en septembre 2014 ©Maxppp - Xavier de Fenoyl
Entraînement du TFC cécifoot à Toulouse, en septembre 2014 ©Maxppp - Xavier de Fenoyl
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Depuis le début de l'Euro 2016, plusieurs démonstrations ont eu lieu. Hakim Kasmi précise les règles de cette discipline à 5 joueurs, qui s’est généralisée au Brésil dans les années 70, puis en Espagne dans les années 80, et qui a mis du temps à s’imposer en France.

Contrairement au foot valide il n’y a pas 11 joueurs mais 5 et le gardien de but est voyant. Les équipes jouent avec un ballon qui a des grelots, ainsi les joueurs peuvent l’entendre et le suivre sans problèmes.
Un ballon qui pour la petite histoire est fabriqué par les prisonniers brésiliens, et distribué gratuitement. C’était une volonté de Pelé, l’ancienne icône du foot, dès qu’il est devenu ministre du sport.

A écouter aussi: Cécifoot, le sens du jeu (documentaire)

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Quant au terrain, il fait 40 mètres de long sur 30 de large, avec des barrière gonflables pour éviter que les joueurs ne se fassent mal.

Du coup, le ballon ne sort pratiquement jamais du terrain. Ce qui donne beaucoup d’intensité pendant les rencontres.

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Sur la touche et derrières les buts, les entraîneurs guident les joueurs.

Des joueurs qui doivent obligatoirement se signaler en disant « voy », traduction de l’espagnol « j’y vais ».

Enfin, sur le plan technique les footballeurs aveugles n’ont rien a envier à leur idoles.

En France, c’est en grande partie grâce à un homme, Julien Zéléla, que le cécifoot est devenu discipline officielle.

Mais, pour y parvenir il a du se battre pendant des années.

Natif du Laurin, en Martinique, et passionné de foot dès son enfance, Julien a perdu la vue à 16 ans. Après avoir décroché son CAPES à la Sorbonne, où il a suivi ses études de musique, il rejoint avec des amis en 1995 le club de Saint-Mandé, en région parisienne.

A l’époque c’est le seule club de cécifoot.

Mais, Julien qui aurait pu devenir footballeur professionnel avant de perdre la vue, rêve d’un vrai championnat avec des équipes.

Pour y parvenir et décrocher des sponsors, il multiplie avec ses amis les démonstrations en France, quitte à payer les déplacements de leurs poches.

Un pari gagnant, car en 1998, comme un signe du destin l’année où la France devient championne du monde, le cécifoot devient discipline officielle avec même une équipe de France.

Pourtant, le combat continue car les joueurs de cécifoot sont loin d’avoir les mêmes moyens et les mêmes conditions que leurs idoles.

En 2002, alors que la France est qualifiée pour la Coupe du monde au Brésil, faute de financement, elle est sur le point de déclarer forfait.

Mais, à quelques jours du départ, c’est Jacques Chirac, président de la République ému par la situation, qui intervient personnellement.

Les Bleus s'envoleront finalement pour Rio.

Depuis, l’équipe de France a décroché des trophées : 2 fois championne du monde et médaillée d’argent à Londres.

Mais le combat de Julien pour trouver des fonds n’est pas terminé. Car, aujourd’hui encore la discipline survit grâce aux bénévoles.

Alors, forcément quant il voit les milliards engagés pour l’euro et les salaires mirobolants touchés par les professionnels, il se dit que le foot qui se veut populaire est parfois loin de l’être.

Ce qui ne l’empêche pas de suivre grâce à la radio l’équipe de France.

La radio sans doute l’une de ses amies les plus fidèles. Puisqu’elle ne le quitte plus depuis ses 5 ans, l’âge à partir duquel il a commencé à perdre la vue.