Annie Ernaux, écrire pour ne pas disparaître : épisode • 3/3 du podcast Annie Ernaux, l'authentique

Annie Ernaux au Festival de Cannes le 23 mai 2002 pour la projection de son film "Les Années Super 8".
Annie Ernaux au Festival de Cannes le 23 mai 2002 pour la projection de son film "Les Années Super 8". ©AFP - Julie SEBADELHA
Annie Ernaux au Festival de Cannes le 23 mai 2002 pour la projection de son film "Les Années Super 8". ©AFP - Julie SEBADELHA
Annie Ernaux au Festival de Cannes le 23 mai 2002 pour la projection de son film "Les Années Super 8". ©AFP - Julie SEBADELHA
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Dernier des trois entretiens de Laure Adler avec l'écrivaine Annie Ernaux pour évoquer son parcours d'écriture et la question de son rapport au temps alors qu'elle dit être entrée dans la mémoire grâce à l'écriture.

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Dans ce troisième et dernier entretien d'"Hors-champs", Annie Ernaux commence par se définir, elle qui n'aime pas qu'on la qualifie d'écrivain.

Ce qu'écrire veut dire pour Annie Ernaux

Etre "un écrivain public" ne lui déplairait pas. "Cela signifierait que j'écris des choses que d'autres n'écrivent pas, mais ressentent".  Pourtant, Annie Ernaux se méfie du statut d'écrivain. "C'est se statufier, quelque part". Elle préfère le terme de "médium". Son écriture est une lutte contre "la disparition", si elle puise ce qu'elle écrit dans la vie réelle, une fois couché sur le papier, cela prend une autre réalité : "Pour moi, c'est la grande justification de l'écriture."

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Annie Ernaux "s'immerge" dans ce qu'elle écrit, coupée du présent, elle se replonge dans ses sensations. La musique tient une grande place. "A chaque fois que j'écris un livre, des chansons m'accompagnent", des films aussi comme La Strada de Fellini au moment de l'écriture de La Place, par exemple.

Elle nous parle de son livre sur sa sœur, morte avant sa naissance, L'autre fille. Un texte qu'elle n'avait "pas prévu d'écrire" et qui l'a convaincue du "miracle" de sa propre survie. Annie Ernaux évoque aussi le cancer qu'elle a eu, qu'elle n'a pu décrire qu'à travers "l'amour", la rencontre amoureuse car "la mort ne pouvait pas me voler ces instants-là". Ainsi dans L'Usage de la photo, elle interroge le lien entre la photo, l'amour et la mort.

L'écriture comme nécessité pour vivre

Elle revient sur son processus d'écriture, sur son combat pour les femmes, sur ses passions, sur la solitude… Elle n'a plus peur de vieillir. "Je pense que c'est une chance de vieillir. C'est une accumulation d'expériences, de mémoires". Mais sans l'écriture, il n'y aurait pas "autant de mémoire". En écrivant Les Armoires vides elle dit être "entrée dans la mémoire pour n'en plus sortir".

Il lui semble qu'elle ne peut pas juste vivre, il lui faut écrire, c'est une "nécessité". Et c'est aussi "une ascèse" qu'elle essaye de pratiquer chaque matin, "sinon la journée n'est pas terrible" mais cela reste toujours un mystère pour elle, l'écriture.

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