Cees Nooteboom: "J’ai toujours eu l’impression qu’avec la guerre, ma jeunesse a disparu"

Cees Nooteboom
Cees Nooteboom - Samuel Bernard Blatchley
Cees Nooteboom - Samuel Bernard Blatchley
Cees Nooteboom - Samuel Bernard Blatchley
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La vie de l’écrivain-voyageur néerlandais Cees Nooteboom suit celle du continent européen et sa construction. Romancier, chroniqueur, philosophe et poète, il s’entretient avec Laure Adler.

Cees Nooteboom n’a pas gardé de souvenirs de son enfance : « J’ai une théorie là-dessus. Le 10 mai 1940, il y avait un bombardement derrière notre maison, avec des avions de guerre allemands. Mon père avait mis un fauteuil sur le balcon pour regarder tout cela, comme si c’était un spectacle de théâtre. Moi je tremblais, j’avais six ou cinq ans et je tremblais, je tremblais… J’ai toujours eu l’impression qu’avec la guerre, ma jeunesse a disparu. »

Né en 1933, Cees Nooteboom est un enfant de la guerre, mais de l’Europe aussi, que sa littérature célèbre à travers ses récits de voyages, depuis les Pays-bas jusqu’à l’Espagne en passant par l’Europe. « L’Europe, c’est la seule solution. Mais elle est en danger momentanément».

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Pendant son adolescence, Cees Nooteboom, va d’école en école : « En 1948, ma mère s’est marié avec un monsieur très catholique et ils m’ont mis dans des écoles monastiques. On y apprenait le grec, le latin, les lettres modernes et le reste. (…) Moi je me sentais très bien là, finalement un peu d’ordre ! Mais ils m’ont toujours mis dehors. Les autres garçons dans ces écoles étaient des garçons de bonnes familles, tandis que moi je venais d’une famille divorcée. »

Après avoir été exclu de nombreuses écoles, Cees Nooteboom abandonne les études à 17 ans. Là, il commence à travailler. De « stupides travaux de bureaux », se souvient-il. Puis il décide de partir seul et entreprend de nombreux voyages en autostop à travers l’Europe et l’Asie. Cette première aventure aboutit à son premier récit de voyage : « Philippe et les autres », qu’il publie en 1955.

Autodidacte, celui qui sera bien plus tard élu membre de l’académie des arts de Berlin en 1992 commence alors la carrière d’un écrivain prodigue dont l’œuvre constituera un hommage vibrant à la rêverie, à l’errance mais aussi à l’Europe et à son unification…