- Deniz Gamze Ergüven réalisatrice
Laure Adler s'entretient avec Deniz Gamze Ergüven , cinéaste

Le 13 juin 1998, Deniz Gamze Ergüven a un déclic : elle sait qu’elle veut devenir réalisatrice. Cela se produit au cours d’une sieste, alors qu’elle est à moitié réveillée. Elle a soudainement l’envie forte de raconter une histoire, puis d’en faire un scénario, alors même que ce désir de cinéma ne s’était jamais révélé avant cela.
Petite, elle rêve plutôt de devenir architecte. Etudiante, elle se dirige ers un cursus de lettres et d’histoire, et se spécialise dans l’histoire africaine. Ce qu’elle veut, c’est simplement étudier des choses qui l’intéressent : « c’était une arborescence de curiosités » .
Deniz Gamze Ergüven naît en Turquie. Elle passe toute son enfance entre Paris et Ankara. La première fois qu’elle vient en France, elle a six mois. Censée rester quelques mois, la famille s’installe pour quatre ans. Avec un père diplomate « on n’a jamais suivi ce qu’on avait planifié. » Elle revient en France à la fin des années 1980 et y est restée. Aujourd’hui, elle se sent à la fois française, turque et américaine. « Quand je m’approprie un lieu, je m’approprie aussi ses histoires très intensément. »
Dans son dernier film, Mustang , elle suit la vie de cinq jeunes filles, cinq sœurs dans la Turquie contemporaine, qui subissent de plein fouet cette société patriarcale qui les enferme dans un rôle traditionnel qu’elles refusent. Pourtant, la réalisatrice récuse l’étiquette de « cinéma militant » : « J’essaye de ne pas faire entrer quelque chose de militant ou de l’ordre du discours dans le film, du moins, ce n’est pas comme ça que je me le raconte. » Elle explique plutôt que la Turquie est un pays double : à la fois extrêmement vivant, jeune et fougueux où tout peut arriver, et en même temps un pays avec beaucoup de problèmes.
C’est avec beaucoup de grâce et de tendresse que Deniz Gamze Ergüven dépeint la vie quotidienne de ces jeunes filles, des situations qu’elle a vraiment vécues ou que des proches lui ont racontées, notamment la première scène dans laquelle les filles se font sévèrement punir pour avoir innocemment joué avec des garçons à la mer.
Et pourquoi Mustang ? « Ces filles sont comme des chevaux sauvages, leurs longs cheveux qui s’agitent dans le vent, ce sont des êtres épris de liberté… »
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