Anise Postel-Vinay : "Je ne dis jamais ‘entrer en résistance’ car cela me fait penser à ‘entrer en religion’" : épisode • 1/3 du podcast Anise Postel-Vinay, la sur-vivante

Anise Postel-Vinay. Avec l'aimable autorisation des éditions Grasset
Anise Postel-Vinay. Avec l'aimable autorisation des éditions Grasset
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À l'occasion de la panthéonisation, avec Pierre Brossolette et Jean Zay, de Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz aux côtés de qui elle fut déportée le 15 août 1942, Hors-champs spécial en trois parties avec une grande figure de la Résistance, Anise Postel-Vinay .

Lorsque Pétain arrive au pouvoir, elle est « consternée, furieuse, en rage » . Ce dont Anise Postel-Vinay est sûre, c’est qu’elle veut faire quelque chose contre l’occupant. Ironie du sort, elle était étudiante en allemand et aimait beaucoup la poésie et la musique allemande. Elle rêvait d’ailleurs d’être directrice d’une école, mais une école où les élèves ne seraient pas enfermés et surveillés comme dans la sienne : « Quand je suis allée en prison plus tard, cela m’a rappelé mon école. »

"C’est en 1945 que j’ai entendu le mot de résistance pour la première fois"

C’est difficile d'entrer en résistance car personne n'en parle. En 1941, la première expérience de lâcheté – attitude qui a dominé cette période – est lorsqu’elle ne trouve personne parmi ses camarades pour l’accompagner en résistance. « Je ne dis jamais ‘entrer en résistance’ car cela me fait penser à ‘entrer en religion’. Nous avions plutôt un vocabulaire très simple : on disait qu’on faisait quelque chose. »  Le mot résistant n’existait pas : « C’est en 1945 que j’ai entendu ce mot pour la première fois. »

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Un jour, avec un camarade d’université, elle fait le tour de Paris où avaient été installés des bunkers allemands. Elle relève des numéros, des inscriptions et des noms d’officiers : « J’ai été excessivement fière d’apporter ce rouleau de papier à mes chefs. » Un de ses camarades traduit les rouleaux en anglais et un photographe fait des microphotographies pour que cela tienne dans une boîte d’allumettes. Elle a appris bien plus tard que ce camarade traducteur n’était autre que Samuel Beckett.

L'arrestation, la prison, la déportation

Elle est arrêtée en août 1942 au Havre. Un an de prison à Paris, puis à Fresnes. Sur la table de son interrogatoire, un gros dossier avec son nom de code « Danielle, alias Danny, alias Dan ». Son année de prison, dans la plus grande solitude, est une expérience très difficile pour cette jeune femme issue d’une maison pleine de cinq enfants.

Elles sont une quinzaine de femmes à la Gare du Nord, bientôt rejointes par un autre groupe qu’elle aperçoit par la fenêtre du train de la déportation. Parmi elles, une jeune femme qui traîne d’énormes bagages : c’est Germaine Tillion. « Pendant toute cette période de déportation, Germaine allait être un réconfort… »

Anise Postel-Vinay est l'auteure de Vivre, écrit avec la complicité de Laure Adler et Léa Veinstein, aux éditions Grasset. 

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